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jeudi 12 juin 2014

La SAQ serait-elle en train de se saborder?


Note: Ce texte a aussi été publié le 12 juin 2014 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Et si toutes les très contestables décisions prises par la SAQ au cours des dernières années avaient pour principal dessein de décevoir sa clientèle afin que petit à petit celle-ci en vienne à souhaiter et à exiger son démantèlement?

Car avec la présence du puissant syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ, il est difficile d'imaginer un changement de statut important du monopole sans que celui-ci n'émane de la volonté d'une majorité de la population. Il peut alors être tentant de manipuler celle-ci dans ce sens.

Comme dit le dicton,  Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage. La détérioration rapide des dernières années de la situation générale qui prévaut à cette société d'état serait ainsi selon cette hypothèse, voulue et planifiée.

Comme vous le découvrirez au cours de la lecture de ce billet, cette théorie est loin d'être saugrenue et mérite toute notre attention. Depuis un an, je croyais être le seul à réfléchir à cette possibilité mais je me trompais.

J'ai en effet lu un article fort intéressant publié le 3 juin dernier dans Le Quotidien, un média du Saguenay, intitulé "Qui veut donc tuer la SAQ?" Il a été écrit par madame Myriam Ségal que je ne connaissais pas auparavant, qui a fait des études en journalisme et en économie et qui œuvre dans le domaine des communications depuis trente ans. 

Je vous exhorte à prendre deux minutes pour le lire car vous n'en verrez pas beaucoup dans le genre.

Les journalistes remplissent-ils bien leur rôle?

Pour l'une des rares fois, on a affaire ici à une journaliste qui non seulement a pris le temps de bien faire ses devoirs mais qui ose dans un même souffle poser des questions très pertinentes et percutantes. Chapeau chère madame! Cela fait changement de la paresse, voire de la grande complaisance que la plupart des médias font preuve en général lorsqu'il est question de la Société des alcools du Québec.

Heureusement cela change peu à peu. J'en veux pour preuve la manière dont le journaliste de Radio-Canada, Michel C. Auger, lors de son émission Le 15-18 du 23 mai dernier, a poliment mais fortement insisté pour que l'un des relationnistes du monopole réponde clairement à ses questions sur l'important virage marketing annoncé la veille par la SAQ. Une pièce d'anthologie à écouter.

C'est un signe évident que certains journalistes professionnels en ont marre de se faire dire n'importe quoi par le monopole. Bravo à M. Auger et souhaitons que cela incite les autres journalistes à faire adéquatement leur travail qui est essentiellement de poser les bonnes questions et non de se contenter de publier les réponses toutes faites qu'on leur débite.

Évaluation du chemin parcouru

J'ai toujours eu et j'ai toujours le plus grand respect pour l'intelligence des membres de la haute direction de la SAQ. Je n'ai aucun doute à ce sujet. Je suis un client assidu du monopole depuis plus de 35 ans. J'ai vu l'évolution et l'amélioration de l'offre et de la qualité des produits tout au long de cette période alors qu'elle répondait parfaitement aux attentes de sa clientèle et ce, jusqu'à il y a 3-4 ans environ.

On peut dire qu'en 2010-2011 environ la SAQ avait alors atteint le sommet de son art, trouvant un équilibre parfait entre son devoir d'offrir aux consommateurs une offre de produits variés, de belle qualité, dans toutes les gammes de prix, et son obligation de remplir des commandes de dividendes de plus en plus élevés au gouvernement du Québec.

Mais depuis quelque temps déjà, seuls les prix des produits sont à la hausse. Tout le reste, soit le nombre total des vins de son répertoire, les vins de moins de 15$ qui sont les plus populaires, la qualité générale des nouveaux produits, le service à la clientèle et surtout les profits, sont à la baisse!

Le lecteur pourra avoir un meilleur aperçu de la présente et future débâcle financière en consultant mes prévisions financières pour le monopole.
 
On ne peut rêver de meilleur scénario pour créer une tempête parfaite qui pourrait servir à justifier la nécessité d'apporter des changements drastiques à cette société d'état dans un proche avenir et ce bien sûr, sans discussion ni débat.

On a ainsi au Québec des ''choix de société" sur lesquels personne ne se souvient n'avoir jamais eu l'occasion de se prononcer.

La thèse du sabordage

La question la plus importante est celle-ci : est-ce que ce scénario de tempête de parfaite que j’évoquais tout à l’heure et qui se déroule sous nos yeux a été créé de toutes pièces?

Si on prend pour acquis que les administrateurs du monopole sont aussi intelligents et compétents qu'auparavant, on n'arrive nullement à comprendre selon quelle logique financière viable on a pris autant de décisions suicidaires à long terme pour cette entreprise, comme celle par exemple d'éliminer les produits d'entrée de gamme les plus populaires. Vous aurez beau revirer ça dans tous les sens, cela demeurera tout à fait incompréhensible.

Par contre, si on revoit l'ensemble de ces mêmes décisions à la lumière de l'hypothèse que l'on chercherait à modifier en profondeur, voire à privatiser en douce notre monopole, tout semble alors s'éclaircir. Prenez le temps d'y penser trente secondes. Vous serez alors troublés de constater que cette thèse semble expliquer presque à elle seule tout ce qui vous semblait jusqu'alors confus, illogique et contradictoire.


Car il ne faudrait que quelques personnes stratégiquement bien placées pour faire dérailler les choses. La SAQ est vous vous doutez bien, un gros paquebot bureaucratique. On adopte officiellement de nouvelles méthodes et de nouvelles politiques et toute la machine se met alors à les appliquer sans poser de questions.

Cette hypothèse en vaut bien une autre et nous ferions bien de la garder tous en mémoire. 

Le loup pourrait être dans la bergerie

Si vous relisez tout ce que j'ai écrit dans le passé, j'ai toujours dit que les mauvaises décisions des 3 dernières années pourraient être rapidement corrigées sans nécessairement tout détruire, en autant qu'on le veuille bien évidemment. Ma première alternative de solution a toujours été de réformer la SAQ, pas de la faire disparaître.

Se pourrait-il que je sois finalement l'un des véritables défenseurs de cette société d'état, celui qui souligne ses travers en vue de son perfectionnement, alors que les véritables ennemis se trouveraient à l'intérieur? 

Si tel est le cas, on peut aussi se demander si le gouvernement participe ou non à cette manœuvre ou encore s'il n'existerait pas d'autres acteurs extérieurs qui agiraient de concert avec certaines personnes à l'interne afin de profiter ultérieurement d'une situation qu'ils auraient eux-mêmes créée. Il y a des milliards de dollars en jeu, assez pour susciter beaucoup de convoitise.

Il est important de préciser que je n'accuse ici personne spécifiquement. Je ne fais qu'examiner avec vous si une hypothèse donnée tient la route. À la lumière de ce que l'on connaît à propos de l'évolution de ce monopole, on est quand même en droit de se livrer collectivement à cette réflexion.

Seule une enquête indépendante approfondie permettrait sans doute de faire toute la lumière à ce sujet. Par contre, si le gouvernement participe à ce scénario, une telle enquête a peu de chances de voir le jour.

Est-ce volontaire ou pas?

Évidemment, le simple fait d'avancer cette hypothèse ne prouve pas son existence. Mais je prierais de vous rappeler que lorsque l'on ne manquera pas de vous clamer haut et fort que tout ceci est sans fondement, cela ne prouvera pas non plus que tout ceci n'est pas exact.

Et si ceci ne correspond pas à la réalité, il n’est guère plus rassurant de penser que la débâcle actuelle aurait été causée par de la gestion à très courte vue, de l’aveuglement volontaire, pour ne pas dire, n’ayons pas peur des mots, une certaine incompétence.
 
Une personne avertie en vaut deux

Bien que ceci demeure pour le moment une hypothèse, je me devais toutefois de vous en faire part pour que soyez conscients que cette possibilité existe afin que l'on ne puisse à votre insu vous influencer.

C'est pourquoi je vous demanderais de demeurer éveillés et vigilants à cet égard. Une population curieuse et bien informée est plus difficilement manipulable.

Si vous tenez cette hypothèse comme non plausible, je vous prierais alors de me donner une autre raison qui expliquerait encore mieux que celle-ci toutes les très nébuleuses décisions du monopole, surtout depuis les deux dernières années.  Y a-t-il seulement moi et madame Myriam Ségal pour oser y songer? J'espère que non. Je lui laisse d'ailleurs le mot de la fin:

Du fond de ma paranoïa, je me demande ce que la SAQ ferait si elle voulait être privatisée, sinon délaisser sa formule gagnante, décevoir et choquer le contribuable et sa clientèle, dédaigner les souhaits de celle-ci et réduire son offre...

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Vins blancs

1 commentaire:

  1. Quand la capacité de payer des contribuables baisse à cause de la faiblesse de l'économie, c'est une erreur d'augmenter les prix à la caisse avant de réduire les coûts d'opération de la SAQ... Les sacrifices c'est pour les autres!

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