NOTE: Ce texte a aussi été publié le 4 janvier 2018 dans le HuffPost Québec (voir ici).
Un vin manipulé ou trafiqué est par définition un vin qui a subi plusieurs interventions humaines au cours de son élaboration, sans être nécessairement frauduleuses. Mais ce n'est pas non plus parce qu'un vin rencontre toutes les normes administratives qu'il est nécessairement toujours bon, voire même recommandable.
La question est donc la suivante: comment peut-on, avant même de les acheter, reconnaître les vins qu'il vaudrait peut-être mieux éviter?
Il est en effet facile de boire du bon vin. Les trouver, voilà où réside plutôt la difficulté.
Bien sûr, si les producteurs étaient tous honnêtes et transparents, vous n'auriez qu'à lire les étiquettes de leurs vins. Cela pourrait donner parfois des choses surprenantes et tout aussi amusantes.
Puisque cela s'avère ne pas être très vendeur, surtout pour les vins douteux, très peu de producteurs sont d'une telle franchise. Il vous faudra donc trouver une autre source d'informations.
Partons de ce postulat: un vin élaboré avec des raisins sains et de bonne qualité, n'a généralement pas besoin d'une multitude d'additifs pour goûter bon.
Les additifs et autres intrants oenologiques peuvent s'avérer utiles si utilisés à bon escient, c'est-à-dire pour appuyer la nature et non pour faire d'un vin moche, un vin buvable.
Tout ceci a d'ailleurs été expliqué ici (Connaissez-vous les additifs contenus dans votre vin?).
Et quant est-il lorsque l'on utilise pour élaborer un vin, un nombre d'additifs dont la liste est plus longue que celle de votre bras? Au fil du temps, la législation européenne a autorisé plusieurs dizaines d'intrants œnologiques et d'interventions diverses pour l'élaboration du vin, et davantage aux États-Unis.
Comme le disais un grand sage de ma connaissance:
Comme le disais un grand sage de ma connaissance:
"Une jolie femme n'a pas besoin de beaucoup de maquillage pour paraître jolie. Quand on en utilise beaucoup, c'est que l'on a quelque chose à cacher."
Cela revient à dire que si un vin contient peu d'additifs, il a de meilleures chances d'être "naturellement bon", sans que cela ne soit toutefois une garantie absolue.
Simplement buvable ou vraiment bon?
Il n'est pas toujours facile pour l'amateur de vin peu expérimenté, de distinguer entre un réel vin de qualité et un autre rendu potable par un cocktail d'additifs, alors que celui-ci n'était au départ qu'une horrible piquette.
À moins d'être un expert de la dégustation qui en goûte des centaines, voire des milliers par année, rien ne ressemble plus à un vin, qu'un autre vin.
Beaucoup de vins ainsi habilement trafiqués ne provoqueront pas nécessairement le type de réaction comme celle des buveurs de la photo suivante.
Pourtant, les vins de ce genre sont beaucoup plus répandus qu'on ne le croit de par le monde, car ce sont les plus payants pour les producteurs recherchant le profit le plus élevé. Bien que la plupart du temps on puisse les boire sans grimacer, la véritable attrape avec ceux-ci est qu'ils sont vendus 14$, 16$ ou 18$ alors qu'ils en valent plutôt 7$, 8$ ou 9$ tout au plus.
À moins que votre médecin ne vous ait prescrit une diète riche en additifs chimiques, il vaudrait mieux les éviter si vous désirez en avoir vraiment pour votre argent.
Pourquoi alors sont-ils si populaires? Leur marge bénéficiaire étant plus élevée que la moyenne, ces vins bénéficient d'un important budget marketing leur assurant un bon positionnement dans les magasins et une grande visibilité médiatique.
Lorsque vous voyez un vin annoncé partout (télé, radio, circulaire), distribué à grande échelle et disponible en grande quantité dans les magasins, c'est que la valeur en vin de cette bouteille est souvent très faible.
À quand une liste des ingrédients?
Or, du point de vue des consommateurs de vin, nous faisons ici face à une problématique mondiale. Le vin et les alcools sont en effet les seuls produits alimentaires à être exemptés de l'obligation de mentionner la liste des ingrédients.
Dans un monde idéal, nous aurions cette liste sur la contre-étiquette. Celle des vins moins manipulés et trafiqués serait plutôt courte alors que celle des autres serait forcément un peu ou beaucoup plus longue.
Bien que rien ne l'y oblige, on peut voir avec l'exemple suivant que la maison californienne Bonny Doon Vineyard, le fait pour certains de ces vins, ici un vin de Muscat issu de raisins cultivés en biodynamie.
Et il en est de même pour le producteur Ridge Vineyards, lui aussi de Californie, dont vous pouvez prendre connaissance de sa politique à cet égard ici.
Mais pourquoi donc la liste des ingrédients pour le vin et l'alcool n'est-elle pas déjà obligatoire? Après tout, on l'exige bien pour les boissons gazeuses et les croustilles. Parce que pour les gouvernements, les produits alcoolisés sont perçus comme des objets de taxation et non comme des produits alimentaires. Comme si ceux-ci ne seraient jamais ingérés par votre organisme.
Pour le moment, les producteurs sont obligés que de mentionner uniquement le degré d'alcool de leurs produits, que ceux-ci renferment des sulfites (pour le vin) mais sans toutefois en préciser la teneur, ainsi que les produits potentiellement allergènes s'il y a lieu (ex: œufs, poisson, lactose, etc.).
Bien sûr les diverses organisations mondiales établissent des normes en matière d'alimentation, mais comment évaluer de la qualité d'un produit si on ignore ce qu'il contient?
Il est très malheureux que le puissant lobby de l'alcool ait toujours fait pression sur les gouvernements et continue de le faire pour éviter qu'on les oblige à mentionner les ingrédients utilisés dans leurs produits. Parfois pour protéger leurs recettes, mais avant tout pour cacher ces additifs dont on préfère que le public ignore l'existence.
On peut facilement prédire qu'aucun changement ne surviendra, sauf si les consommateurs l'exigent auprès des autorités habilitées à légiférer en la matière, à défaut de quoi il continuera d'être impossible au commun des mortels de pouvoir identifier les vins qui contiennent le plus d'additifs.
La SAQ, la solution?
Qu'on le veuille ou non, la vente au Québec des vins et des spiritueux relève d'un monopole d'état. Pourquoi ne nous servirions-nous pas pour une fois de celui-ci à l'avantage des consommateurs?
Nous obligeons déjà les producteurs du monde entier à respecter une foule d'exigences pour vendre leurs produits ici (étiquetage, emballage, code barre, etc.) et ils sont prêts à se conformer à toutes nos demandes pour accéder à notre lucratif marché.
Il suffirait simplement que la Société des alcools du Québec exige de ses fournisseurs la liste de tous les ingrédients contenus dans leurs produits comme condition nécessaire pour que ceux-ci soient vendus au Québec. Cette liste pourrait être disponible dans un premier temps sur la fiche-produit du site internet de la SAQ sous l'onglet "Infos détaillées".
Simplement buvable ou vraiment bon?
Il n'est pas toujours facile pour l'amateur de vin peu expérimenté, de distinguer entre un réel vin de qualité et un autre rendu potable par un cocktail d'additifs, alors que celui-ci n'était au départ qu'une horrible piquette.
À moins d'être un expert de la dégustation qui en goûte des centaines, voire des milliers par année, rien ne ressemble plus à un vin, qu'un autre vin.
Beaucoup de vins ainsi habilement trafiqués ne provoqueront pas nécessairement le type de réaction comme celle des buveurs de la photo suivante.
Source: www.districthostess.com |
Pourtant, les vins de ce genre sont beaucoup plus répandus qu'on ne le croit de par le monde, car ce sont les plus payants pour les producteurs recherchant le profit le plus élevé. Bien que la plupart du temps on puisse les boire sans grimacer, la véritable attrape avec ceux-ci est qu'ils sont vendus 14$, 16$ ou 18$ alors qu'ils en valent plutôt 7$, 8$ ou 9$ tout au plus.
À moins que votre médecin ne vous ait prescrit une diète riche en additifs chimiques, il vaudrait mieux les éviter si vous désirez en avoir vraiment pour votre argent.
Pourquoi alors sont-ils si populaires? Leur marge bénéficiaire étant plus élevée que la moyenne, ces vins bénéficient d'un important budget marketing leur assurant un bon positionnement dans les magasins et une grande visibilité médiatique.
Lorsque vous voyez un vin annoncé partout (télé, radio, circulaire), distribué à grande échelle et disponible en grande quantité dans les magasins, c'est que la valeur en vin de cette bouteille est souvent très faible.
À quand une liste des ingrédients?
Or, du point de vue des consommateurs de vin, nous faisons ici face à une problématique mondiale. Le vin et les alcools sont en effet les seuls produits alimentaires à être exemptés de l'obligation de mentionner la liste des ingrédients.
Dans un monde idéal, nous aurions cette liste sur la contre-étiquette. Celle des vins moins manipulés et trafiqués serait plutôt courte alors que celle des autres serait forcément un peu ou beaucoup plus longue.
Bien que rien ne l'y oblige, on peut voir avec l'exemple suivant que la maison californienne Bonny Doon Vineyard, le fait pour certains de ces vins, ici un vin de Muscat issu de raisins cultivés en biodynamie.
Et il en est de même pour le producteur Ridge Vineyards, lui aussi de Californie, dont vous pouvez prendre connaissance de sa politique à cet égard ici.
Mais pourquoi donc la liste des ingrédients pour le vin et l'alcool n'est-elle pas déjà obligatoire? Après tout, on l'exige bien pour les boissons gazeuses et les croustilles. Parce que pour les gouvernements, les produits alcoolisés sont perçus comme des objets de taxation et non comme des produits alimentaires. Comme si ceux-ci ne seraient jamais ingérés par votre organisme.
Pour le moment, les producteurs sont obligés que de mentionner uniquement le degré d'alcool de leurs produits, que ceux-ci renferment des sulfites (pour le vin) mais sans toutefois en préciser la teneur, ainsi que les produits potentiellement allergènes s'il y a lieu (ex: œufs, poisson, lactose, etc.).
Bien sûr les diverses organisations mondiales établissent des normes en matière d'alimentation, mais comment évaluer de la qualité d'un produit si on ignore ce qu'il contient?
Il est très malheureux que le puissant lobby de l'alcool ait toujours fait pression sur les gouvernements et continue de le faire pour éviter qu'on les oblige à mentionner les ingrédients utilisés dans leurs produits. Parfois pour protéger leurs recettes, mais avant tout pour cacher ces additifs dont on préfère que le public ignore l'existence.
On peut facilement prédire qu'aucun changement ne surviendra, sauf si les consommateurs l'exigent auprès des autorités habilitées à légiférer en la matière, à défaut de quoi il continuera d'être impossible au commun des mortels de pouvoir identifier les vins qui contiennent le plus d'additifs.
La SAQ, la solution?
Qu'on le veuille ou non, la vente au Québec des vins et des spiritueux relève d'un monopole d'état. Pourquoi ne nous servirions-nous pas pour une fois de celui-ci à l'avantage des consommateurs?
Nous obligeons déjà les producteurs du monde entier à respecter une foule d'exigences pour vendre leurs produits ici (étiquetage, emballage, code barre, etc.) et ils sont prêts à se conformer à toutes nos demandes pour accéder à notre lucratif marché.
Il suffirait simplement que la Société des alcools du Québec exige de ses fournisseurs la liste de tous les ingrédients contenus dans leurs produits comme condition nécessaire pour que ceux-ci soient vendus au Québec. Cette liste pourrait être disponible dans un premier temps sur la fiche-produit du site internet de la SAQ sous l'onglet "Infos détaillées".
La SAQ a de plus un laboratoire où tous les produits sont analysés. Par la même occasion, à la suite de la liste des ingrédients de chacun des produits, pourquoi n'ajouterions-nous pas le résultat les données les plus pertinentes de ces analyses?
Équipement de labo de la SAQ
Source : www.saq.com
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Gageons que beaucoup de consommateurs seraient intéressés à connaître avant d'acheter un produit, sa teneur en résidus d'herbicides, pesticides, arsenic, plomb, etc. C'est ce que je préconisais, il y a déjà deux ans.
Notre société d'état en a le pouvoir. Mais en a-t-elle la volonté?
Et le gouvernement à qui elle verse ses dividendes n'aurait de plus rien à craindre au niveau de ses revenus. Zéro risque. La SAQ en effet vendrait peut être ainsi un peu moins de vins moches, mais un peu plus de meilleurs vins, soit au final le même nombre de bouteilles.
L'Union Européenne songe à bientôt demander à ses producteurs d'indiquer sur les étiquettes le nombre de calories contenues dans leurs vins. Si notre monopole d'état passait à l'action, il pourrait se targuer d'être le premier détaillant au monde de boissons alcoolisées à fournir la liste des ingrédients à ses clients qui pourraient ainsi acheter leurs vins et alcools en toute connaissance de cause.
La confiance de la clientèle envers les produits achetés augmenterait. Et il en irait probablement de même pour les ventes de la SAQ qui en aurait bien besoin par les temps qui courent.
Même s'il est encore pour le moment impossible de connaître la liste des ingrédients dans le vin, je vous suggère cette semaine d'essayer ces 5 vins, tous bio, qui me semblent très réussis, en provenance de 5 pays, soit de la France, du Chili, de l'Italie, de l'Argentine et de l'Australie, à des prix variant de 12,55$ à 19,95$.
Télécharger la liste de ces vins
Bonnes dégustations!
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