Le Château de Beaucastel de la famille Perrin

Une dégustation de 7 cuvées issues de 3 des vins de ce domaine réputé de la vallée du Rhône sud.

C'est en 1909 que Pierre Tramier reprend le domaine de Beaucastel, bien avant que l'appellation Châteauneuf-du-Pape, la première des AOC de France, ait vu le jour en 1936.

Il le transmet ensuite à son gendre, Pierre Perrin, homme de science qui donne son essor au domaine, essor amplifié par Jacques Perrin qui donne tout son lustre à Beaucastel jusqu'en 1978.

Aujourd'hui le flambeau est entre les mains de Jean-Pierre et François, les fils de Jacques Perrin. Marc, Pierre et Thomas, qui représentent la cinquième génération, sont déjà prêts à prendre la relève.

Cette région de la vallée du Rhône reçoit du soleil plus de 300 jours par année. Le mistral, un vent qui souffle du nord vers le sud, y est présent environ 100 jours durant l'année. 

Avec de telles conditions, il n'est pas étonnant que Jacques Perrin, un homme de science, amorce dès 1962 la culture de son vignoble en agrobiologie. Il aimait d'ailleurs dire qu'il valait mieux être en bonne santé, qu'essayer de ne pas être malade.

Ce producteur cultive sur 100 hectares d'un seul tenant, les 13 cépages autorisés de l'appellation Châteauneuf-du-Pape, qu'il utilise à sa guise, seul comme en assemblage. La famille s'approvisionne avec 200 autres hectares qu'elle possède ou dont elle achète le raisin de d'autres vignerons.

On retrouve dans sa gamme plus d'une douzaine d'appellations de la vallée du Rhône.

C'est le 17 novembre dernier que j'ai rencontré en compagnie de plusieurs autres collègues, Thomas Perrin, représentant de la 5e génération au Château de Beaucastel, lors de son passage à Montréal. La dernière fois que j'ai eu l'occasion de le rencontrer remontait à son passage à l'évènement Montréal Passion Vin, le 10 novembre 2017.

7 vins étaient au programme pour la dégustation de novembre dernier. Celle-ci a débuté avec 4 vins en AOC Côtes-du-Rhône, soit les cuvées Nature en blanc (2021) et en rouge (2020), les Coudoulet de Beaucastel en blanc (2020) et en rouge (2019), suivi de 3 millésimes (2013, 2014 et 2019) du Château de Beaucastel en appellation Châteauneuf-du-Pape.

Cet exercice a permis à chacun des participants de s'apercevoir que tous les vins de la famille Perrin en offrent beaucoup pour le prix demandé.

Pour les fins du présent article, nous nous pencherons plus spécifiquement sur 3 des vins de la maison (voir première photo ci-dessus).

Les deux premières cuvées sont en AOC Côtes-du-Rhône. Bien que le vignoble de 100 hectares du Château de Beaucastel soit d'un seul tenant, 70 hectares sont en appellation d'origine contrôlée Châteauneuf-du-Pape, et 30 hectares en AOC Côtes-du-Rhône. Ces deux appellations sont séparées par l'autoroute A7 et leurs terroirs ont quelques caractéristiques communes, dont la présence de galets roulés. C'est pourquoi plusieurs considèrent les cuvées de Coudoulet comme des bébés de Beaucastel.

Coudoulet de Beaucastel (rouge), Côtes-du Rhône, Famille Perrin, 2019, France

Cépages:  40% Grenache, 30% Mourvèdre, 20% Syrah, 10% Cinsault
Code:        # 973222
Prix:          31,25$
Alcool:      14% 
Sucre:       2,4 gr/litre

Culture:   Agrobiologique 

Servir:      16° Celsius 
Carafe:     20 min.
À boire:    2023-2027

Après la vendange manuelle et le tri à la cave, la vendange en grains entiers est chauffée à 80° C puis refroidie à 20° C. Les baies macèrent ensuite pendant 12 jours en cuves de béton. Chaque cépage est vinifié séparément. Après l'assemblage et la conversion malolactique, le vin est élevé en foudres de chêne pendant 6 mois.

Arborant une robe rubis légèrement soutenue parsemée de quelques reflets violacés, ce vin dispense de subtils parfums floraux, ainsi que des arômes de fruits rouges et noirs, enrichis de fines notes boisées et épicées. En bouche, l'ensemble s'avère frais et fruité, démontrant un profil texturé et moyennement corsé. Finale de bonne longueur. Il constituera un bon compagnon des viandes rouges et blanches rôties ou grillées.

Inventaire: au 4 janvier 2023, 

dans 125 succursales du Québec. (millésime 2020)

Côtelette de porc aux fines herbes, sauce moutarde

Coudoulet de Beaucastel (blanc), Côtes-du Rhône, Famille Perrin, 2020, France

Cépages:   30% Bourboulenc, 30% Viognier, 30% Marsanne, 10% Clairette

Code:         # 449983
Prix:            34,50$

Alcool:       13%
Sucre:        1,8 g/litre

Culture:    Agrobiologique

Servir:       10-12° Celsius
À boire:     2023-2025

Après la récolte à la main et le tri à la cave, les baies sont délicatement pressées et le moût clarifié par la suite. La fermentation alcoolique se déroule en partie en fûts de chêne et en partie en cuves inox. L'élevage dure 8 mois dans les mêmes types de contenants. Après l'assemblage, on procède à la mise en bouteille.

Revêtu d'une brillante robe jaune doré clair, ce vin fait émaner hors du verre des notes de fleurs blanches et jaunes, ainsi que des parfums d'abricot, de poire et de pêche mûre, ainsi qu'une pointe citronnée. Avec son léger gras en milieu de bouche et ses juteuses saveur de fruits blancs mûrs, ce vin des plus gourmand et sensuel n'est pas sans quelque peu rappeler les vins blancs de Châteauneuf-du-Pape. Un délice!

Inventaire: au 4 janvier 2023, dans 20 succursales du réseau.

Filet de doré amandine
Crédit-photo: chef Jacques Juneau

Château de Beaucastel, Châteauneuf-du-Pape, 2019, France

Cépages:  30% Grenache, 30% Mourvèdre, 15% Counoise, 10% Syrah, 5% Cinsault, 15% Vaccarèse, Terret Noir, Muscardin, Clairette, Picpoul, Picardan Bourboulenc, Roussanne
Code:        # 15033930
Prix:          95,00$
Alcool:      14,5% 
Sucre:       2,3 gr/litre

Culture:   Agrobiologique 

Servir:      16-17° Celsius 
Carafe:     30-45 min.
À boire:    2023-2035

Peu de producteurs de Châteauneuf-du-Pape utilisent, à l'instar du château de Beaucastel, les 13 cépages autorisés pour cette appellation. Plusieurs considèrent cette cuvée comme faisant partie des plus grands vins de France. Dans le classement 2022 du TOP 100 du Wine Spectator, il occupe la 7e place. (voir ici)

Les cépages sont vendangés séparément manuellement et vinifiés soit en cuves de chêne ou de béton. Après la conversion malolactique, on procède à l'assemblage, puis le vin est vieilli en foudres de chêne durant un an.

Drapé d'une robe rubis de moyenne intensité et subtilement violacé, ce vin propage dans l'air des arômes élégants de framboise, de mûre et de prune, de réglisse et d'olive noire, entrelacés de notes de garrigue. La maison a toujours opté pour un style sur la fraîcheur et la souplesse, ce qui confère à ce vin beaucoup d'élégance. Bonne persistance gustative. Un vin encore bien jeune qui aura une belle évolution en bouteille.

Inventaire: au 4 janvier 2023, dans 10 succursales du Québec.

Bavette de boeuf au poivre noir

Voici mes commentaires au sujet des deux millésimes plus âgés de ce vin:

2013: Où l'on s'aperçoit que ce type de vins ne se révèlent vraiment qu'après plusieurs années. Celui-ci, âgé de 9 ans, affiche une coloration dans laquelle on retrouve de légers reflets grenat. Les arômes sont plus volatiles, agrémentés de subtiles notes tertiaires. On y retrouve beaucoup de finesse en bouche et de saveurs très nuancées. Bonne longueur en finale.

2014: Doté d'une robe à peine plus soutenue que le vin précédent, ce vin propose un bouquet plus présent composé d'une touche de fruits noirs et de cuir, enrichis de belles et invitantes notes tertiaires. Les tanins sont complètement fondus à l'ensemble, entraînant une grande souplesse. Belle complexité et très longue finale accentuée par de la rétro-olfaction. Digne du Club des Dégustateurs de Grands Vins!