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jeudi 23 avril 2015

Qu'est-ce qu'un vin bio?


Note: Ce texte a aussi été publié le 23 avril 2015 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Les vins bios sont-ils meilleurs? Oui et non, c'est selon. En quoi sont-ils différents des autres vins alors? Voici un bref survol du sujet.

Suite à plusieurs articles percutants sur la qualité de certains vins qui ont été publiés dans la presse écrite du Québec au début du mois de mars dernier, plusieurs personnes m'ont écrit pour me demander si les vins "bios" pouvaient représenter une alternative intéressante. Oui, sans doute. Mais il importe de savoir qu'ils ne représentent pas non plus une panacée universelle.

Selon mon habitude, je vous dresserai un portrait des vins bios qui se veut le plus près possible de la réalité, c'est-à-dire sans être d'une extrême sévérité, mais sans non plus faire preuve de complaisance excessive.

Vous trouverez à la suite de ce billet sous la forme d'une galerie de photos, dix exemples de vin de ce type à prix raisonnables que je vous recommande d'essayer.

Combien de sortes de viticultures?

Il existe plusieurs manières de cultiver la vigne et de vinifier, chacune représentant une école de pensée. Ainsi, on retrouve entre autres la culture de type industrielle, la culture raisonnée, la culture agrobiologique communément appelée biologique ou "bio", la culture biodynamique, ainsi qu'une toute nouvelle philosophie émergente, celle des vins dits "nature".

Le but du présent billet n'est pas de vous expliquer en détails les différences entre ces diverses méthodes. Nous y reviendrons un peu plus tard au cours de l'année, si vous le voulez bien.

Attardons nous pour le moment sur la culture agrobiologique (bio) et les vins qui en résultent.

Toujours bon les vins bios?

N'étant pas à cheval sur les dogmes, encore moins en ce qui concerne le vin, la réponse à cette question est malheureusement non. Cela serait trop simple. Tout comme il existe de bons vins issus de la méthode industrielle (si, si, c'est possible) et de mauvais vins produits de cette manière, il existe de bons et de mauvais vins agrobiologiques. Après avoir lu ce billet, vous en comprendrez mieux les raisons.

Disons simplement que le label "Bio" n'est pas une garantie absolue que le vin aura bon goût. Seulement (du moins en principe) que les vignes auront été cultivées selon un cahier des charges précis et détaillé dont les normes européennes ont été resserrées en 2012.

Chaque pays possède ses organismes de contrôle. L'organisme de contrôle et de certification le plus connu est Ecocert.

Les critères de base

Le contrôle et les normes des vins bios sont surtout au niveau de la culture de la vigne. Un culture agrobiologique interdira ainsi  l'utilisation de pesticides, d'herbicides et d'engrais de synthèse. Si un vignoble a déjà été cultivé dans le passé selon la méthode traditionnelle, celui-ci n'obtiendra sa certification bio qu'après quelques années de transition, le temps que les résidus chimiques aient perdu leur concentration dans le sol. 


Cependant, suite à l'obtention de raisins cultivés de manière biologique, la liste des intrants (ou additifs) permis dans le chai pour la vinification du vin, bien que moins exhaustive, demeure toutefois assez bien garnie. Constatez-le par vous-mêmes ici.

Les vignerons sont évidemment libres d'utiliser ou non les produits autorisés de cette liste. Il est donc fort utile de connaître les pratiques de vinification des producteurs afin de séparer le bon grain de l'ivraie. De nombreuses personnes ont émis l'opinion que certains producteurs se servent du label "Bio" davantage comme un outil de marketing que pour produire des vins authentiquement différents.

Parfois moins bio qu'on pense

La confusion dans les esprits vient du fait qu'avec les fruits et les légumes biologiques, il y a souvent peut de transformation entre la cueillette et leur consommation, alors que les raisins, même biologiques, demandent plusieurs interventions humaines avant qu'ils ne deviennent du vin.   

Comme le mentionne le site www.guideduvin.com, il est permis d'utiliser des raisins biologiques et de les vinifier dans le chai pratiquement de manière "conventionnelle". On risque de se retrouver ainsi parfois avec « un vin levuré, enzymé, avec addition de phosphate diammonique ou de sulfate d’ammonium, centrifugé, enrichi et élevé grâce à l’utilisation de morceaux de bois de chêne ». 

Il est, dans les circonstances, plutôt ironique qu'Ecocert Canada interdise sur les étiquettes des vins bios la mention "Vin issu de raisins biologiques" ce qui correspond pourtant à la seule réalité prouvée, au profit de l'unique mention "Vin biologique", laissant sous-entendre que ces produits sont tous d'une pureté totale.

Désolé, mais il fallait que je vous le dise au risque de faire éclater votre bulle. Car vous aurez compris, surtout si vous me lisez à l'occasion, que le monde du vin est souvent rempli de subterfuges et de demi-vérités.

Heureusement ce n'est pas tout le monde de cette industrie qui cherche à s'enrichir impunément sur le dos des consommateurs. Les normes et les législations en vigueur partout dans le monde donnent encore beaucoup (trop) de latitude aux producteurs et aux marchands de vins. Ce que vous croyez acheter est souvent quelque peu différent dans les faits. Seul le prix demandé est bien réel.

Les bons côtés

Malgré tout,  la méthode de production bio a tout de même quelques avantages. Citons:

-l'absence de produits chimiques ou de synthèse pour cultiver la vigne
(permettant ainsi d'avoir des sols plus vivants en préservant leur vie microbienne et en protégeant l'environnement et le personnel qui travaille dans les vignobles);

-l'interdiction de certaines pratiques durant la vinification des vins, telles la concentration à froid, l'électrodialyse, la désalcoolisation partielle des vins, l'utilisation de l’acide ascorbique et la désulfuration.

-une utilisation moins prononcée du dioxyde soufre (SO2), les fameux sulfites. Les valeurs maximales autorisés sont de 100 milligrammes par litre pour le vin rouge (contre 150 mg/l pour le vin traditionnel), et 150 milligrammes par litre pour les vins blancs et rosés (contre 200 mg/l pour le vin traditionnel). Ces limites sont toutefois augmentées de 30 mg/l si la teneur en sucre résiduel est supérieure à 2 grammes par litre. 


Merci à Marie-Claude Journault
pour cette illustration sur le vin bio 

Voir son site internet: mcjournault.com
Les sulfites

Samedi dernier, madame Véronique Rivest a publié dans le journal La Presse, un article assez complet sur la question des sulfites dans le vin. On y lisait que de nombreuses personnes croient les sulfites responsables de leurs maux de tête. Or, la plupart de celles-ci boivent du vin rouge, soit la catégorie de vin qui en contient le moins!

Je crois pour ma part que les nombreux additifs chimiques autorisés dans le vin ont beaucoup plus de chances d'être la cause des maux de tête de la plupart de ces personnes. Lorsque l'on boit du vin de qualité (ce qui n'équivaut pas nécessairement à un vin dispendieux) de producteurs qui n'abusent pas des additifs, les maux de tête disparaissent bien souvent. Les recherches médicales confirmeront ou infirmeront un jour cette hypothèse. 

Mais je pense aussi que plusieurs sous-estiment le rôle que l'alcool peut jouer à cet égard. Le vin en contient tout de même 13% en moyenne. Vous aurez beau boire un vin sans  sulfites ajoutés et sans additifs, si vous enfilez vos verres de vin trop rapidement, sans manger, et sans vous hydratez en consommant un peu d'eau, le mal de tête ne manquera pas de vous rendre visite.

Et l'arsenic?

On sait que 28 producteurs de vins de Californie sont présentement poursuivis en recours collectif pour un taux d'arsenic trop élevé dans certains de leurs vins. Le vin en contient un peu de manière naturelle puisqu'il est présent dans le sol. Il en résulte cependant une quantité infinitésimale, de l'arsenic organique de surcroît.

Or l'arsenic le plus dangereux est de nature inorganique, celui développé par l'homme. On ne sait trop d'où il provient. Certains pointent du doigt les arrosages trop abondants de pesticides, surtout juste avant les vendanges. Si c'est le cas, les vins bios devraient en contenir moins.  De récentes recherches européennes démontreraient qu'ils sont beaucoup moins contaminés par les pesticides. C'est déjà ça.

D'autres chercheurs croient que les produits utilisés pour clarifier le vin pourraient en être la source. Si c'est le cas, les produits en question étant aussi permis pour les vins bios (dioxyde de silicium, bentonite, etc.), le résultat à cet égard sera à peu près le même. La norme maximale pour l'arsenic dans le vin établie par Santé Canada est de 100 parties par milliard alors qu'elle est de 10 parties par milliard pour l'eau. Je prédis que dans un proche avenir cette norme sera rabaissée à 50 parties par milliard, sinon moins.

En l'absence d'une législation qui obligerait la divulgation d'informations précises sur les étiquettes des bouteilles de vin, le mieux est de connaître les producteurs des vins que l'on achète ainsi que leurs pratiques culturales et de vinification, ce qui demande de faire quelques recherches.

Le vin bio coûte-t-il cher?

Si vous pensez que vous trouverez des vins bios pour 8,95$ oubliez ça, surtout au Québec. L'agriculture biologique exige en effet un peu plus de main d’œuvre et de travail à la vigne que l'agriculture industrielle.

Mais il est aussi faux de prétendre qu'ils doivent obligatoirement coûter cher. Comme vous le constaterez dans ma sélection ci-dessous, les prix de départ des vins bios sont souvent inférieurs à certains vins importés en vrac vendus incognito à la SAQ

Les vignobles situés dans des endroits chauds et secs se prêtent plus facilement à ce type de culture. Étant moins humides, certaines maladies, telles le mildiou s'y développeront moins facilement. On a donc moins besoin de recourir à des traitements chimiques pour les enrayer. C'est pourquoi on retrouve déjà de nombreux vignobles cultivés biologiquement dans le sud de la France (Languedoc, Roussillon et Côtes-du-Rhône), en Espagne et en Italie, principalement en Sicile.

On en retrouve même en Californie, la maison Bonterra étant le leader américain en ce domaine. Puisque leurs très bons vins sont vendus 20$ et un peu plus, vous ne les retrouverez pas dans la présente sélection, mais plutôt ici.

Mes choix

Bien que la réalité soit loin d'être parfaite, si j'ai à choisir entre deux vins  de bons producteurs offerts à prix égal, l'un bio et l'autre pas, je choisirai le premier pour les quelques avantages mentionnés ci-dessus.

Et pour vous démontrer que les vins bios ne coûtent pas nécessairement tous une fortune,  parmi les quelques 300 offerts par la SAQ, je vous en ai sélectionné dix à prix plus que raisonnables, sous la forme d'une galerie photos que vous trouverez ci-dessous. Pour ceux et celles qui voudraient imprimer la liste des vins recommandés afin d'y référer ultérieurement, vous pourrez le faire en suivant ce lien.

On n'oublie pas de partager

Je vous demanderais de faire preuve de générosité et de ne pas hésiter à partager cette sélection avec vos contacts et vos amis qui seront sans doute, tout comme vous, intéressés à la consulter.

Bonnes dégustations


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