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vendredi 15 août 2014

Le Wine-Truck, bar à vins ambulant: oubliez-ça pour ici


La société américaine productrice des vins de l'Oregon, Union Wine Company, a eu une (excellente) idée : celle de monter un bar à vins ambulant, le "Wine-Truck Union Wine Co." Ledit camion est un ancien van Citroën de 1972 entièrement restauré. Ce dernier parcourt l'Oregon et propose à ses clients une sélection de bons vins servis dans une canette en aluminium (plus pratique pour pique-niquer).

Voir l'article (pour plus de détails intéressants)


Mais pour le moment, vaut mieux ne pas rêver en couleurs et espérer que cela pourrait se faire au Kébékistan, territoire que le gouvernement provincial a entouré d'un mur de Chine virtuel en ce qui concerne la manière de commercialiser l'alcool.

Tant que l'on ne modifiera pas la législation archaïque à ce sujet et dont certaines règles remontent à la prohibition, un projet comme celui de l'Orégon ne pourrait ici voir le jour, tel que décrit dans cet article.

Et si on le permettait, dans le cadre actuel de notre loi, les vins offerts par ce bar à vins ambulant, puisque vendus hors des succursales de la SAQ, ne pourraient être que  des vins importés en vrac, sans mention de cépages, et dont on ignorerait le nom des producteurs. Huuum, pas très invitant!

Si c'est pour avoir de la merde liquide bon marché produite ailleurs qui se balade sur quatre roues dans notre province de Québec, il est effectivement préférable de nous en passer. Nous sommes déjà ici très bien servis à cet effet.

vendredi 29 novembre 2013

À quand de la visibilité pour les vins du Québec?


Note: Ce texte a aussi été publié le 28 novembre 2013 dans le Huffington Post Québec (voir ici).


Si l'on veut vraiment que l'industrie vinicole québécoise dont la qualité s'améliore d'année en année puisse se développer, il faudra absolument que le gouvernement de notre province décide enfin de mettre en place les mesures qui lui permettront de prendre son essor comme l'a fait le gouvernement de l'Ontario il y a plus de trente ans. Et l'une de ces mesures est d'offrir de la visibilité à ces produits.

Avant d'entrer dans le vif de ce sujet, je me permettrai de vous rappeler que la Fête des Vins du Québec se tiendra au Marché Bonsecours à Montréal les 29 et 30 novembre et le 1ier décembre prochains. Une occasion unique de prendre connaissance d'une partie de l'offre québécoise sans avoir à faire vous-mêmes la tournée des vignobles.

Pour tous les détails sur ce salon, je vous invite à consulter le résumé complet qu'a dressé récemment dans ce média ma collègue Natalie Richard à ce propos (voir ici).

Après plus de trente ans, où la viticulture québécoise en est-elle rendue? Je vous dirais très bien au niveau du développement qualitatif des produits. On maîtrise de mieux en mieux la culture de la vigne dans ce climat qui est le nôtre. On arrive ainsi à produire des vins blancs de très bonne qualité, de délicieux vins rosés, des vins mousseux surprenants, et même des vins rouges plus que buvables!

Mais si l'on veut que l'industrie viticole participe de plus en plus au développement de l'économie québécoise et l'amener à un niveau supérieur, des changements s'imposent. Mais avant que les personnes qui sont allergiques à tout changement ne frissonnent de peur, laissez-moi tout d'abord vous exposer la suggestion qui suit, laquelle m'apparaît raisonnable et sensée.

Car pourquoi voudriez-vous que nos vignobles, au lieu de produire 10,000 bouteilles par année en produisent 100,000, s'il n'y a aucun espoir que leurs produits soient adéquatement distribués? C'est ce cri du cœur qu'a lancé en octobre dernier au gouvernement du Québec le président de l'Association des Vignerons du Québec, promettant même de faire des gestes d'éclat si la torpeur gouvernementale n'est pas bientôt secouée.

Il est en effet incompréhensible que des vins du bout du monde comme ceux de la Nouvelle-Zélande puissent facilement se retrouver sur les tablettes de succursales de la SAQ situées à quelques kilomètres de certains vignobles québécois alors que les vins du Québec y ont difficilement accès.

Et que dire des vins d'épiceries et de dépanneurs souvent importés en vrac de lointains pays tels le Chili ou bien l'Espagne qui ont plus de facilité que les nôtres à accéder à notre marché intérieur?

Le député libéral de Huntingdon, Stéphane Billette, dont la circonscription compte quelques vignobles, a préparé un projet de loi (#395) qui a été déposé en juin dernier auprès des députés de l'Assemblée Nationale et qui propose en autres mesures que la promotion des vins du Québec soit dorénavant incluse dans le mandat de la Société des Alcools du Québec (comme pour la LCBO en Ontario) et que les vins du Québec puissent aussi être distribués dans les épiceries licenciées.

Qui plus est, l'Association des Détaillants en Alimentation du Québec (ADA) qui regroupe 8,000 détaillants réclame déjà depuis plusieurs années des changements à la loi désuète sur la vente de vins dans les épiceries afin de lui permettre d'offrir à ses clients des vins de meilleure qualité. Dans un communiqué paru le 22 octobre dernier intitulé ''Ce n'est pas l'envie qui manque'' celle-ci se dit prête à accueillir avec joie les vins du Québec sur ses tablettes pour peu que le gouvernement y consente.

Les détaillants en alimentation sont prêts à en faire plus pour promouvoir les alcools québécois ... Depuis trop longtemps, les détaillants en alimentation ne peuvent pas offrir des accords avec tous les alcools de notre terroir : « Pourtant, quoi de plus naturel que de proposer une bonne bouteille de vin d'ici pour accompagner un des excellents fromages du Québec »

Afin d'aider la population à mieux comprendre les conséquences bénéfiques dont elle pourrait (peut être un jour) bénéficier, l'ADA a conçu des images publicitaires qui pourraient avoir cours alors, mettant en relief des accords de nourriture du Québec (fromages, viandes, poissons, fruits de mer) avec des vins de notre terroir.



Une telle chose ne serait-elle pas logique et souhaitable, d'autant plus que ceci respecte tout à fait l'esprit de la nouvelle politique sur la souveraineté alimentaire mise récemment de l'avant par l'actuel gouvernement du Québec?

Il y a quelques semaines, un lecteur m'avait par l'entremise d'un commentaire posée la question suivante: ''Êtes-vous un chroniqueur vin ou un chroniqueur politique?'' Je lui répondrai que je n'ai guère le choix d'être malheureusement les deux à la fois puisqu'au Québec tout passe par le gouvernement. Ce n'est donc pas moi qui s'immisce dans la politique mais plutôt le gouvernement qui s'ingère dans le vin.

En résumé:

- Les vignerons du Québec disent clairement avoir besoin de visibilité

-Les détaillants en alimentation du Québec déclarent qu'ils accueilleraient avec joie les vins du Québec sur leurs tablettes

-La population du Québec (et son économie) en bénéficierait grandement

-Un projet de loi existe et qui ne demande qu'à être adopté après avoir été discuté par les députés provinciaux

Or, notre gouvernement provincial pour une raison inconnue refuse toujours d'appeler le projet de loi # 395 du député Stéphane Billette afin que celui-ci soit étudié par les députés de l'Assemblée Nationale. 

Jalousie? Négligence? Partisanerie? Incapables que nous sommes à travailler ensemble, il semble que ce ne soit pas demain la veille que nous commencerons à combler le grand retard que nous accusons à cet égard face à notre voisine, la province de l'Ontario.

Il est tout de même décevant de constater que la plupart du temps ce sont les députés de l'Opposition qui ont les meilleures idées mais qu'une fois élus ils semblent les avoir perdues.

Je vous invite à consulter la quatrième et très intéressante dernière partie du vaste sondage qu'a mené la firme MBA Recherche sur le marché du vin au Québec.

On y apprend quelle est la perception de la population sur la Société des Alcools du Québec, sa gestion, sur son statut de monopole et son avenir.

Lien:  http://bit.ly/1jJMwiY


Suggestions de vins de la semaine:

J'aurais bien aimé vous proposer des vins du Québec mais devant le faible choix proposé dans les succursales de notre monopole, il m'aurait été difficile de vous conseiller des produits que vous auriez pu facilement trouvés à l'échelle du Québec. Espérons que la situation sera différente l'an prochain.

Vins blancs

Adega de Pegoes, Peninsula de Setubal, 2012, Portugal, 14,25$ (voir ici)

Viognier, The Y series, Yalumba, South Australia, 2012, Australie, 16,95$ (voir ici)

Vins rouges 

Cabernet/Merlot, Five vineyards, Mission Hill, Okanagan valley, Colombie-Britannique, 2009, Canada, 18,85$ (voir ici)

Devois des Agneaux, Coteaux du Languedoc, Vignobles JeanJean, 2011, France, 20,45$ (voir ici) 

Bonnes dégustations!


AJOUT: le 29 novembre 2013

À peine 24 heures après la publication de cet article dans le Huffington Post Québec et sur ce blogue, la Première Ministre du Québec, madame Pauline Marois, annonçait en conférence de presse quelques (timides) mesures qui aideront les producteurs de vin du Québec. Un petit pas, mais dans la bonne direction.

Lien vers la vidéo (6 min. 11 sec.):

jeudi 26 septembre 2013

DES CHRONIQUEURS VIN À INDÉPENDANCE VARIABLE


Note: Ce texte a aussi été publié en primeur le 25 septembre 2013 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

En cette ère de grande communication dans laquelle nous sommes supposés vivre, il est quelque peu étrange que l’information semble de plus en plus contrôlée. Suite à cette concentration au niveau du traitement de la nouvelle, de nombreux postes de journalistes ont été coupés. Certes on communique aujourd’hui beaucoup et à tout vent mais sommes nous mieux informés pour autant? Voyons ensemble comment cette tendance se traduit dans le monde du vin au Québec.

Certes on n’a jamais autant parlé et écrit sur le vin au Québec que maintenant. Les télés, les postes de radio, les quotidiens et journaux de quartier ont presque tous une chronique sur ce sujet puisque cela répond à un besoin des consommateurs qui recherchent de l’information. Bravo.

Mais encore faut-il, pour que cette information apparaisse crédible, qu’elle provienne d’une source non biaisée et objective, c’est-à-dire la plus indépendante possible, à l’abri de tout conflit d’intérêt. Agir autrement c’est faire douter de la qualité de l’information que l’on transmet. Tout comme pour la justice où il doit aussi avoir apparence de justice, l’information livrée au public doit pouvoir apparaître comme non manipulée.

Une situation troublante

Je n’ai moi-même appris que très récemment que la Société des Alcools, par l’entremise de son service des communications, avait une flopée de chroniqueurs vin qu’elle mettait gratuitement et sur demande à la disposition des médias privés. Après tout, cela n’est mentionné nulle part sur leur site internet.  On peut consulter sur le site de vinquebec.com un résumé sur ce sujet méconnu du grand public et que je vous invite à lire.

Le principe est simple : la société d'État qui a le monopole de la vente du vin au Québec, fournit et paie des chroniqueurs vin aux médias. Et ce sont surtout ces médias que je désire ici blâmer avant tout. Car en échange d’un coût nul, d’innombrables stations de radio, de magazines et d’hebdos régionaux à travers la province (plus d’une trentaine en 2010 et on ignore combien aujourd’hui), acceptent de livrer à leurs auditeurs et lecteurs de la publicité déguisée sous le noble prétexte qu’ils font de l’information publique. Publique peut être,  objective, non.

Le deal tacite est simple: tu me donnes du contenu et je te donne du temps d’antenne (ou de l’espace écrit) pour "ploguer" ton entreprise et tes produits. Car c’est bien connu, les médias ont besoin parfois d’un peu de contenu à placer entres leurs annonces publicitaires.

Information ou promotion?

Ils seraient ainsi 15 ou 16 employés rémunérés par la SAQ (et dont les textes sont vérifiés par un comité de relecture) à livrer ainsi régulièrement au grand public leurs diverses recommandations comme si ceux-ci  agissaient en  toute liberté, tel un chroniqueur indépendant le ferait. On dit qu’ils sont identifiés comme employés de la Société d’état mais certains sont parfois présentés dans les médias avec seulement leur titre de sommelier, semant alors la confusion parmi le public. Curieux mélange des genres.

Comme le souligne M. Gagnon de vinquebec.com, leurs propos sont aussi parfois retranscrits sur les sites des producteurs et des agences de vin. Est-ce qu'il y a une Agence de presse SAQ?

Comprenez-moi bien. Je n’ai rien personnellement contre ces personnes sans doute très sympathiques et compétentes sur le plan de la formation académique et dont je n’ai pas aujourd’hui publié les noms.  Elles  font probablement ce qu’elles peuvent dans le cadre et les limites de ce que leur employeur leur permet de faire. On dit ne rien leur imposer comme contenu mais on leur fait quand même des suggestions pour les thèmes saisonniers et les produits à mentionner dans leurs «chroniques» (entendre ceux des promotions en cours)

Et vous chers lecteurs et lectrices, quand votre employeur, celui qui signe votre chèque de paie,  vous fait des suggestions, les ignorez-vous ou bien en tenez-vous compte? 

Des chroniqueurs libres et indépendants?

La SAQ avance comme argument que ce sont les médias qui les approche pour de ce service. Et pour cause! Celui-ci leur est fourni gratuitement par notre monopole qui est trop heureux d’occuper (et surtout de contrôler) tout cet espace médiatique qui lui échapperait autrement s’il était confié à des chroniqueurs indépendants (informer impartialement le public, quelle horreur!).

Peut-on imaginer un seul instant que ces pseudo-chroniqueurs auront la liberté de vous informer que leur employeur élimine systématiquement les vins vendus moins de 10$? (voir ici). Que le nombre de produits vendus en deçà de 15$ fond comme neige au soleil? (voir ici). Que 91% des vins vendus dans le monde coûtent moins de 10$? (voir ici). Que la grille de sélection des produits de la SAQ attribue seulement 5 points sur 100 au critère spécifique de la qualité? (voir ici).Poser ces questions c'est y répondre.

Et sur un plan plus pratico-pratique, comment les consommateurs qui lisent ou écoutent ces chroniques peuvent-ils avoir la garantie que les suggestions de vins que ces employés du monopole leur font représentent vraiment les meilleurs rapports qualité/prix disponibles sur le marché et non ceux qui sont les plus rentables pour leur employeur de vendre? Il est tout à fait légitime pour le public de se poser ces questions.

Je ne dis pas non plus que tous les chroniqueurs indépendants du Québec sont nécessairement libres de toutes attaches et en tout temps non biaisés car ce serait impossible. Afin de ne plus avoir aucun doute sur l'impartialité des chroniqueurs vin, j'interdirais de pouvoir tenir de telles chroniques dans les médias à toute personne qui travaille comme employé ou à contrat avec la SAQ, ainsi qu'à tout autre personne qui a jadis été un employé cadre à temps plein pour le monopole.  La population ne doit en aucun cas imaginer qu'il existe une quelconque promiscuité entre les chroniqueurs vin que l'on retrouve dans les médias et la Société des Alcools du Québec.

Ne croyez-vous pas qu’un réel chroniqueur indépendant aura plus de chances de vous livrer un message impartial qu’un employé du monopole qui relève directement du service des communications de la SAQ?  

Et à ceux qui diront que j’enlève le pain de la bouche à ces employés de la SAQ déguisés en “chroniqueurs” je répondrai que ceux-ci ont déjà un travail à temps plein pour lequel ils sont très bien rémunérés par leur employeur, ce qui n’est pas du tout le cas des véritables chroniqueurs indépendants qui peinent souvent à gagner leur vie et dont les membres de ce bataillon en service commandé prennent de plus en plus la place.

La crédibilité des médias
  
Au risque de perdre leur crédibilité, les médias devront choisir. Si l’on fait une chronique, il s’agit alors d’information. Les principes de bases les plus sacrés de l’information est celui de l’impartialité et de l’objectivité. Pour tous les autres produits ou services où la concurrence existe, la loi exige que les publicités et les publi-reportages sont clairement identifiés comme tels. La situation est alors claire pour les consommateurs. On sait bien qu’un annonceur sera partial et l’on évaluera ses propos en tenant compte qu’il promeut avant tout son intérêt personnel.  S’il exagère ou ne dit pas toute la vérité, ses concurrents se feront une joie de répliquer.

Or, dans le cas présent, la déjà omniprésente et toute puissante Société des Alcools du Québec qui n’a aucune concurrence à affronter et personne pour la contredire, utilise ses propres employés pour vous livrer sous le couvert de chroniques informatives ses recommandations sur des produits qu’elle est la seule à avoir le droit de vendre. Double emploi et double abus.  
On pourrait presque croire qu’elle vous prend pour des pantins ou des robots. Tant qu’à faire donnons-lui les clés de notre libre arbitre et de notre portefeuille, ce sera plus simple.

Merci à Marie-Claude Journault pour son illustration
Adresse courriel: joure20@hotmail.com
Qu’ils en soient conscients ou non, les médias concernés, par unique souci d’économies, agissent avec complaisance envers la SAQ qui se trouve à la fois juge et partie lorsqu'elle permet à ses employés de tenir de telles chroniques.

Aurait-on l'idée de confier l'émission de télévision "Prenez le volant" au directeur de marketing de Ford Canada? Bien sûr que non. Pourquoi alors agit-on différemment quand il s'agit de la SAQ?
 
La responsabilité des médias

On qualifie souvent les médias de « quatrième pouvoir » car celui-ci est censé agir comme contrepoids aux trois premiers détenus par l’État (pouvoir législatif, exécutif et judiciaire). Dois-je rappeler qu’au Québec la vente de l’alcool relève exclusivement du gouvernement provincial?

En ne gardant pas une saine distance avec cette puissante créature gouvernementale que l’on appelle Société des Alcools du Québec, les médias qui utilisent ses services pour leurs chroniques sur le vin pour l’unique motif qu’elles sont gratuites, servent les intérêts du gouvernement, et manquent ainsi clairement à leurs devoirs envers la population de lui fournir en tout temps de l’information objective.

Chroniques et éthique

Je sais que certains médias évalueront mes propos à leurs égards peut être quelque peu sévères mais je désire qu’ils réfléchissent s’ils ne l’ont pas déjà fait  aux conséquences de cette douteuse pratique.  Quelques uns seront peut être même offusqués mais en ce qui concerne l’éthique, sur le fond de cette question, ils ne pourront pas dire que j’ai tort.

C’est bien beau pour une entreprise de vouloir faire diminuer ses coûts d’exploitation à tout prix mais lorsque poussée à l’extrême, cette pratique finit toujours par produire des dommages auprès de la population. La catastrophe ferroviaire qui s’est produite à Lac Mégantic en juillet dernier en est un exemple éloquent. Dans le cas présent, il n’y a bien sûr pas de morts, mais c’est tout de même le droit des gens à recevoir une information impartiale et non biaisée que l’on sacrifie, ce qui est selon moi inadmissible dans une société démocratique.

Adieu diversité d’opinions?

Détenant déjà le contrôle absolu de la vente d’alcool au Québec, la SAQ se dirige-t-elle maintenant vers un contrôle prédominant et tentaculaire de l’information à propos des produits qu’elle nous vend?

Pourquoi Le Devoir, le Journal de Montréal et le journal La Presse continueraient-ils de payer (ou remplaceraient-ils à leur départ) les respectés chroniqueurs qu’ils embauchent depuis des décennies, à savoir Jean Aubry, Claude Langlois et Jacques Benoît alors que, à l’instar de leurs compétiteurs, ces médias écrits pourraient avoir eux aussi des «chroniques» gratuites de la part du seul vendeur de vins autorisé au Québec? Plusieurs journaux le font déjà, pourquoi pas eux? Compétition oblige et «money talks» après tout. 

L’argent avant les beaux principes

Le gouvernement du Québec, gardien suprême en théorie des valeurs fondamentales de notre société (on n’a qu’à penser à la charte des valeurs québécoises qu’il nous a concoctée), à moins d'approuver cette mainmise quasi absolue sur l’information des vins vendus dans la province, doit immédiatement demander à la SAQ de cesser cette pratique. Mais à choisir entre les revenus et l’éthique, parions que le choix du gouvernement sera facile à faire. À ce sujet, mes doutes sont faibles.

Le gouvernement est très prompt à réagir et avec raison via son Office de Protection du Consommateur lorsqu’une entreprise privée fait de la publicité déguisée sous forme de campagne de santé publique ou d’information (voir cas en 2007 des gâteaux Vachon offerts dans les garderies). Mais lorsque c’est l’une de ces propres sociétés d’état qui fait la même chose, soit de promouvoir ses produits sous le couvert de chroniques d’information, on ferme les yeux. Deux poids, deux mesures.

Serait-ce parce que le gouvernement en est le principal bénéficiaire? Vous me direz peut être que dans l’exemple cité il s’agit de pub destiné aux enfants et c’est vrai; mais le stratagème utilisé est de la même nature et n’en demeure donc pas moins éthiquement condamnable. Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais.

Un principe est un principe

Vous qui me lisez, si vous êtes confortables avec la situation que je viens de vous décrire, vous devriez être conséquent avec vous-mêmes et ne pas rouspéter si l’on vous annonce demain  matin que les médias, par mesure d’économies, ont coupé tous les postes de ces inutiles et coûteux  journalistes qui couvraient pour vous  les nouvelles politiques et que ce seront dorénavant des représentants des divers paliers gouvernementaux qui viendront eux-mêmes vous rapporter ce qui se passent dans leurs administrations.

Si cette possibilité vous irrite quelque peu, il devrait en être de même pour les employés de la SAQ à qui l’on demande de jouer le rôle de chroniqueurs de ses propres vins dans les médias alors qu’ils sont plutôt les porte-paroles de leur employeur. Il s’agit du même cas de figure.

On ne peut pas être à moitié enceinte. On l’est, ou bien on ne l’est pas. Un principe, s’il est valable et que vous y croyez, devrait l’être jusqu’au bout et non pas à moitié. Soit que la population exige en tout temps des sources indépendantes pour tout type d’information que l’on lui communique (pour le vin comme pour la politique), soit qu’elle  y renonce une fois pour toutes. Acceptez-vous d’être manipulés oui ou non? Telle est la question.

La vérité, est-ce si important après tout?

Mais notre monopole d’état  et le gouvernement savent bien que vous laisserez faire car la plupart des gens ne veulent pas qu’on leur dise la vérité. La preuve? Cela les choque de l’entendre! Ils préfèrent de beaucoup croire en des mensonges rassurants car rien ne trompe mieux que les mensonges dont on se convainc.

Ne vivons-nous pas dans un monde formidable? Lorsqu’un état étranger dicte à ces citoyens ce qu’il faut penser, ce qu’il faut faire et ce qu’il faut croire et ce, par l’entremise d’un seul parti politique autorisé, on appelle cela une dictature et ses messages, de la propagande. Mais quand au Québec on vous oblige à acheter des vins déjà choisis pour vous, qu'on vous les impose à des prix ridiculement élevés, et qu'on les rende disponibles chez un seul "détaillant" autorisé, on appelle cela un monopole d’état et les publi-reportages qu’il fournit gratuitement sous le couvert de chroniques d’information, des relations publiques! Où est la différence, je vous le demande?

«Une information complète, exacte et pluraliste est une des garanties les plus importantes de la liberté et de la démocratie». Ce n’est pas moi qui le dit cette fois-ci mais la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec qui l'écrit sur son site internet. Si la violation de ce principe par nos médias et la Société des Alcools du Québec vous indiffère, je n’ai alors pas grand espoir en l’avenir de la société québécoise.
 
Ce que vous pouvez (et devez) faire

Réagissez et communiquez (en écrivant ou en appelant) avec les médias qui ont une chronique sur le vin afin de vérifier si les chroniqueurs vin qu’ils utilisent relèvent d'une manière ou d'une autre de la SAQ. Si c’est le cas, exigez des chroniqueurs entièrement indépendants et libres de toutes attaches. S’ils n’ont pas les moyens de livrer des chroniques non biaisées sur le vin, qu’ils cessent alors d’en faire tout simplement. Mais je leur signale que les bons chroniqueurs vins indépendants et compétents à coût raisonnable ne manquent pas au Québec. 

Je désire signaler ici aux médias que mon emploi du temps ne me permet pas présentement de prendre d'autres engagements médiatiques sur une base régulière. Le présent billet n'a donc aucunement pour but de favoriser mon intérêt personnel.
Si les médias ne vous écoutent pas et vous ignorent, communiquez avec leurs commanditaires en leur expliquant pourquoi vous avez cessé de ne plus être un auditeur ou un lecteur du média récalcitrant en question. Si l'expression ''Money talks" fonctionne pour les médias et le gouvernement, il devrait en être pareillement pour vous aussi.

J'invite de même les commanditaires à ne pas attendre la pression des consommateurs et à faire eux-mêmes immédiatement leurs propres vérifications auprès des médias, pour autant que le principe l'information objective leur tient à coeur. Il y a des économies qui n’en valent pas la peine surtout quand celles-ci conduisent vers un subtil contrôle de l’information et menacent la diversité des opinions.

Vous qui me lisez, j’ai besoin de vos yeux et de vos oreilles. Faites-moi parvenir par courriel (clubdgv@gmail.com) les noms des médias que vous aurez trouvés qui utilisent les services d’un employé de la SAQ dans le cadre de leurs chroniques écrites ou parlées sur le vin, avec le nom du « chroniqueur » en question. J’en connais déjà plusieurs mais je suis certainement loin de les connaître tous, surtout pour les régions plus éloignées de Montréal.  Il serait intéressant de connaître le nombre de chroniques tenues au Québec qui sont déjà contrôlées par la SAQ. Nous pourrions être surpris!  

Suggestions de vins de la semaine:

Afin que la SAQ ne m'en veille pas trop et en guise de compensation pour le billet de cette semaine, je vous propose de découvrir les 2 vins blancs et les 3 vins rouges ci-dessous, tous vendus au-dessus de 15$.

Vins blancs

Chardonnay, Liberty School, Hope Family, Californie, 2011, É.U.,19,95$ (voir ici)

Clos de la Chaise Dieu, Château Philippe-le-Hardi, Hautes-Côtes-de-Beaune, 2010, France, 22,25$ (voir ici)

Vins rouges

Plaisir d'Eulalie, Château Ste-Eulalie, Minervois, 2011, France, 16,35$ (voir ici)

Poggio Badiola, Toscana, Mazzei, 2011, Italie, 18,95$ (voir ici)

Shiraz/Grenache, d'Arrys Original, 2009, Australie, 21,85$ (voir ici)

Bonnes dégustations!