La Société des Alcools du Québec, organisme d'état qui depuis 1921 détient le monopole de la vente d'alcool et de spiritueux sur le territoire de la province de Québec, a récemment avisé ses agents et fournisseurs qu'elle implanterait prochainement un nouveau programme appelé "Gestionnaire d'Information Produits".
Il s'agit d'une base de données (soit des informations fournies pour la plupart par les agents et les fournisseurs) qui regroupera toute l'information sur chacun des produits vendus au Québec. Ces informations seront non seulement disponibles aux employés de la SAQ, mais aussi à la clientèle par l'entremise du site internet du monopole d'état: www.saq.com
Ceci devrait entre autres choses, enfin corriger une situation aberrante que nous soulignions sans cesse depuis quatre ans aux participants de nos Cours d'Initiation à la Dégustation du Vin, soit l'absence sur ce site internet dans plus de 90% des cas de la mention du (des) cépage(s) sur la fiche descriptive de leurs vins.
Vendre plus de 9,000 produits différents sans mentionner quels types de raisins entrent dans leur composition (à part ceux dont le cépage figure dans le nom du vin), c'est l'équivalent d'un super-marché qui déciderait de ne pas préciser sur ses boîtes de conserves de légumes quel(s) légume(s) se trouve(nt) dans chaque boîte en les étiquetant tous comme "Légumes" sous prétexte que ce sont après tout tous des légumes! Ne pas savoir si on achète des carottes, du mais ou des petits pois ce serait acheter à l'aveugle n'est-ce pas? Alors pourquoi cette situation deviendrait-elle acceptable lorsque les consommateurs achetaient du vin?

Avoir le rare privilège de détenir un monopole de vente dans un secteur donné ne doit pas résulter uniquement en des profits juteux, cela implique aussi des responsabilités. Pour l'année financière qui s'est terminée le 31 mars 2011, la SAQ a réalisé un chiffre d'affaires de 2.4 milliards de dollars (CND) et un bénéfice net de 887 millions de dollards (CND). Une partie de cet argent doit servir à offrir un meilleur service, une meilleure offre de produits (nous en avons beaucoup mais il manque beaucoup d'excellents autres) ainsi qu'à l'éducation de la clientèle (et désolé, ce n'est pas avec les "pastilles de goût" que nous y arriverons).
Toute personne ayant un minimum de connaissances du domaine du vin sait que l'encépagement est la base d'une information sérieuse sur un vin donné. C'est même fondamental. Il semble que la SAQ (après plus de 90 ans) vient de le réaliser et s'apprêterait donc à corriger cette grave lacune quelque part en 2012. Vous me direz qu'il était à peu près temps et nous ne vous contredirons certes pas. Mais comme il n'est jamais semble-t-il trop tard pour bien faire, nous saluons donc ce pas dans la bonne direction et espérons qu'il ne sera pas le dernier.