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lundi 7 mai 2012

Éditorial # 7 - LES CONSOMMATEURS DE VIN DU QUÉBEC ONT-ILS DES DROITS?


En vertu du code civil du Québec, nous dirons que oui....quelques-uns du moins; mais il est intéressant d'analyser dans les faits de quelle manière ceux-ci  s'exercent généralement et si, dans un contexte de monopole, ceux-ci sont limités ou non.

Cette question est d'autant plus pertinente qu'un client montréalais, M. Jean-René Jasmin, a demandé en cette première semaine d'avril à la Cour Supérieure du Québec, l'autorisation d'exercer un recours collectif contre la Société des Alcools du Québec (SAQ). Ce consommateur allègue que la SAQ abuserait de sa situation monopolistique et vendrait ainsi ses produits au moins 30% trop cher.

Rappelons que contrairement à Hydro-Québec (un autre monopole d'état) dont  les augmentations tarifaires sont balisées, vérifiées et approuvées par la Régie de l'Énergie, la SAQ n'est soumise à aucune mécanisme de contrôle par un organisme indépendant. Le chroniqueur du Journal de Montréal, Claude Langlois, en parle entre autres de ce point dans un excellent article fouillé sur les nouvelles pratiques de mise en marché de la SAQ. À lire impérativement pour avoir une bonne idée de la situation qui prévaut au Québec.....ICI.

Si nous devions dresser une courte liste des principaux droits "normaux et fondamentaux" que les consommateurs de vin devraient s'attendre à pouvoir bénéficier en ce début de XXI è siècle, nous aurions entres autres ceux-ci:

1. Écoute et défense de la clientèle
 
Lorsque l'on visite le site internet de la SAQ (www.saq.com), il faut regarder longtemps avant de comprendre que si l'on clique sur la rubrique "Contactez-nous" et que l'on déroule ensuite le long bandeau, on pourra trouver dans celui-ci un endroit indentifié "Plaintes".  Ne cherchez pas de rubrique "Service à la clientèle", vous n'en trouverez pas.  C'est tout dire de l'importance que la SAQ accorde à ce chapitre. Aucune entreprise en concurrence avec d'autres ne peut survivre à long terme en négligeant d'écouter sa clientèle...sauf un monopole bien sûr! Monopole de vente n'implique pas nécessairement monopole de la vérité.

2. Bénéficier de prix concurrentiels

Lorsque  l'on bénéficie d'un monopole et qu'il n'existe aucun concurrent, il est difficile de s'auto-réglementer et à long terme, de résister à la tentation de vendre ses produits plus chers qu'ils ne le devraient. La SAQ en fournit ici la preuve de cet énoncé.  Sans vouloir vous faire pleurer, je ne vous apprendrai certainement rien si je vous dis que sur une bouteille de vin vendue 15.00$ par la SAQ, le producteur en reçoit à peine le tiers, soit environ 5,00$.  On s'aperçoit ainsi que le consommateur de vin québécois a plutôt des taxes, des frais et du profit dans son verre que du vin! Souvent, ce même vin est offert à 9,95$ ou moins aux États-Unis et à environ 5 Euros (~6,50$) en Europe. On comprend un peu mieux alors sur quoi repose le recours collectif que nous évoquions au début.


3. Bénéficier d'une offre diversifiée

Si l'importation privée a pris un tel essor depuis les dernières années, c'est que le monopole d'état s'est avéré incapable de sélectionner et d'offrir sur ses tablettes de nouveaux produits répondant aux besoins des consommateurs de mieux en mieux informés et à ceux de restaurateurs à la fine pointe des tendances en matière de vin. Oui le Mouton-Cadet et le Pisse-Dru sont des produits corrects et honnêtes qu'il fait bon boire à l'occasion mais il y en existent beaucoup d'autres qui sont encore malheureusement absents au QuébecIl arrive aussi fréquemment que la LCBO (Ontario) devance de plusieurs mois sa rivale québécoise en ce qui concerne l'introduction de nouveaux vins sur le teritoire canadien.  Pourquoi les consommateurs québécois doivent-ils souvent  attendre plus longtemps avant de goûter à certains nouveax produits?  Il semblerait que le domaine du vin évolue et bouge plus rapidement que la plupart des administrateurs de la SAQ.

4. Bénéficier d'une information complète sur les vins

À notre connaissance, il n'existe aucun domaine où le détaillant ne prend pas la peine de fournir un minimum d'informations accessibles directement aux consommateurs sur les produits qu'il vend, sauf pour la vente du vin par la SAQ.  Depuis déjà plusieurs années, nous déplorons que l'information de base  sur les vins vendus par la SAQ (mention des cépages avec leurs % respectifs) ne soit pas au moins indiquée sur leur site internet. En début d'année, celle-ci a décidé de (partiellement) le faire, ne réglant en rien cette situation et la rendant parfois même plus nébuleuse:


S'il existait une loi au Québec obligeant les détaillants (privés ou d'état) à fournir aux consommateurs l'information de base sur les produits qu'ils vendent, nous pourrions afin avoir accès à celle-ci.


5. Ne pas être manipulés par des promotions biaisées

Nous apprenions le 17 avril dernier grâce à un article de la jeune journaliste de La Presse, Karyne Duplessis-Piché que la SAQ aurait menti en disant qu'elle n'avait pas  rémunéré un critique de vins influent, M. James Suckling, pour que celui-ci déguste et note généreusement des vins dont la SAQ faisait par la suite la promotion. Voici le lien de l'article en question:


Que la SAQ n'accorde guère d'importance à offrir le meilleur service à ses millions de clients et qu'elle néglige de leur fournir un minimum d'informations sur les vins est une chose, mais qu'elle opte pour des méthodes douteuses dans le but de manipuler l'opinion des consommateurs à l'aide de critiques complaisants et biaisés pour augmenter ses ventes et ses profits en est une autre.  Le public peut-il encore continuer de lui accorder une une confiance aveugle?  Ce Monopole d'État est-il capable de se remettre lui-même en question? Si non, qui pourrait l'obliger à le faire?

Ne manquez pas notre prochain éditorial où nous tenterons d'identifier les personnes ou les organismes qui seraient en mesure de défendre les droits des consommateurs de vin du Québec.

À suivre.....

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