Dans cette rubrique, nous citons des personnes ou des organismes qui ont fait des déclarations publiques à propos de notre monopole étatique sur l'alcool. À vous de juger de la pertinence et de la crédibilité de leurs propos.
Date de la déclaration: le 17 janvier 2015
Médias: Communiqué de presse + TVA Nouvelles
Plusieurs médias ont repris l'essentiel du message de ce syndicat qui a été diffusé dans la foulée de la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 88, afin de permettre aux vignerons québécois de vendre directement leurs produits dans les épiceries.
J'aimerais soulever ici quelques points.
Note: le lecteur est prié de lire ce billet jusqu'au bout avant de grimper dans les rideaux.
1) L'analyse des produits
On lit dans ce communiqué que ''La CSN constate également que le projet de loi actuel ne prévoit pas l'obligation de faire analyser les produits par le laboratoire de la SAQ pour en vérifier la provenance et s'assurer de leur qualité. Ces analyses pourraient donc être effectuées par des laboratoires indépendants, ce que déplore la présidente du Syndicat du personnel technique et professionnel de la Société des alcools du Québec (SPTP SAQ CSN), Sandrine Thériault."
Or, que dit le projet de loi 88?
Tous les vins québécois vendus dans les épiceries seront donc analysés par un laboratoire compétent. On suggère erronément ici que l'obligation de faire analyser les produits n'existera plus. Faux. S'il s'agit d'un autre laboratoire que celui du monopole, celui-ci doit être reconnu par la SAQ. C'est tout. Nul besoin de tenter d'alarmer la population en leur faisant croire qu'il y a un risque qu'elle pourrait boire n'importe quoi.
2) Moins de contrôle dans le privé
Toujours dans ce communiqué on y lit: La CSN se demande si le gouvernement a réfléchi au danger que représente une augmentation de la présence de produits de l'alcool dans les épiceries et autres points de vente privé. « Est-ce que les employé-es de ces magasins auront la même sensibilité ? se questionne Alexandre Joly.
Vraiment? Le projet de loi 88 restreint l'accès au réseau des épiceries et dépanneurs aux produits ayant un maximum de 16% d'alcool, du vin donc pour la plupart. Sait-on que l'on retrouve du vin dans les épiceries québécoises, un réseau privé, depuis 1978 sans qu'il y ait eu des émeutes dans les rues. Il semblerait que pour ce syndicat, permettre aux vins québécois d'être vendus dans les épiceries augmenterait le risque des méfaits de l'alcool. Attention, violence en vue! Lorsque l'on ne peut convaincre les gens avec des arguments rationnels, il est tentant d'utiliser la peur. C'est bien connu, lorsque l'on a peur, il devient très difficile de réfléchir.
Il n'y a pourtant aucune différence avec la situation qui prévaut maintenant. Ah oui une. Ces produits ne seront pas vendus par des employés de ce syndicat. Pas de quoi avoir peur.
3) Sans nos membres, point de salut!
Pour être bien certain que le message porte, on décide alors de jouer également sur la thème de la vertu. Les vins québécois vendus dans les épiceries favoriseront la vente de l'alcool aux mineurs. Rien que ça! (voir ici)
Encore une fois, il se vend du vin dans les épiceries et dépanneurs depuis plus de 37 ans et dont le personnel (oh scandale!) ne fait pas partie de votre syndicat mais de celui des TUAC, pour la plupart des employés en épiceries. Et il n'y a jamais eu de problème de vente à des mineurs à cause de ça.
Je comprends tout à fait la position de la CSN qui est légitime, soit protéger ses membres avant tout. Idéalement, ce syndicat voudrait que toutes les boissons alcoolisées ne soient vendues que par l'entremise du monopole «qui n'est pas qu'une entreprise commerciale juste là pour vendre davantage» (sic) et où travaillent ses 6,000 membres-cotisants. Ils ont le droit de penser ainsi. Mais vouloir défendre un système à tout prix en utilisant des arguments fallacieux et qui ne tiennent pas la route dans l'unique but d'effrayer les gens pour qu'aucun changement ne survienne jamais, me donne l'impression que ce syndicat n'aide ainsi pas sa cause, au contraire.
Le jupon dépasse et c'est malheureusement bien évident. À leur place, je réviserai cette stratégie de communication.
Comprenez-moi bien. Je ne suis pas anti-syndical. Je suis simplement contre la manipulation, que celle-ci provienne d'un gouvernement, d'un syndicat ou d'un monopole. Les consommateurs ne sont pas dupes. Ils savent en général reconnaître lorsqu'un gouvernement, un syndicat ou un organisme, parle dans l'intérêt de la population ou plutôt dans le leur.
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