Google Translate

Bienvenue sur ce site gratuit, indépendant et sans publicité, sur les meilleurs vins du monde entier

TOUTE la vérité et RIEN que la vérité!

100% écrit par un humain

NOTE: En poursuivant cette lecture, vous déclarez avoir l'âge légal requis dans votre pays pour consommer de l'alcool.



À propos de ce blogue | Qui sommes-nous? | L'auteur

Rechercher sur ce blogue

jeudi 17 octobre 2024

Château Ramafort, Les Domaines C.G.R., Médoc, Cru bourgeois, 2016, France


Cépages:    50% Cabernet Sauvignon, 50% Merlot
SAQ #:        608596 
Prix:            24,00$
Alcool:        14%
Sucre:         2,5 gr/litre 
Servir:        17° Celsius
À boire:      2024-2029

Provenance: échantillon reçu




Selon le site internet du producteur:

Le Château Ramafort est une des six propriétés faisant partie d'une société appelée Vignobles CGR. Toutes sont situées dans le Médoc telles La Cardonne et Grivière qui sont, tout comme Ramafort, des crus bourgeois.




Ces domaines qui comptent plus de 125 hectares de vignes ont tous en commun une même cave, la plus vaste du Bordelais, creusée récemment et qui a reçu le surnom de Cathédrale. Y vieillissent tranquillement toutes les cuvées élaborées les Domaines C.G.R., avec des vins des 10 derniers millésimes! 

Propriété pendant 40 ans de la famille Lafite-Rothschild, puis de la famille Charloux à partir des années 90, les Domaines C.G.R. ont été acquis en 2016 par la famille Huang qui en a conservé toute l'équipe.




Ils partagent aussi les mêmes équipes, les mêmes exigences et les mêmes techniques, pour élaborer des Cru Bourgeois qui se vendent à travers 40 pays et que la presse spécialisée a souvent distingués.

L'histoire du domaine du Château de Ramafort comporte plus de 8 siècles puisque l'on y retrouve un joli château du XIIIe siècle.





Son vignoble compte 36 hectares où les vignes de Cabernet Sauvignon et de Merlot sont plantés sur des sols diversifiés (argile, sable, cailloux et calcaire), conférant complexité et élégance à son vin.




Le vin mentionné en titre est sporadiquement présent au Québec depuis plus d'une vingtaine d'année. Cependant des milliers d'amateurs de vins classiques et âgés ignorent toujours son existence.

Après des vendanges mécaniques et une vinification parcellaire et peu interventionniste menée à des températures de 27°-29° Celsius, les 16 mois d'élevage se déroulent dans les immenses caves du groupe, avec une moitié de barriques neuves et les autres vieilles d'un vin. 




Le producteur évalue que le millésime 2016 de ce vin est supérieur à celui de l'excellent millésime 2015.

Bonne nouvelle: ce vin faisant dorénavant partie de la catégorie des vins en approvisionnement continu, il sera maintenant beaucoup plus facile de mettre la main dessus.


Possibilité d'accord

Filet mignon, sauce crémeuse aux champignons et au cognac


Notes de dégustation:

J'ai dégusté par le passé plusieurs des millésimes de ce château et je considère celui-ci comme le plus achevé et accompli.

D'une bonne coloration rubis profond où quelques reflets grenat commencent à poindre au travers du voile violacé, ce vin émane de discrètes notes tertiaires (champignons, humus, feuilles mortes) entremêlés de fruits noirs (prune, cassis) et de fines notes épicées. Il s'avère d'une grande souplesse en bouche et livre un profil équilibré et élégant. À mi-chemin les saveurs fruitées et les notes d'évolution. Distinguée et fraîche finale délicatement épicée et herbacée.

Comparable de par sa qualité et le plaisir qu'il offre à plusieurs vins bordelais de plus de 30$.

Prêt à boire, il pourra également se bonifier encore plusieurs années en cave. Appréciez-le sur des viandes savoureuses (boeuf, canard, autruche, bison, gibier) nappées de sauces goûteuses.

Inventaire: au 18 octobre 2024, dans 79 succursales du Québec.


Steak d'autruche, sauce moutarde
Source: www.saq. com






mercredi 16 octobre 2024

Chardonnay Organic, Cono Sur, 2023, Chili


Cépage:    100% Chardonnay
SAQ :      13728885
Prix:           15,80$
Alcool:      13,5%
Sucre:       3,6 gr/l
Culture:    Agrobiologique
Servir:      10-12°  Celsius
À boire:    2024-2025

Provenance: échantillon reçu





Selon le site internet de l'agence:

''Cono Sur a été créée en 1993. Son nom et son logo rappelle la situation géographique du Chili, celui-ci étant situé à la pointe sud de l'Amérique du Sud. Une technologie moderne, des vins de première qualité et une production faite dans le respect de l'environnement sont les trois piliers de la philosophie de cette maison. Toujours à l'affût des meilleurs terroirs pour chaque variété de raisins, Cono Sur diversifie ses sources du nord au sud du pays."




À l'aide de ses 1,400 hectares de vignes répartis dans 7 vallées du Chili, le répertoire de ce producteur compte plus de 50 cuvées réparties en 8 gammes distinctes. 

On retrouve au Québec, 13 de leurs produits, la grande majorité sous la barre des 20$ et parfois même en deçà des 15$  (voir ici).




Remarquons que tous les vins bios de ce producteur arborent une bicyclette sur leurs étiquettes afin de rendre hommage aux employés qui, pour réduire l'empreinte carbone de leur travail, se déplacent en bicyclette plutôt qu'en véhicule moteur.




Cette maison fait partie du groupe chilien Concha y Toro. Créée en 1993, celle-ci s'est dirigée vers l'agriculture biologique et biodynamique dès 1998.

 


Les nombreux amateurs de ce vin doivent prendre en note que son étiquette a été récemment revisitée.


       Avant                                 Maintenant

Les raisins bios de Chardonnay de la cuvée mentionnée en titre proviennent de différents vignobles qui ont été vendangés 50% manuellement et 50% à la machine.


Crédit-photo: Sarah Mongeau-Birkett (lapresse.ca)

Après la vendange et un doux pressurage, les jus fermentent en cuve inox à température contrôlée. Le vin est ensuite élevé de 6 à 12 mois environ, dans le même type de contenant.

NOTE: Son prix qui était de 16,15$ il y a exactement un an, a maintenant diminué de 0,35$.


Possibilité d'accord

Fettucine aux moules et aux palourdes


Notes de dégustation:

Déguster cette cuvée de Chardonnay vous fera réaliser l'impact d'un climat frais sur le profil d'un vin qui en est issu.

Il se dévoile à l'œil habillé d'une brillante robe jaune doré clair parsemé de légers reflets verdoyants. Son bouquet fait émaner hors du verre un léger parfum de fleur d'oranger, ainsi que des notes d'ananas, de poire et de miel, émaillés d'un soupçon de roche mouillée. Sa belle acidité livre une grande fraîcheur en bouche, en faisant un vin léger et désaltérant. Une bienvenue rondeur vient caresser le palais en milieu de bouche. Finale nette et précise.

Un vin aux saveurs ciselées dans le minéral qui le propulse vers l'avant.

Les coquillages et les crustacés, les poissons de mer et de rivière, les plats végés et les salades repas lui réserveront le meilleur accueil.

INVENTAIRE: au 17 octobre 2024, dans 108 succursales du réseau.



Salade de tomates, pommes de terre, avocat, coriandre et lime






mardi 15 octobre 2024

Rosumarinu, Domaine Sant'Armettu, AOC Corse Sartène, 2023, France


Cépage:     100% Sciaccarellu
SAQ #:        15311899 (nouveau!)
Prix:            34,00$
Alcool:       13,5%
Sucre:         Non mesuré par la 
SAQ*
Culture:    Agrobiologique
Servir:       14-15° Celsius
À boire:     2024-2026

Provenance: échantillon reçu

*Autour de 2  g/litre selon mon palais




Le domaine viticole de Sant'Armettu fondé en 1964 par Lucien Seroin et son fils Paul, se situe dans la région de Sartène, au sud-ouest de la Corse surnommée l'île de Beauté.

Le nom du domaine réfère à un ermite passionné qui vivait jadis dans la région. Il était passionné par les plantes et avait le don de guérir.




La Corse est une île montagneuse et la plupart des vignobles qui totalisent moins de 6,000 hectares, se trouvent le long des côtes. On y retrouve:

⏩ 1 appellation régionale: Vin de Corse

⏩  5 appellations Villages: Coteaux du Cap Corse, Porto Vecchio, Figari, Sartène et Calvi

⏩  2 appellations locale: Ajaccio et Patrimonio

⏩  1 appellation de Vin Doux Naturel: Muscat du Cap Corse

De nos jours, cette entreprise est gérée par Gilles Seroin qui a succédé en 1996 à son père Paul, secondé par son fils Guillaume et sa fille Jeanne.


Paul, Gilles, Guillaume et Jeanne Seroin

Le vignoble compte 40 hectares situés près de l'océan et au pied des montagnes aux sols granitiques, ainsi que plus éloignés dans les terres au sous-sol argileux, dans la vallée de Tizzano.

Y sont plantés plusieurs cépages ancestraux de la Corse, tels le Sciccarellu, le Rimenese, le Genovese, le Biancu Ghjentile, le Minustellu, ou encore l’Aleaticu, lesquels côtoient les Vermentino, Grenache, Syrah, etc.




Voici une courte vidéo montrant de belles images de ce domaine et de ces vignobles.




Le répertoire de la maison compte une quinzaine de cuvées de vins tranquilles dans les trois couleurs.




Le vin mentionné en titre est uniquement élaboré avec le cépage SciaccarelluSon nom provient de l'adjectif sciacca qui évoque le caractère croquant de ce raisin dont la peau flétrit dès qu'il est mûr.

Pour le moment, c'est la seule cuvée de ce producteur élaborant de vins originaux à avoir été référencée au Québec.




Cette cuvée est issue de vignes cultivées en bio, provenant des coteaux du golfe de Propriano et de Tizzano, composés d' arènes granitiques. Son nom (Rosumarinu) signifie Romarin en corse.




Pour son tout premier arrivage au Québec, une petite commande fut placée.

Après la vendange, on procède à l'égrappage et au tri des grappes. Après une pré-fermentation à froid, on vinifie en cuves inox sans sulfites ajoutés, avec de doux pigeages pour une extraction douce.

Ce vin est non filtré.


Possibilité d'accord

Échine de porc au jus de palourdes


Notes de dégustation:

Un vin s'adressant surtout aux personnes n'ayant pas trop peur de s'aventurer hors des sentiers balisés.

Il affiche une robe rubis passablement translucide, et très subtilement violacée. Son bouquet libère d'évidentes notes florales, ainsi que des arômes évoquant la fraise et la framboise, saupoudrés de poivre blanc. La bouche suit, légère et fruitée, mais avec une certaine intensité. Il s'y dévoile de belles saveurs fruitées et légèrement épicées. Finale droite et précise sans être trop mordante.

Un vin de soif imprégnée de gourmandise et bâti sur l'équilibre.

Doté d'un profil polyvalent, ce vin à servir plutôt frais que chaud, se complaira aux charcuteries, aux volailles rôties et aux viandes blanches grillées, ainsi qu'aux fromages peu relevés.

INVENTAIRE: au 16 octobre 2024, dans 28 succursales du Québec



Poulet et chorizo, façon jambalaya







lundi 14 octobre 2024

Assyrtiko, Voila, Lyrarakis, Crête IGP, Heraklion, 2023, Grèce


Cépage:    100% Assyrtiko
SAQ #:     11996333
Alcool:     13,5%
Sucre:      1,6 gr/l
Prix:         19,50$
Servir:     10-12° Celsius
À boire:   2024-2027

Autre: produit végétalien

Provenance: échantillon reçu




L'île de Crête, qui est la plus méridionale de la Grèce et aussi celle dont la superficie est la plus imposante de l'archipel de ce pays, a connu une histoire mouvementée. Elle a été à tour de rôle sous domination grecque, romaine, byzantine, vénitienne, et ottomane (arabe - de 1669 à 1913). Elle ne fait donc officiellement partie de la Grèce moderne que depuis 1913.

Signalons la présence sur cette île d'une série de massifs montagneux plutôt élevés, dont le plus haut sommet culmine à plus de 2,200 mètres.  Son substrat géologique est majoritairement calcaire.




Cette particularité permet d'établir des vignobles en altitude permettant ainsi aux vignes crétoises de bénéficier d'une certaine fraîcheur dans ce climat qui est le plus chaud de ce pays. La production vinicole de cette grande île que j'ai visitée à deux reprises, représente environ 15% de la production totale de la Grèce.

Le domaine Lyrarakis a démarré ses activités en 1966. Toute la production était alors vendue en vrac.



 
En plus des raisins récoltés dans les vignobles que possèdent ce producteur, on achète ceux d'environ 126 fournisseurs locaux avec lesquels on fait affaire depuis longtemps et qui produisent selon les normes établies par la maison.

Avec l'arrivée de la deuxième génération aux commandes, on a commencé en 1992 à embouteiller plusieurs vins à la propriété. On était confiant que la qualité des produits pouvait rivaliser avec celle qui prévalait à l'international. Et avec raison.

Le vignoble qui appartient en propre au domaine compte environ 14 hectares. Il est situé au nord du petit village d'Alagni à une altitude de 470 mètres et plus. Les sols, à l'image de l'île, sont majoritairement composés d'argile et de roches calcaires, tel qu'on peut le voir sur la photo de droite ci-dessous.




L'une des caractéristiques les plus intéressantes à mon point de vue au sujet du domaine Lyrarakis c'est qu'au moins une dizaine de ses vins sont élaborés avec uniquement un seul cépage. Ces vins de type monocépage permettent vraiment de saisir la personnalité du raisin à partir duquel ils sont vinifiés.

Grâce au climat de l'île, l'utilisation des produits chimiques n'est pas nécessaire. Ainsi, chez Lyrarakis, on utilise aucun désherbant et on préfère laisser les moutons faire le travail.




Aujourd'hui, plus de la moitié de la production est vendue embouteillée, soit environ 300,000 bouteilles au total.

La maison élabore une trentaine de cuvées à prix raisonnables, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Bien 
que 4 de leurs cuvées soient référencées par la SAQ, il n'y a actuellement qu'une seule qui soit disponible dans les succursales (voir ici).

Petite vidéo sans paroles, avec de belles images du processus d'élaboration des vins du domaine:




Le vin blanc mentionné en rubrique est élaboré à l'aide de raisins d'Assyrtiko dont les vignes non irriguées issues d'un seul vignoble poussent à l'est de la Crête, à une altitude de 580 mètres, dans la plaine de Voila et ce, depuis les années 70. 

La partie bleue de l'étiquette représente la forme de ce vignoble.

Le sol est composé de terreau, soit un mélange de sable, de limon et d'argile. Le rendement des vignes fut d'environ 42,5 hectolitres/hectares. Après la vendange manuelle, le moût macère avec les peaux à 12° Celsius pendant 24 heures, suivi d'une longue fermentation en cuves inox pendant 16 jours à 17°-18° Celsius. 7% de la production fermentent avec les peaux.




Le cépage Assyrtiko a gagné en popularité depuis les 15 dernières années auprès des amateurs du monde entier, propulsant vers le haut le prix de plusieurs cuvées, notamment celles en provenance de l'île de Santorin. 




Heureusement, ce vin-ci demeure encore abordable, son prix demeurant toujours dans les limites du raisonnable.

Signalons que le millésime 2016 avait une teneur en sucre résiduel de 6,6 grammes par litre, alors que celle du millésime 2023 est de seulement 1,6 gramme par litre, soit 4 fois moins, donnant un goût plus fin et précis.


Possibilité d'accord

Plateau de fruits de mer
Crédit-photo: www.larvf.com

Notes de dégustation:

Si les vins d'Assyrtiko de l'île de Santorin sont hors de votre budget (de 35$ à 50$), vous pouvez vous rabattre sur celui-ci, le seul en provenance de la Crête, disponible à la SAQ.

Vêtu d'une brillante robe jaune paille parsemée de légers reflets verdoyants, ce vin propage hors du verre de délicats parfums de fleurs blanches ouvrant le bal aux arômes  d'agrumes ( citron) et de pêche subtilement mûre, couronnées par des notes minérales (calcaire) à l'arrière-scène.. En bouche, il dévoile de pures saveurs cristallines de fruits blancs et jaunes, supportées par une tonique acidité qui procure un mordant bien dosé. Ce vin livre un profil frais et droit et se termine sur une belle impression de salinité, typique des vins élaborés avec ce cépage.

Parmi les meilleurs vins d'Assyrtiko de moins de 20$ disponibles au Québec.

Accompagnez-le de coquillages (huîtres, moules, etc.), des crustacés (calmars, crabe, crevettes, etc.), de poissons grillés et des plats de légumes. Profitez-en pendant qu'il passe!

INVENTAIRE: au 15 octobre 2024, dans 126 succursales du réseau.


Huîtres nature et citron






Éditorial: L'obsession de la croissance des profits de la SAQ nuit-elle à l'économie québécoise?


Que l'on soit pour ou contre le monopole de la Société des alcools du Québec, il convient de réfléchir à cette question. Une récente décision de cette entreprise gouvernementale semble démontrer que le mieux est parfois l'ennemi du bien.



Avec ses derniers budgets fortement déficitaires, le gouvernement du Québec a accentué la pression sur ses sociétés d'état (Hydro-Québec, SAQ, Loto-Québec, SQDC) pour qu'elles lui livrent rapidement des dividendes de plus en plus élevés.

Pour la SAQ, le contexte est cependant quelque peu défavorable, puisqu'elle doit faire face à une baisse de la consommation en alcool des Québécois (es) pour diverses raisons (vieillissement de la population, baisse du pouvoir discrétionnaire des consommateurs dû à l'inflation, prix de plus en plus élevés, etc.). 

Alors qu'il suffisait auparavant d'augmenter régulièrement les prix, atteindre les objectifs de rentabilité exigés par le gouvernement dans ce contexte devient plus difficile.

Heureusement pour la SAQ, le gouvernement lui a toujours donné carte blanche et elle peut faire à peu près tout ce qu'elle désire pourvu que les profits soient au rendez-vous, quitte à ce qu'elle agisse de plus en plus comme une entreprise privée et non comme une société d'état.

Cependant, lorsque qu'un organisme gouvernemental axé sur les profits prend des décisions en silo en ne priorisant que ses propres objectifs financiers, les bénéfices pour l'économie globale de la province peuvent parfois s'avérer très mitigés, voire négatifs.

Examinons pour ce faire, une récente décision annoncée par la haute direction de la Société des alcools du Québec au sujet de l'évolution future de son répertoire de produits.


La SAQ désire vendre beaucoup plus de produits sans alcool

C'est ce que mentionnait aux journalistes au début du mois de septembre, M. Jacques Farcy, président et chef de la direction de la SAQ. (lire l'article de La Presse ici)





Bien sûr la SAQ en vendait déjà quelques-uns, mais on désire maintenant y aller à fond de train. La logique financière avancée est la suivante: il se vend moins de vin et les produits sans alcool ont la cote, alors allons-y à bride abattue!

On semble oublier que la raison qui a mené en pleine période de prohibition à la création de cette société d'état monopolistique en 1921 (alors appelée Commission des Liqueurs) était d'assurer la gestion et le contrôle de la vente des vins et des spiritueux.

Rappelons que les produits sans alcool sont depuis le début de leur apparition vendus par des détaillants privés (épiceries, dépanneurs, etc.) puisque la SAne détient pas de monopole sur ceux-ci. Maintenant que l'entreprise privée a réussi à développer ce marché et que la demande augmente, la SAQ désire sauter à pieds joints dans le train.

Soyons réalistes. Les gens ne se mettront pas à boire davantage de ces produits, uniquement parce que la SAQ en vendra. En vertu du principe des vases communicants, les parts de marché qu'obtiendra cette société d'état seront forcément prises au dépend des détaillants privés dont les ventes (et les profits) diminueront. 

On peut dès à présent prévoir un manque à gagner pour le gouvernement au niveau des remises que les détaillants privés lui remettront.  Et assurément, il y aura des emplois au privé qui se perdront, entraînant d'autres retombées économiques négatives pour le Trésor public. Pour habiller Jean (la SAQ) on déshabille Paul! (les détaillants privés).

Je n'ai rien contre le fait qu'une société d'état augmente ses revenus mais encore faut-il qu'il y une plus-value pour les contribuables en bout de ligne. 

Plusieurs personnes se demandent ce que fait le gouvernement dans la vente du vin et des spiritueux depuis plus de 103 ans, alors que ce n'est majoritairement pas le cas ailleurs dans le monde. Mais visiblement cette emprise étatique au Québec est appelée à s'étendre, puisque l'on n'hésite plus à jouer dans les plates-bandes du privé.

Et si un jour qu'il faille livrer encore plus de profits, la SAQ décidera-t-elle alors d'embarquer dans la vente au détail d'eau en bouteilles et de boissons gazeuses qui sont eux aussi des produits sans alcool, en vertu de la même logique? La porte étant désormais entrouverte, l'industrie est en droit de se poser cette raisonnable et pertinente question.

C'est l'opinion qu'exprime madame Michèle Boisvert, économiste de formation et chroniqueuse au journal Les Affaires dans cette entrevue radiophonique (écoutez ici).




Avec les produits sans alcool, la SAQ entrera dans un marché où il y a de la compétition qui est un domaine où elle n'a pas l'habitude d'évoluer.

Rappelons que la SAQ avait des prétentions de devenir un grossiste international et a fait une incursion dans la vente en ligne de vin aux États-Unis vers la fin de 2010, par l'entremise d'une société en commandite appelée Twist (voir ici). Moins de 4 ans plus tard, on se retira de ce marché après avoir perdu plus de 10 millions de dollars, incapable semble-t-il de faire face à la musique dans un marché compétitif (voir ici).

La Société des alcools du Québec ne pourra probablement pas vendre les produits sans alcool avec des marges bénéficiaires exorbitantes comme elle le fait avec les vins et les spiritueux sur lesquels elle détient un monopole. Ses profits seront forcément moindres avec ces nouveaux produits. Et la superficie des succursales n'étant pas élastique, la vente de produits sans alcool viendra réduire d'autant l'espace occupé par les vins et les spiritueux qui ont été à la base de sa création.




En ne pensant qu'à la croissance de ses profits, la Société des alcools du Québec avec sa diversification de la gamme de ses produits ne risque-t-elle pas de s'éloigner peu à peu de sa mission première? A-t-on calculé si le gain potentiel de cette décision est supérieur aux effets négatifs globaux? Je me demande si cette hypothèse a seulement effleuré l'esprit du gouvernement du Québec.

Cette décision de mettre l'emphase sur la vente de produits non alcoolisés ne faisant pas partie de son mandat serait-elle le fruit d'une certaine panique ressentie par une société d'état ne sachant pas comment freiner son déclin et prête à tout pour justifier la pertinence de son existence? Je pose la question.

Bien sûr, notre monopole d'état pourra ultérieurement dire que ses ventes augmentent et les cadres de haut niveau continueront de recevoir leurs bonis, mais l'économie du Québec y aura-t-elle gagné au final? Vite, qu'un économiste compétent se mette là-dessus!





Ajout du 26 octobre 2024:

12 jours après la publication de l'article ci-dessus, madame Stéphanie Grammond, éditorialiste à La Presse, reprend quelques-uns de mes exemples et arguments  dans sa publication bien étoffée et articulée intitulée "Soif de concurrence"que je vous invite à lire.







Ajout du 13 janvier 2025:

Dans la 2e partie d'un article paru dans le journal La Presse, la journaliste Stéphanie Bérubé rapporte des propos de gens de l'alimentation qui jugent que la SAQ en décidant de vendre des produits sans alcool déjà disponibles dans le secteur privé, s'éloigne ainsi de sa vocation première.