Nous
allons tenter de vous expliquer pourquoi nous n’attribuons pas un
pointage quelconque aux vins dégustés par le Club des Dégustateurs de
Grands Vins. Précisons dès le départ que ces vins sont toujours
analysés et évalués par notre groupe, sans toutefois leur attribuer une
note (ex: 91 points/100).
Nous considérons qu’une analyse détaillée faite selon des critères établis et dans laquelle des mots peuvent être utilisés pour décrire des impressions et des émotions est un outil beaucoup plus précis et efficace pour transmettre du dégustateur au lecteur une appréciation de la qualité et de la personnalité d’un vin.
Sachant fort bien que nous risquons de susciter la controverse, nous allons examiner le système de pointage le plus connu et qui a été dévelopé par les Américains, lequel attribue une note sur 100 à tous les vins. Un tel système ne peut qu’être imparfait. Ainsi, si 100 est la note d’un vin parfait, qui saura dire ce qu’est la perfection? Et si un jour le dégustateur donne cette note de 100 à un vin, convaincu d’avoir rencontré la perfection et que six mois plus tard il boit un vin supérieur au premier, quelle note devra-t-il décerner? 102? Pour que ce système ait quelques chances de fonctionner, il faudrait que tous les vins du monde soient évalués par le même dégustateur, lequel serait impartial, constant, et toujours infaillible, ce qui est bien sûr impossible.
La note ne dit pas tout
Nous voulons souligner ici les limites de tout système de pointage, quel qu’il soit. Un critique reconnu de vins aura beau donner une note de 93 points à un vin, si celui-ci est disons un Bourgogne et qu’en général vous n’appréciez pas vraiment les vins de cette région, cela n’en fera pas pour autant un vin qui vous plaira. Beaucoup de gens se fient aveuglément aux notes attribuées par les sommités connues du monde du vin et n’achètent que des vins cotés 90 points et plus. Ces mêmes personnes se privent donc souvent de découvrir des vins notés 87, 88 ou 89 points par ces mêmes sommités et qui leur auraient donné pourtant de grands plaisirs.
Résumer la complexité d'un vin par la seule attribution d'une note équivaut à tenter décrire le charme d'une femme par la lecture de ses seules mensurations!
Le vin est un produit complexe
Une autre limite de la plupart des systèmes de notation est qu’ils donnent une note pour le moment (année, jour , heure) où le vin a été dégusté. Or, plusieurs vins ont un le potentiel d’évolution dans le temps. Si un “expert” doit évaluer un grand cru classé de Bordeaux d’un bon millésime mais âgé de seulement 5 ans alors que ce vin atteindra son apogée uniquement 15 ans plus tard, quelle note devra-t-il lui donner? La plupart des critiques donneront immédiatement la note selon le potentiel qu’il atteindra 15 ans plus tard (disons 94 points) alors que lorsque dégusté jeune, il en méritait forcément moins (disons 88 points)… ce qui n’est pas très vendeur, avouons-le! Seule une analyse plus approfondie, rédigée sous forme de mots, arrive à refléter cette complexité.
Le vin est un produit vivant
Le vin est un peu comme l’être humain; il vit et évolue (dans sa bouteille). Auriez-vous l’idée saugrenue de vous mettre à donner une note à vos ami(e)s et /ou collègues de travail? Bien sûr que non! Ce sont des êtres vivants et complexes. Alors on évalue plutôt globalement : on aime ainsi soit un peu, beaucoup, passionnément, ou on n’aime pas du tout, n’est-ce pas? Alors faisons de même avec les vins; ce n’est pas à un inconnu, même expert, qui devrait vous dire ce que vous devriez aimer.
Le vin est un peu comme l’être humain; il vit et évolue (dans sa bouteille). Auriez-vous l’idée saugrenue de vous mettre à donner une note à vos ami(e)s et /ou collègues de travail? Bien sûr que non! Ce sont des êtres vivants et complexes. Alors on évalue plutôt globalement : on aime ainsi soit un peu, beaucoup, passionnément, ou on n’aime pas du tout, n’est-ce pas? Alors faisons de même avec les vins; ce n’est pas à un inconnu, même expert, qui devrait vous dire ce que vous devriez aimer.
La part de l’émotion
On l’a déjà dit dans l’éditorial #2, dans tout grand vin se retrouve une part d’insaisissabilité qui la plupart du temps suscite une émotion chez le dégustateur. On peut imaginer arriver à disséquer une vin en plusieurs parties (couleur, harmonie, longueur, etc.) et donner une note à chacune d’elles pour les additionner ensemble pour un score final. Mais une émotion personnelle, on chiffre ça combien et comment? On comprend ici qu’attribuer une note à des vins est sans rapport mathématique avec le plaisir de boire.
On l’a déjà dit dans l’éditorial #2, dans tout grand vin se retrouve une part d’insaisissabilité qui la plupart du temps suscite une émotion chez le dégustateur. On peut imaginer arriver à disséquer une vin en plusieurs parties (couleur, harmonie, longueur, etc.) et donner une note à chacune d’elles pour les additionner ensemble pour un score final. Mais une émotion personnelle, on chiffre ça combien et comment? On comprend ici qu’attribuer une note à des vins est sans rapport mathématique avec le plaisir de boire.
Ma note contre la tienne
À partir du moment où un dégustateur, selon son évaluation forcément imparfaite, donne une note à un vin, il fige drastiquement son appréciation pour ce vin. Lors d’une dégustation de groupe, tout désaccord ne pourra mener qu’à la confrontation. Ainsi, si quelqu’un attribue une note de 92 points à un vin et que vous arrivez à un score de 88 points, l’un des deux a forcément tort (quand ce n’est pas souvent les deux!). Chacun tentera de convaincre l’autre que c’est lui qui a raison avec SA note. Alors qu’une analyse détaillée avec des critères définis (corps, texture, harmonie, longueur, etc.) complétée par des mots comme celle pratiquée par le Club des Dégustateurs de Grands Vins favorise plutôt les échanges conviviaux et instructifs. C’est le vin que l’on met en vedette, pas son ego!
À qui servent les notes?
Le système de pointage sur 100 points est avant tout un ingénieux système de marketing développé pour frapper l’imaginaire des gens et faire la promotion de certains vins, surtout utilisé par trois catégories de personnes :
À partir du moment où un dégustateur, selon son évaluation forcément imparfaite, donne une note à un vin, il fige drastiquement son appréciation pour ce vin. Lors d’une dégustation de groupe, tout désaccord ne pourra mener qu’à la confrontation. Ainsi, si quelqu’un attribue une note de 92 points à un vin et que vous arrivez à un score de 88 points, l’un des deux a forcément tort (quand ce n’est pas souvent les deux!). Chacun tentera de convaincre l’autre que c’est lui qui a raison avec SA note. Alors qu’une analyse détaillée avec des critères définis (corps, texture, harmonie, longueur, etc.) complétée par des mots comme celle pratiquée par le Club des Dégustateurs de Grands Vins favorise plutôt les échanges conviviaux et instructifs. C’est le vin que l’on met en vedette, pas son ego!
À qui servent les notes?
Le système de pointage sur 100 points est avant tout un ingénieux système de marketing développé pour frapper l’imaginaire des gens et faire la promotion de certains vins, surtout utilisé par trois catégories de personnes :
- le producteur pour justifier le prix demandé au détaillant;
- le détaillant pour justifier le prix demandé au consommateur;
- le critique de vins pour justifier l’utilité de son travail.
- le détaillant pour justifier le prix demandé au consommateur;
- le critique de vins pour justifier l’utilité de son travail.
Alors, on note ou pas?
Il peut être commode, au cours d’une dégustation où l’on veut évaluer dix vins spécifiques, de leur attribuer une note individuelle pour déterminer entre eux leur position respective. Il peut être aussi pratique pour une personne novice dans la dégustation, de noter les vins qu’elle déguste afin de schématiser dans sa tête au début les rapports de tous ces vins différents entre eux. Mais la priorité absolue devrait être d’analyser les éléments de base (couleur, nez, goût, impressions, etc.) et de les écrire sur une fiche d’appréciation. Au fur et à mesure que cette personne prendra de l’assurance et de l’expérience, elle se rendra compte elle-même de l’inefficacité et de l’inutilité de tout système de pointage pour rendre compte de la complexité du vin.
Bien sûr, soyons réalistes, ces dits systèmes perdureront car plusieurs consommateurs eux-mêmes les réclament et les recherchent. Ils croient illusoirement ainsi pouvoir trier le bon du mauvais, et rapidement trouver l’Eldorado de la Connaissance par la simple lecture de chiffres défilant sous leurs yeux. Mais le vin n’est pas mathématique, il est poétique!
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