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vendredi 19 juillet 2019

Et si nous aussi nous avions ça au Québec?


L'image ci-dessous a de quoi faire rêver toute personne qui s'intéresse vraiment au bon vin. 

Si vous êtes du genre à toujours acheter "la première cuvée su'l bord parce qu'elle est en promo parce que votre blonde attend dans le char", il est fort probable que ce qui suit vous laissera plutôt indifférent. Vous en avez le droit, bien sûr.

Signalons en premier lieu, que seulement moins de 5% des pays dans le monde où la vente d'alcool est autorisée (car cela est interdit en Afghanistan, en Iran, au Pakistan au Koweit et en Arabie Saoudite) le font par l'entremise d'un monopole. Vous savez sans doute que nous faisons partie de ce 5%.

Pour 95% des pays du monde, il existe donc une foule d'importateurs, de distributeurs et de détaillants qui sont en compétition les uns avec les autres. Les lois, telles que l'âge minimum requis pour acheter de l'alcool ou le niveau de taxation sur ces produits, peuvent bien sûr être différents d'un pays à un autre.

Un pays producteur comme l'Italie, l'Espagne ou la France taxera très peu la vente de ces produits pour favoriser le développement de leurs industries nationales, alors qu'un pays qui n'en produit pas ou très peu comme l'Angleterre, les taxera davantage. Mais dans tous les cas, un marché libre et compétitif est une bonne garantie contre les abus.


Crédit-photo: compte Instagram de nous.sommeliers

La photo ci-dessus représente l'offre de vins de bourgogne dans une succursale d'une chaîne d'hypermarchés à grande surface appelée Auchan (plus de 600 magasins en France). 

Les consommateurs français ont la possibilité de commander directement des producteurs, d'acheter leurs vins chez des cavistes, dans des magasins spécialisés, ou bien dans des commerces de grande distribution tels Carrefour, Casino, Auchan, E. Leclerc, Lidl, etc., lesquels représentent 88% du volume des ventes (voir ici)

Ce système assure une énorme variété de produits et de catégories de détaillants. On achète généralement les vins de tous les jours dans les grandes enseignes et les produits de niche chez les vignerons et les cavistes.

Imaginez maintenant pendant trente secondes que vous pourriez retrouver au Québec  des étalages semblables à celui de la photo ci-dessus chez Costco, Wallmart et compagnie, ainsi que de plus petits chez votre épicier. Et pour les produits très spécialisés, il y aurait des cavistes. Il n'y a rien d'impossible là-dedans car le monde entier (ou presque) le fait, sauf à peu près nous.

Et pour la SAQ?

Nul besoin de la vendre, de l'abolir ou de la privatiser. Et bien non. On peut la garder sans problème.

Il suffit de permettre à d'autres types de détaillants détenant un permis de vente d'alcool de vendre des produits qui n'ont pas été sélectionnés par la SAQ. En d'autres mots, celle-ci ne serait plus la seule à décider ce que vous pourrez ou ne pourrez pas boire.

Le gouvernement fédéral impose déjà à la douane sa taxe d'accise sur l'alcool. Le gouvernement provincial pour sa part n'aurait qu'à imposer une taxe sur ses produits importés (dont le modèle reste à définir) qui lui garantirait le même profit net qu'il reçoit des produits vendus par l'entremise de la SAQ. Une analyse de laboratoire de ces produits  à leur arrivée pourrait être exigée, cela fait partie des possibilités.

Ce très simple système fonctionne merveilleusement bien pour les cigarettes et l'essence (des produits hyper taxés). Les gouvernement collectent ainsi des milliards de dollars chaque année sans avoir besoin d'un monopole. Pensez-y!

Ces pistes de modernisation ont d'ailleurs été évoquées en mai 2016 dans l'étude Monopole inc. (voir ici)Ce document rédigé par deux économistes et moi-même avait été remis au gouvernement québécois de l'époque.  




Avec ce nouvel environnement comportant un minimum de compétition, nul doute que la SAQ chercherait à plaire davantage aux consommateurs qui ne leur seraient plus automatiquement acquis.

N'oublions pas que c'est l'existence d'un monopole qui a obligé le gouvernement du Québec ainsi que ceux d'autres provinces, à mettre en place des politiques particulières pour favoriser le développement de leurs entreprises viticoles.

Et où cela nous a-t-il mené? Devant l'Organisation Mondiale du Commerce (voir ici).


N'attendons pas que ce soient les autres pays du monde qui nous obligent à moderniser nos archaïques et discriminatoires façons de commercialiser l'alcool. Faisons-le nous-mêmes!





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