Les vins légers ont la cote. Les consommateurs désirent de plus en plus que leurs vins, peu importe leur couleur, soient plus fruités, avec peu ou pas de bois et soient moins alcoolisés.
Mais élaborer de tels vins avec de la finesse et sans faiblesse représente un vrai défi pour les vignerons!
C'est un peu le retour du balancier. Alors que dans les années 90, dû à la forte influence de Robert Parker, les vins charnus et souvent fortement boisés étaient à la mode, c'est maintenant le retour en grâce des vins plus frais et digestes.
Le changement vers une diète moderne plus légère (moins de viandes et plus de poissons et de légumes), ainsi que la culture bistronomique (consommation du vin au verre), ont entres autres choses, favorisé l'augmentation de la demande pour des vins pouvant se boire facilement.
Avec le réchauffement climatique qui survient dans beaucoup de régions viticoles, les vins avec ce type de profil représentent une entreprise difficile à réaliser du point de vue technique et stylistique, les raisins atteignant de nos jours rapidement une maturité phénolique élevée. Gorgés de sucre, il n'est pas rare que leur degré alcoolique dépasse allégrement les 14%, quand ce n'est pas 14,5$ et même les 15%. Il est donc difficile d'obtenir des raisins suffisamment mûrs avec peu de sucre.
Rien de répréhensible ici, en autant que la fraîcheur et l'équilibre demeurent au rendez-vous. Cependant une frange significative de la clientèle désire des vins de 12,5% et moins en alcool. (Je ne parlerai pas ici des vins désalcoolisés dont l'élaboration est tout à fait différente et qui sont recherchés par un type différent de consommateurs).
Afin qu'un vin plus faible en alcool ne soit pas maigre et vert ou manque de structure, le vigneron doit prendre en considération plusieurs facteurs. Mentionnons le choix des cépages et de leur lieu de plantation, une viticulture adaptée (rendement maîtrisé, récolte précoce mais mûre, travail sur l’acidité, etc.) ainsi qu'une vinification adéquate, sont quelques-uns des points à considérer. Un vrai travail d'équilibriste!
Paradoxalement, élaborer un bon vin léger (à ne pas confondre avec un vin mince et sans intérêt) est un exercice exigeant. Mais puisque ces vins sont en demande mondialement, plusieurs producteurs tentent de profiter de cette tendance sans avoir toute l'expertise requise, avec au final des résultats fort mitigés.
Ceci me rappelle le cas du vin rosé qui a vu en France (et ailleurs dans le monde) sa consommation doubler en 20 ans, soit de 1990 à 2010. Plusieurs producteurs qui n'en avaient jamais fait s'y sont alors mis, pour peu qu'ils avaient des raisins noirs sous la main.
Pendant le début de cette période d'expansion, plusieurs vins rosés ne payaient pas de mine, ces vins nécessitant un savoir-faire particulier. La situation est meilleure aujourd'hui car certains de ces producteurs improvisés ont cessé d'en faire, alors que d'autres ont appris avec le temps à en produire du bon.
C'est probablement un peu ce qui se produits présentement avec la nouvelle vague des vins dits "légers". Le meilleur côtoie le pire.
Il importe donc actuellement d'acheter des produits qui sont recommandés par des chroniqueurs d'expérience en qui vous avez confiance. Ils vous seront utiles pour séparer le bon grain de l'ivraie.
Le 16 septembre dernier en compagnie d'une dizaine d'autres collègues, lors d'une dégustation organisée par l'A3 Québec, j'ai pu analyser 50 vins de cette catégorie. La teneur maximale en alcool des produits retenus avait été fixée à 12,5%.
Vous trouverez ci-dessous une liste de mes 15 coups de cœur de cette dégustation, prouvant hors de tout doute que les bons vins légers existent. Rappelez que plus un vin est léger et plus il doit être servi frais (surtout pour les rouges).
NOTE: Le nom des vins est un hyperlien qui vous mènera à leur fiche de produit sur le site internet de la SAQ, ce qui vous permettra de trouver les succursales qui en détiennent,
Vins mousseux
Roxanne, Cava brut, Chozas, Carrascal, Espagne, 20,95$ (bio, alcool: 12,5%)
Ce tout nouveau cava espagnol (60% Macabeo et 40% Chardonnay) au profil minéral s'avère droit et bien frais.
Dans la récente appellation Prosecco rosé, il y a celui-ci aux délicieux goûts de petits fruits rouges, élaboré par un très fiable producteur.
Vins blancs
Angimbé, Cusumano, Sicilia, 2024, Italie, 14,95$ (alcool: 12,5%)
Cette cuvée dans ce millésime propose un nouvel assemblage très réussi de Chardonnay (70%) et de Sauvignon blanc (30%). Prix raisonnable.
Anthilia, Donnafugata, Sicile, 2024, Italie, 20,95$ (biody., alcool: 12%)
Présent depuis quelques années au Québec, le toucher de bouche sensuel de ce vin ne peut que plaire à la majorité.
Ce nouveau Soave Classico est le moins cher de tous, mais pas le moins bon!
Cosmique, Domaine Capmartin, Côtes-de-Gascogne, France, 22,25$ (biody., nature, alcool: 11,5%)
Cet original vin biodynamique et nature est plus sérieux qu'il n'y paraît à première vue. À découvrir.
Heila, Alcesti, Sicile, 2024, Italie, 16,40$ (bio, alcool: 12%)
Un autre nouveau venu au rayon des vins bios de la Sicile avec un assemblage original (65% Grecanico, 35% Catarratto).
Le Pive blanc, Vignobles Jeanjean, Languedoc, 2024, France, 17,90$ (bio, alcool: 12%)
Un peu dans l'ombre de son frère en version rosée, ce vin blanc certifié bio est très rafraîchissant.
The Six Kings, Weszeli, Niederoesterreich, 2023, Autriche, 19,95$ (bio, alcool: 11,5%)
Premier arrivage pour ce très bon vin autrichien. Un peu beurré et surtout très salin en finale!
Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico, Velenosi, Les Marches, 2024, Italie, 16,95$ (bio, alcool: 12%)
(Attention, le taux d'alcool mentionné sur saq.com est erroné)
Élaboré avec le Verdicchio, un cépage italien moins connu, ce vin propose un gourmand équilibre.
Vin rosé
Marius, Chapoutier, 2024, France, 12,60$ (biody, alcool: 12,5%)
À prix démocratique, ce vin rosé biodynamique vous en donne beaucoup pour votre argent.
Vins rouges
Éclat de Granite, Domaine Sérol, Côte roannaise, 2023, France, 24,95$ (biody, alcool: 12,5%)
Un petit côte sauvage plane au-dessus de ce vin élaboré avec le cépage Gamay Saint-Romain. Pour palais avisés.
Avec seulement un degré de 9%, ce vin espagnol de facture moderne et misant sur le fruit est très facile à boire.
Rouge clair, Gérard Bertrand, Pays d'Oc, France, 17,45$ (bio, alcool: 12,5%)
Bien que provenant du sud de la France, il n'y a aucune lourdeur dans cet assemblage de Grenache et de Syrah. Servir bien frais.
Malgré sa légèreté, ce vin ne manque pas d'équilibre et de saveurs fruitées. Un tour de force signé Jean-Paul Brun.
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