Suite à la publication la semaine dernière de mon billet sur les vins d'épiceries et de dépanneurs, j'ai reçu un très intéressant courriel de la part d'un directeur important à l'emploi de l'un des embouteilleurs locaux au Québec.
Ce courriel ayant été envoyé à titre personnel et non à titre officiel, vous me permettrez de ne pas divulguer son nom. Cette personne désirait apporter quelques précisions, tout en soulignant les points avec lesquels elle était en accord et ceux avec lesquels elle était en désaccord.
Afin de demeurer objectif, et puisque je crois qu''il est toujours intéressant de connaître le point de vue de quelqu'un "de l'intérieur", je vais vous livrer un résumé de ce long courriel avec mes commentaires.
Afin d'en faciliter la compréhension, j'ai groupé les points mentionnés en 3 catégories.
Début du courriel: J'ai lu avec intérêt votre blogue sur les vins d'épiceries...Vous avez une très bonne connaissance de la situation et je crois, qu'en plusieurs points, votre article éclaire très bien les consommateurs.
Les points où le directeur est d'accord
- Vous avez raison de dire que les vins d'épiceries sont fortement taxés et que le prix de vente d'une bouteille est composé de 2/3 de taxes. Par contre, ce sont les mêmes taxes à la SAQ pour les produits embouteillés à l'origine. Votre article n'est pas clair à ce sujet.
Commentaire: Le tableau des taxes applicables sur une bouteille de vin que j'ai mis dans l'article provenait du dernier rapport annuel de la SAQ; ceci s'applique évidemment pour tous les vins vendus au Québec, SAQ comme épiceries; si ce n'était pas suffisamment clair, cela l'est maintenant.
-Vous avez raison de dénoncer l'interdiction d'indiquer les cépages ou la zone de production.
Commentaire: Nous sommes bien d'accord.
Les points de désaccord
- Il aurait été intéressant que vous finissiez votre article en comparant les vins d'épiceries à des vins de la SAQ (à prix égal). Nous effectuons cet exercice régulièrement...
Commentaire: Mon billet était déjà très long (+ de 2,300 mots); le sujet que vous proposez mériterait un billet à lui seul; j'essaierai de faire cet comparaison ultérieurement.
-Vous omettez de dire que plusieurs de ces vins ont remportés différentes médailles dans des concours internationaux tels les Sélections Mondiales, la Coupe des Nations, le concours international de Bruxelles ou l'Intervin compétition.
Commentaire: le but du billet était d'expliquer les rouages ainsi que les lois et règlements entourant la commercialisation du vin dans les épiceries et dépanneurs et non de juger les produits en tant que tels; j'ai même écrit dans le billet qu'il pouvait y en avoir des bons; mais l'aurais-je fait que je n'aurais pas tenu compte de ces concours; à notre club de dégustation nous n'en tenons pas compte même pour les grands crus classés que nous dégustons car nous préférons faire notre propre opinion.
-Vous faites référence à la qualité aléatoire des vins d'épiceries. Plusieurs vins vendus à la SAQ ont une qualité variable. Le vin est une matière vivante qui se fait influencer par plusieurs facteurs. Même deux bouteilles d'une même caisse, conservées dans des conditions optimales auront un goût différent dans 3 à 6 mois.
Commentaire: Bien que ce que vous dites soit vrai, puisque la législation permet aux embouteilleurs locaux de varier leurs sources d'approvisionnement et d'avoir des cépages différents pour une marque issue d'un même pays, je crois que les chances d'avoir des résultats variables sont plus grandes avec les vins d'épiceries.
Les nuances et les précisions
-Les vins importés n'arrivent plus vraiment par pinardier, mais plutôt par conteneur-citerne de 240hl où le vin est conditionné dans une poche géante (style BIB).
Commentaire: 240 hectolitres cela donne 24,000 litres; cela fait toute une poche! Il est quelque peu rassurant toutefois de savoir que cette poche est conditionnée, préservant ainsi sans doute mieux le vin de l'air que dans un bateau-citerne.
-La façon d'acheter du vin n'est pas très différente des grandes marques populaire vendues à la SAQ. Le mode d'embouteillage l'est. Comment pensez-vous que les marques à grands volume comme Yellow Tail, Cupcake, Grand Sud, etc. s'approvisionnent en vin? Les compagnies derrière ces marques ont des ententes d'approvisionnement avec différents producteurs locaux de la même façon qu'on peut le faire. Les vins sont transportés des sites de vinification aux sites d'embouteillage par citerne (similaire à ce que l'on utilise).
Commentaire: Remarque pertinente, instructive et très intéressante
-L'embouteillage local a ses avantages. Cette industrie emploie des centaines de personnes au Québec. Des emplois qui sont dans les pays étrangers quand le vin est embouteillé à l'origine.
Commentaire: Point valable; je n'ai jamais dit non plus qu'il fallait complètement éliminer l'embouteillage local; remarquons toutefois que si ce principe représentait la perfection, nous importerions les légumes en vrac et nous les mettrions en conserves localement, cela créerait des emplois ici; nous ne le faisons pas car la qualité est supérieure si les légumes sont mis en conserve près de lieux de production.
-Vous faites référence à la liste de produits qui peuvent être ajoutés dans le vin. Tous les pays, ou presque, autorisent un certain nombre de produits qui puissent être ajouté au vin lors de la vinification. Ce n'est pas une exclusivité du vin d'épicerie.
Commentaire: En effet, cela est valable pour tous le vins; la liste des produits additifs autorisés varie d'un pays à l'autre; à titre d'exemple, voici un lien qui nomme une partie (environ 300) des produits autorisés en France qui a l'une des législation la plus rigoureuse sur le vin:
FIN DU RÉSUMÉ DU COURRIEL
J'espère que mon envoyeur sera satisfait de la visibilité que j'ai accordée à ses précisions et commentaires en les faisant connaître à tous mes lecteurs.
En plus d'être instructif à plusieurs égards, j'ai apprécié le ton ouvert et positif de son auteur et je le remercie d'avoir ainsi participé à ce débat.
Contrairement à l'attitude habituelle de la SAQ, il a défendu honorablement sa position, tout en ne niant pas les faits évidents et sans chercher non plus à les dénaturer.
S'il n'en tenait qu'à moi, je vous nommerais demain matin, président du conseil d'administration de la SAQ. Avec vous, un dialogue sensé et constructif pourrait avoir lieu.
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