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mardi 18 juin 2013

Depuis le 14 juin dernier, un client de resto peut rapporter chez lui une bouteille entamée


Un (petit) pas dans la bonne direction de la part du gouvernement du Québec. Mais puisque celui-ci est toujours en retard, ce n'est qu'aujourd'hui le 18 juin qu'est sorti le communiqué officiel.

Normal me direz-vous puisque cette bouteille payée par le client appartient en principe à celui-ci; la plupart des restaurants acceptaient déjà de vous accommoder si vous désiriez apporter les restants d'un copieux repas à la maison (doggy bag). Sachez cependant qu'une partie du règlement très archaïque de la Régie des alcools, des Courses et des Jeux du Québec, interdisait jusqu'à tout récemment cette pratique.

Cette mesure devrait faciliter la vente de bouteilles de vins entières pour les restaurateurs au lieu de quelques verres, plusieurs clients hésitant auparavant à le faire sachant qu'ils devaient laisser sur place toute partie non consommée de la bouteille. On permettra aussi aux personnes désirant le faire, d'arrêter de consommer, histoire d'être en de bonnes dispositions s'ils ont à conduire leur automobile.

C'est à se demander pourquoi une si bonne modification qui profite à tout le monde ait pris tant de temps à voir le jour, d'autant plus que cette mesure ne coûte rien au gouvernement (il touche les mêmes taxes).

Il est qu'au Québec, changer une virgule dans une loi ou un règlement prend au moins deux ans, au cas ou ce changement mineur ferait écrouler le château de cartes de notre société distincte. Petit à petit, dans le monde de la consommation du vin, nous nous approchons des autres nations civilisées occidentales. Mais à ce rythme de pas de tortue, il nous faudra cent ans pour les rattraper, à moins de prendre les moyens nécessaires et de cesser de voir tout changement comme une menace existentielle.




samedi 15 juin 2013

Éditorial - L'ESCLAVAGISME VITICOLE EXISTE-T-IL AU 21è SIÈCLE?


Qu'est-ce que l'esclavagisme sinon une exploitation inacceptable d'une partie envers une autre, généralement une dominante sur une dominée? Est-ce que notre monopole d'état abuserait de sa position de force lors de ses négociations avec les petits producteurs?

Au moment où la plupart des médias ne font que simplement et bêtement reprendre le communiqué officiel du monopole sans analyse aucune pour annoncer que les profits nets de la SAQ pour l'année financière 2012-2013 se sont chiffrés à 1,000,030,000$ (1,03 milliard de $), on peut en effet se poser la question.

Comme je l'ai écrit le 23 mai dernier dans mon billet intitulé "Pour la SAQ, la qualité c'est secondaire":

Je n'ai personnellement rien contre le fait que la Société des Alcools du Québec fasse beaucoup de fric. Tant mieux. C'est seulement les méthodes qu'elle utilise pour y parvenir que je trouve douteuses et inadmissibles.
On a beau prétexter que le gouvernement a cruellement besoin d'argent (couper dans les dépenses inutiles ça ne vous dit rien des fois?), cela n'est pas une raison valable pour utiliser n'importe quel moyen pour générer des profits. Le respect des  droits des consommateurs ainsi que du respect tout court des fournisseurs doit être gardé intact.

Dans un très intéressant article sur vinquebec.com intitulé Québec exploite les vignerons, l'auteur Marc André Gagnon explique que nous (la SAQ) fait 10 fois plus d'argent que les vignerons qui l'ont produit!

Et il continue en énumérant toutes les charges financières que l'on leur impose en sus des risques financiers qu'on leur fait courir. Incroyable! Bonne pratique commerciale ou exploitation éhontée?

N'y aurait-il pas moyen d'offrir un prix décent aux fournisseurs sans nécessairement augmenter encore davantage les prix aux consommateurs? Une sorte de juste milieu, quoi.

De plus en plus de producteurs ne se donnent même plus la peine de proposer leurs vins à la SAQ. Trop compliqué, trop dispendieux et trop risqué. Pourquoi se casser la tête quand on peut vendre avec moins de tracas et obtenir un meilleur prix sur le marché américain juste à côté ou même en Ontario?

En jouant et en exagérant sur les deux tableaux, d'ici quelques années, la SAQ risque de se retrouver avec un manque de bons fournisseurs intéressés à lui vendre leurs produits ainsi qu'une pénurie de clients intéressés à les lui acheter. Ne riez pas c'est déjà commencé. Bye bye alors variété des produits, bons rapports qualité/prix et future hausse des dividendes.

lundi 13 mai 2013

Éditorial - LE VICE ET L'ÉTAT


Source: LaPresse.ca

Dans un éditorial publié le 12 mai dernier sur le site de lapresse.ca, Mario Roy note avec beaucoup d'humour qu'il est évident que le tabac, l'alcool et le jeu créent une dépendance puisque l'État est devenu "accro" aux trois! À lire, le sourire en coin, jusqu'à la fin.


Si l’État doit disposer de plus de ressources pour le bien commun, le devoir du citoyen est-il de fumer, de boire et de jouer davantage ? Et, pour respecter sa mission sociale, l’État doit-il y inciter ?

Absurde ? Non.

Québec s’attend en 2013-2014 à encaisser 370 millions de plus en profits tirés du tabac, de l’alcool et du jeu (130, 100 et 140 millions respectivement). Actuellement, l’État québécois encaisse sur ces marchés des profits supérieurs à 3 milliards. La hausse espérée de ces profits, 12 %, est donc gigantesque. Et la seule augmentation des taux de profitabilité sera vraisemblablement insuffisante : il faudra bel et bien fumer, boire et jouer davantage !

D’ailleurs, plusieurs initiatives sont envisagées, qui ne peuvent que stimuler la consommation.

La plus ingénieuse est l’introduction du service d’alcool aux machines à sous et aux tables de jeu des casinos : d’une pierre, deux coups ! En outre, on augmentera le nombre de machines de loterie vidéo, les plus pernicieuses incitations au jeu qui se puissent concevoir, pour atteindre 12 000 appareils. On fera passer de 15 à 23 le nombre de salles de jeu Kinzo – sorte de bingo à l’ancienne servi à la moderne. Enfin, la Société des alcools du Québec prépare un plan de « fidélisation », initiative étrange puisque la SAQ est en situation de monopole.

Cependant, outre l’alourdissement de la taxation, rien n’est prévu pour le tabac. La seule action efficace serait de mettre fin à la contrebande, mais, pour des raisons mystérieuses (n’est-ce pas ?), elle n’apparaît pas au programme…

***
Le tabac, l’alcool et le jeu créent l’accoutumance, on le sait, et il est évident que l’État est devenu « accro » aux trois. Cela étant, tentons un peu d’humour.

Pourquoi ne pas regarder du côté de la drogue et de la prostitution ?

Pour lire la suite, cliquez ICI.

jeudi 28 février 2013

Éditorial #13 - SIGNONS LA PÉTITION DEMANDANT L'APPLICATION DE LA LOI C-311 AU QUÉBEC



Note:  Ce texte a aussi publié le 28 février 2013 dans le Huffington Post Québec.

Peut être l'ignorez-vous, mais le 28 juin dernier le Parlement fédéral a adopté à l'unanimité un projet de loi privé présenté par le député conservateur Dan Albas du comté d' Okanagan-Coquihalla en Colombie-Britannique qui est venu dépoussiérer la loi fédérale de 1928 qui régissait la vente et le transport de l'alcool au Canada.  On ainsi éliminé l'obstacle fédéral qui interdisait aux particuliers de transporter du vin d'une province à l'autre pour leur usage personnel. Enfin!

Chaque province doit par contre modifier la législation qui s'applique sur son territoire pour que leur population puisse en bénéficier. Déjà la Colombie-Britannique, le Manitoba, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario permettent le transport interprovincial du vin ou ont déposé des projets de loi pour le permettre. Pendant ce temps le gouvernement québécois semble faire la sourde oreille et préfère même rappeler à ces citoyens l'illégalité d'un tel geste ainsi que les sanctions qui s'appliquent aux contrevenants. Un tout autre son de cloche.

Bien qu'il n'existe aucune frontière physique ou de postes de douane entre le Québec et les autres provinces qui bordent celle-ci, une barrière invisible existe bel et bien. Ainsi, une personne qui achète du vin en Ontario et le ramène au Québec est passible selon notre législation actuelle d'une amende variant de 500$ à 1000$ et s'expose même à la confiscation de sa voiture.

Ce n'est pas pour rien que tous les députés fédéraux, tous parris confondus, ont accepté de voter en faveur du projet de loi C-311 car les avantages s'avèrent nombreux, tant pour les consommateurs, les producteurs de vin, que pour les gouvernements disposant d'une vision à long terme.

Le principal avantage est évidemment le développement de l'industrie vinicole des provinces qui produisent du vin, tel le Québec. Tout comme un producteur de la vallée du Niagara ou de celle de l'Okanagan ne peut accepter de prendre votre commande téléphonique ou par courriel pour livraison au Québec, un producteur de vins québécois ne peut présentement livrer ses produits, tels nos délicieux vins ou cidres de glace, à des clients hors-Québec. Imaginez le développement que connaîtrait cette industrie naissante au Québec si cela était possible, le nombre de clients potentiels venant de tripler du jour au lendemain! Et si nos vignobles se développent, imaginez maintenant le développement touristique des régions québécoises productrices qui s'ensuivrait, un peu comme cela s'est produit il y a quelques années dans la vallée du Niagara en Ontario.

Plus de développement économique, plus de développement touristique et plus de ventes de produits amèneront à long terme plus de revenus (taxes et impôts) pour les gouvernements.

Ne serait-ce que pour cette raison, le gouvernement du Québec, à l'instar des autres provinces canadiennes, doit permettre d'appliquer l'esprit de la loi fédérale à notre province. Un peu d'air frais dans notre présent carcan législatif ferait le plus grand bien, ne trouvez-vous pas?

Selon un sondage réalisé en 2012 par Harris/Decima, plus de 82% de la population canadienne est en faveur de la libre circulation du vin d'une province à l'autre. Depuis 2010, un organisme du nom de freemygrapes milite à cet effet. Selon celui-ci, avec les modifications législatives en cours dans plusieurs provinces du Canada, le commerce interprovincial du vin sera dès juin 2013 presqu'une réalité d'un océan à l'autre. Vous aurez bien sûr compris que le mot "presque" nous est en partie adressé.

Oui me direz-vous, mais comment convaincre un gouvernement provincial de s'adapter lorsqu'il hésite à le faire? En faisant entendre votre voix! Une pétition électronique, une initiative de monsieur Robert Michon, demandant au gouvernement du Québec de permettre le commerce interprovincial du vin est présentement en cours sur le site internet de l'Assemblée Nationale. La voici:

Texte de la pétition

CONSIDÉRANT QUE la loi C-311 qui vient d’être adoptée aux Communes permet le transport de vin pour consommation personnelle à travers les frontières provinciales;


CONSIDÉRANT QUE la vente interprovinciale de vin créerait un marché d’exportation extraordinaire pour l’industrie vinicole québécoise;


CONSIDÉRANT QUE l’expansion de l’industrie vinicole québécoise contribuerait positivement à l’essor économique de la province et augmenterait les revenus du gouvernement par le biais de taxes et d’impôt;


CONSIDÉRANT QUE les provinces de la Colombie-Britannique, le Manitoba, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario permettent le transport interprovincial du vin ou ont déposé des projets de loi pour le permettre;


Les signataires de cette pétition demandent au ministre des Finances et de l'Économie, responsable de la Société des alcools du Québec, de modifier la règlementation de cette société d’État afin d’autoriser le commerce interprovincial du vin tel que le permet la loi C-311.

Voilà. Rien de bien méchant vous en conviendrez. Tout ce que l'on demande, c'est que le vin qui a été acheté par des particuliers pour leurs besoins personnels puisse circuler librement d'une province à l'autre, comme dans tout pays normal, ce qui est maintenant permis et encouragé par le gouvernement fédéral. Au moment d'écrire ces lignes, 3,076 personnes l'avaient signé. Le hic, c'est que vous avez seulement jusqu'au 6 mars prochain pour vous aussi le faire. Bonne nouvelle, ça ne prend que 30 secondes! 

 Un petit geste qui se fait rapidement, qui ne coûte rien (plutôt rare de nos jours) et qui pourrait déboucher pour une première fois sur une adaptation moderne et pan-canadienne de la commercialisation du vin et qui profiterait à tous. Un, deux, trois....allez-y!

PÉTITION POUR LE COMMERCE INTERPROVINCIAL DU VIN

Ah oui! Est-ce que je peux aussi compter sur vous, une fois que vous aurez signé électroniquement cette pétition, pour partager ce billet avec tous vos contacts Facebook et Twitter? Si eux aussi font de même, les signatures s'accumuleront rapidement.  Merci!

La STAKOSE, un mal très répandu

J'ai assisté samedi soir dernier à un spectacle du groupe Mes Aïeux et l'une de leurs chansons décrit bien l'excuse préférée d'une bonne partie de notre société pour expliquer leur supposée impuissance à faire quelque chose pour changer ce qui doit l'être, la STAKOSE. Ce n'est pas de MA faute, car  c'tà cause de ci, c'tà cause de ça, etc. Je sais qu'il est plus facile de faire porter le blâme sur autrui que d'agir soi-même, mais ensemble, nous pouvons faire bouger les choses.



Les suggestions des vins de la semaine, c'est par ici.


jeudi 22 novembre 2012

Éditorial #12 - CES PASTILLES DE GOÛT QUI NOUS LAISSENT UN ARRIÈRE-GOÛT


NOTE: Ce texte a aussi été publié  dans Le Huffington Post Québec le 22 novembre 2012. (voir ici).

L’une de mes principales motivations étant la propagation de connaissances utiles sur le vin pour le bénéfice du plus grand nombre, je dois dire que le système de classification de la SAQ connu sous le nom de « pastilles de goût » ne me satisfait aucunement.

Élaboré il y a quelques années, ce modèle est supposé réussir à classer tous les vins du monde entier en 8 pastilles (4 pour les blancs, 4 pour les rouges).  À partir de ces mêmes 8 pastilles on se sert aussi de 3 d'entre elles pour les rosés, 3 pour les champagnes et mousseux, et de 3 pour les cidres. Ce système est beaucoup trop limitatif et approximatif pour décrire avec précision toute la complexité que l’on retrouve dans le vin. Celui-ci pourrait convenir à classifier les goûts d’aliments ou de boisson plus simples tel le café et encore, j’en suis loin d’en être certain. 

Je veux bien croire que l’on ait tenté de simplifier au maximum la description des vins pour  la clientèle mais on dirait que l’on a évalué que les consommateurs étaient incapables du moindre effort intellectuel, uniquement en mesure de comprendre des concepts du niveau de la maternelle (des petits ronds, de la couleur, et deux mots à l'intérieur).

Variation

Certaines personnes ont remarqué qu’à l’occasion certains vins changeaient de pastilles. Il semblerait que le comité de 3-4 personnes, des employés de  la SAQ chargés d’attribuer les pastilles de goût des vins, officiellement à l’unanimité, ont parfois de sérieux désaccords entre elles dans l’attribution de ces pastilles. Je plains au fond ces personnes à qui l’on demande l’impossible, soit de classer l’inclassable en utilisant un système incomplet et inapproprié. Ce ne sont pas les débats qui doivent manquer à ce comité!

Addition

Je viens de remarquer à la page 11 de la circulaire promotionnelle en vigueur du 8 au 25 novembre 2012 (Vins en fête), que la SAQ vient d’ajouter une 9è pastille à son tableau et qu’elle a appelée “Fruité et extra-doux”! Ainsi donc, celle-ci vient de réaliser après 5 ans qu’elle n’y avait rien dans son modèle qui convenait aux vins blancs liquoreux. Malheureusement ce n’est pas en ajoutant une pastille de temps en temps que l’on finira par faire de ce modèle bancal un outil efficace de classification des vins du monde entier.

Illusion

En plus d’être à toute fin pratique inefficace, ce modèle donne aux consommateurs la fausse impression qu’ils ont acquis certaines connaissances de base utiles et pratiques, un genre de compréhension instantanée qui s’acquerrait après avoir avalé une pilule miracle. Or, il n’y a rien de plus néfaste que quelqu’un qui croit à tort savoir quelque chose alors qu’il n’en est rien. 

Abdication

Bénéficiant depuis 1921 du monopole de la vente du vin, des alcools et des spiritueux au Québec (on se demande comment le monopole de la vente de la bière a bien pu leur échapper), la Société des Alcools du Québec a un devoir implicite d’éducation et d’information de toute première qualité envers sa clientèle. Ce système simplet et pseudo-éducatif que sont les pastilles de goût qui doit en principe fournir une information précise pour identifier les vins est plutôt le reflet d’un renoncement face à cette importante obligation.

Non utilisation

Avez-vous déjà entendu un conseiller en vins de la SAQ (très bien formés pour la plupart) vous parlez de la pastille de goût du vin qu’il vous suggère? Moi, jamais. Normal, ceux-ci admettant à mots couverts son inutilité.  L’immense majorité des personnes possédant une connaissance profonde du monde du vin n’utilisent à peu près pas, voire pas du tout, cette méthode  de classification. Avez-vous remarqué que les rares personnes qui en vantent les mérites travaillent en général pour la SAQ, ou bien y ont déjà travaillé? 

Ainsi, la plupart des chroniqueurs de vins des différents médias incluant moi-même, pour décrire les vins qu’ils vous présentent, vous mentionneront les cépages et les arômes, vous décriront la bouche, la structure, l’équilibre et la longueur de ces vins….et jamais (ou presque) la pastille de goût à laquelle la SAQ associe ces vins. 

Intimidation et dérision

Si cette méthode serait aussi géniale que l’on veut bien nous laisser croire, elle se serait répandue rapidement à travers le monde, n’est-ce pas? Et bien on attend toujours cette fulgurante propagation! Vous devriez voir l’air plus qu’étonné des producteurs étrangers lorsqu’ils nous visitent et se demandent en visitant quelques succursales de la SAQ la signification de cette drôle de petite rondelle de couleur censée décrire leur produit! Puisque je ne désire pas tomber dans la vulgarité, je me garderai de vous rapporter leurs commentaires

Étant donné que l’on est OBLIGÉ de traiter avec la SAQ pour vendre du vin au Québec, vous vous doutez bien que tous les producteurs, toutes les agences et presque tous les chroniqueurs spécialisés, intimidés par ce monopole d’état tout puissant et craignant les représailles, se gardent bien de dévoiler publiquement le fond de leur pensée au sujet des pastilles de goût, lesquelles représentent un bon sujet de rigolade en dehors de notre très distincte société québécoise. Quand nous en aurons marre de faire rire de nous, alors peut être déciderons-nous de faire bouger les choses.

Confusion

En plus d’être infantile, cette méthode de classification sème la confusion chez la clientèle. Il y a quelques semaines, dans une succursale de la région de Montréal où je faisais quelques achats, avait lieu une dégustation gratuite d’un vin rouge intéressant. L’employée qui s’acquittait bien de cette tâche demanda alors gentiment à une dame dans la quarantaine si elle voulait goûter au vin proposé.  Cette dame refusa catégoriquement de découvrir  ce vin pourtant délicieux car dit-elle « ce vin n’est pas dans ma pastille de goût ! » Cette dame avait erronément compris que chaque personne devait trouver « la » pastille de goût qui lui convient  et se confiner par la suite dans celle-ci jusqu’à la fin de ses jours. Quel gâchis!

Exploitation 

Bien que ce système soit, comme nous venons de le voir, tout à fait inapproprié pour décrire correctement les vins, la SAQ imposerait semble-t-il des frais aux agences et aux restaurateurs pour pouvoir utiliser ces pastilles de goût sur leurs listes de produits ou sur leurs cartes des vins.

Après les taxes sur les biens et services utiles, nous voici donc rendus à taxer l’inefficacité et l’inutilité. On n’arrête pas le progrès. Alors que les alchimistes du Moyen-âge ont échoué à transmuter le vil métal qu’est le plomb en or, la SAQ a réussi le tour de force, à partir d’un système de classification boiteux, à produire de l’argent.  Pas mal du tout. 

Élimination? 

Sommes-nous au Québec si habitués à la médiocrité que non seulement nous ne la dénonçons pas mais que nous ne la remarquons même plus?

Notre bien-aimé monopole d’état aura-t-il un jour la lucidité et l'humilité de reconnaître l’échec total de ce modèle dans la contribution à l’éducation de sa clientèle? Sans aller aussi loin qu’un propriétaire de restaurant que je fréquente à l’occasion qui qualifie les pastilles de goût de « pastilles d’égout », je ne peux que vous suggérer de continuer à faire ce que la grande majorité des gens font, c’est-à-dire d’en ignorer complètement l’existence. 

Précision 

On pourrait croire à tort que je serais près demain matin à faire table rase de notre système québécois de commercialisation des vins et spiritueux et à tout privatiser. Or, il n’en est rien.

Malgré certains inconvénients, celui-ci a plusieurs avantages (diversité de l’offre, accessibilité sur tout le territoire, contrôle de la qualité, etc.). Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. J’essaie (sans doute en vain) de réveiller ce géant endormi qui a tout le potentiel voulu pour devenir l’un des meilleurs et des plus complets réseaux de distribution de vin au monde. Cela débute par une certaine ouverture à la critique positive et articulée, par l'acceptation de se remettre parfois en question, et par le désir de modifier au besoin certaines manières de faire les choses.

Conclusion 

Les pastilles de goût reposent sur un modèle où le consommateur n’apprend rien de vraiment concret et demeure dépendant d'une information brouillonne et incomplète. Seule une évaluation du vin qui tient compte de la composition des cépages peut rendre le consommateur indépendant, lui permettant de penser, de comprendre, de décider et de choisir adéquatement les produits qui lui conviennent. (voir mon billet « Découvrez les cépages et percez les mystères du vin »). 

Si au lieu de la mise en place des pastilles de goût il y a environ cinq ans,  la SAQ avait plutôt misé sur la divulgation et  l’explication des cépages, la clientèle québécoise serait certainement beaucoup mieux formée et informée qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Entre l’esclavage et la liberté, que préférez-vous?  Entre l’ignorance et la connaissance, que choisirez-vous?


Mes suggestions de la semaine:

Pour votre plus grand plaisir, voici quelques très bons vins que je vous invite à découvrir; les informations de base essentielles sont mentionnées pour chacun d’eux (mais ne cherchez pas en vain leur pastille de goût!).

Vin blanc


Chardonnay, Les Parelles, Côtes-du-Jura, Juravinum, 2008, France

Cépage:  100% Chardonnay
Code #:   11195641
Prix:        18,40$
Servir:     12° Celsius

Voici un type de vin que peu de chroniqueurs vous parleront de peur de déplaire à leur lectorat. Je vous encourage pour ma part à  plutôt essayer ce vin, histoire de former votre palais à quelque chose de différent. Il est idéal pour s'initier aux vins blancs qui ont subi une certaine oxydation (d'où le mot "Tradition" sur l'étiquette), c'est-à-dire qu'il a été élevé sous voile de levures pendant au moins un an. Il développe ainsi un nez de noix et une finale plus sèche. Plutôt qu'à l'apéro, on le servira à table, accompagné de fruits de mer, poissons et viandes blanches nappés de sauce à la crème, avec du fromage (Comté) ainsi que la raclette!

Vins rouges


Il Ducale, Ruffino, Toscana, 2010, Italie

Cépages: 60% Sangiovese (pour l'élégance), 20% Merlot (pour la rondeur) et 20% Syrah (pour le fruit noir épicé et la texture soyeuse)
Code #:   11133204 
Prix:       18,95$
Servir     16° Celsius 
Carafer:  20 minutes

Selon la petite histoire, le Duc d'Aoste aurait en 1890 tellement aimé les vins de cette maison que celle-ci devint le fournisseur officiel de la Cour royale d'Italie.  Ce vin, de part son nom (réservé pour le Duc) commémore cet évènement. Il dégage des arômes de mûre et de cassis et d'épices. La bouche est souple  et équilibrée et laisse un palais légèrement rugueux en finale soutenue par une petite amertume rafraîchissante. Un vin de Toscane auquel on a apporté avec le Merlot et la Syrah une touche moderne et internationale. Remarquez que le producteur a choisi d'indiquer sur son étiquette les noms et les % des cépages de son vin. Bravo!
 

Moulin-à-Vent, Henry Fessy, 2010, France

Cépage:  100% Gamay
Code #:  11589818
Prix:        21,65$
Servir:    14-15° Celsius

Oubliez le beaujolais nouveau qui n'est qu'une opération de marketing servant à écouler rapidement le tiers de la production de cette région à prix fort (après tout il faut bien que le transport en avion se paye), et offrez-vous beaucoup plus de plaisir et de vin pour à peine quelques dollars de plus. Un joli nez de framboise et de cassis laisse présager un  vin qui se révèle fruité et quelque peu minéral en bouche. D'ailleurs celle-ci est souple et légèrement charnue grâce à de beaux tanins mûrs et se prolonge assez longtemps. En plus d'être délicieux maintenant, ce vin peut aussi vieillir quelques années en cave. Assez subtil pour votre gigot d'agneau, mais assez profond pour la côte de boeuf au jus.