La catégorie des produits sans alcool incluant le vin connaît une indéniable progression de ses ventes depuis quelques années. Je vous livrerai ici mon opinion à propos des "vins sans alcool."
Je ne traiterai cependant pas (une autre fois peut-être) de l'événement "Dry January". Cela relève d'une décision personnelle qui peut s'avérer bénéfique pour certains et inutiles pour d'autres, surtout si on le fait pour les mauvaises raisons.
J'aimerais plutôt commenter en 3 points la manière discutable dont on fait le marketing des vins dits "sans alcool".
1. Sans alcool, vraiment?
On ne le dit pas ouvertement, mais la publicité vise subjectivement les personnes qui pensent que l'alcool, même pris en quantité raisonnable, c'est nocif pour la santé.
L'affirmation "Sans alcool" est donc très attirante pour celles-ci. Mais est-ce bien le cas? Et bien non. Il est impossible de désalcooliser complètement un vin. La plupart affiche en moyenne une quantité résiduelle d'alcool d'environ 0,5% (au point où ces produits ne sont pas recommandés aux personnes en sevrage alcoolique).
Voici un exemple d'une publicité européenne:
Même les médias et certains chroniqueurs d'ici répètent sans trop y penser cet oubli volontaire des producteurs:
Logiquement 0% en alcool ne peut que signifier aucun alcool. Or, dans les "vins sans alcool" il y en a peu, mais il y en a. Ces pubs sont donc inexactes, voire à la limite trompeuses.
En toute honnêteté, il faut dire que la communication de la SAQ est plus précise à cet égard.
2. Meilleurs pour la santé, vraiment?
Certaines personnes consomment ces produits pour plusieurs raisons: femmes enceintes, chauffeur désigné, pour faire des économies, etc.
Mais l'un des arguments souvent utilisés dans les publicités est l'argument que c'est bon pour votre santé, car on vous l'a souvent répété, l'alcool c'est nocif et c'est moralement condamnable n'est-ce pas?
Je ne sais pas si vous l'avez déjà remarqué, mais les vins dits sans alcool ont des teneurs en sucre résiduel à provoquer l'hyperglycémie chez un diabétique. De 40 à 50 grammes de sucre par litre le plus souvent, et parfois même plus de 60 grammes! (Vérifiez sur www.saq.com). Rappelons qu'un vin tranquille n'est plus considéré comme sec, à partir de 4 grammes de sucre par litre. Et ça évidemment, les producteurs n'en parlent presque jamais.
On avance souvent l'argument que l'absence d'alcool rend le produit moins calorique. C'est vrai. Mais n'oublions pas que le sucre qui y est présent annule en partie cet avantage.
Boire du vin bourré de sucre avec presque pas d'alcool au lieu de vin avec un peu d'alcool et presque pas de sucre dans l'unique but de préserver sa santé me semble un choix plutôt curieux et contre-productif.
Il faut dire qu'ils n'ont pas le choix. La désalcoolisation rend le goût du produit plus acide et élimine la sensation de volume en bouche. Pour rendre le produit plus équilibré et buvable, l'ajout de sucre représente une solution peu coûteuse.
Si on arrive à créer d'assez bonnes bières et des cocktails sans alcool (mocktails) avec des saveurs très proches des produits d'origine puisque ceux-ci renferment déjà du sucre, le résultat est selon moi loin d'être convaincant lorsqu'il s'agit du vin.
3. Ce n'est pas du vin!
Mais là où on frôle la malhonnêteté intellectuelle, c'est dans la dénomination du produit: Vin sans alcool. Je veux bien croire que le mot "vin" fait vendre, mais son utilisation ne devrait pas être permise pour ces produits.
Examinons la définition légale de ce qu'est un vin. Il est est le résultat de la fermentation des sucres naturels du raisin sous l'action de levures. Son degré minimum en alcool ne peut être inférieur à 8,5% (voir ici).
Si on retire presque tout l'alcool d'un vin, ce n'est plus du vin, point barre. Il s'agit plutôt d'une boisson désalcoolisée à partir de vin.
Je le répète, vous avez le droit d'en boire, mais ce n'est pas du vin. Soyons précis.
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