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mardi 16 septembre 2014

Le Jour du Braai (Braai Day), c'est le 20 septembre prochain au Canada!


Pour la seconde année consécutive, les maisons vinicoles Two Oceans et Nederburg invitent les Canadiens à reproduire à leur façon, samedi prochain le 20 septembre, une tradition typiquement sud-africaine, le Braai.

Disons dès le départ que le mot "Braai", en langue Afrikaans, est l'équivalent de "barbecue'. En Afrique du Sud, le Braai est un véritable expérience sociale, permettant de rencontrer les amis et les voisins autour de bonnes grillades, arrosées de bonnes bières et de bons vins.

Crédit photo: George Pimentel
 La bonne idée qu'ils ont eue, est d'utiliser le pouvoir de convivialité du BBQ et du vin, afin de favoriser les rapprochements entre les différentes ethnies qui composent la mosaïque de la population de ce pays. Soulignons que le porte-parole de cet évènement rassembleur en Afrique du Sud est ni plus ni moins que le respecté Desmond Tutu, qui a grandement contribué à la réconciliation civile de son pays, et qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1984.

En Afrique du Sud, la journée officielle du Braai est le 24 septembre, soit le jour du Patrimoine dans ce pays. Au Canada, on a choisi pour cette année la journée du 20 septembre, qui est un samedi, ainsi que la dernière journée de la saison estivale.

Profitez vous aussi de cette occasion en vous inspirant de l'esprit de fraternité du Braai sud-africain, en invitant des personnes à participer samedi prochain au dernier barbecue de l'été!

Voici quelques suggestions de vins d'Afrique du Sud, faciles à trouver, qui agrémenteront votre évènement:

 Vins blancs

Pour ceux et celles qui voudraient faire un rapide tout d'horizon au sujet des vins de l'Afrique du Sud, vous pourrez consulter ce billet: Mettez le cap sur les vins de l'Afrique du Sud.

Crédit photo: George Pimentel

lundi 15 septembre 2014

Mes découvertes à petits prix: Shiraz, Two Oceans, Western Cape, 2013, Afrique du Sud


Cépage:   100% Shiraz (Syrah)
Code #:    10529910
Prix:         11,95$
Servir:     16° Celsius

"Des vins façonnés par le soleil et la fraîcheur maritime". Tel est le slogan de la maison Two Oceans, lequel fait référence aux deux océans, Atlantique et Indien, qui entoure la pointe sud de l'Afrique. Depuis 2010, tous les vins de ce producteur sont accrédités IPW (Integrated Production of Wine), indiquant qu'ils rencontrent les critères de respect environnemental et de développement durable de cet organisme.

La marque Two Oceans fait partie du gigantesque portefeuille du Groupe Distell d'Afrique du Sud, qui détient près de cent marques différentes de vins , liqueurs, spiritueux, cidres et autres alcools.

Avec côtelettes d'agneau grillées
Le vin rouge mentionné en titre s'est indéniablement amélioré depuis les dernières années, preuve que l'on peut, même en faisant partie d'une grosse entreprise, viser la qualité, et produire des vins d'entrée de gamme hors-normes.

Notes de dégustation:

Ce vin mérite son prix uniquement pour son nez fabuleux de violette, de fourrure, de terre humide, avec une petite pointe mentholée. Mais, heureu- sement pour nous, ce n'est pas tout, car il nous offre aussi un vin passablement étoffé, à la robe rubis foncé, , à la texture souple, ainsi qu'une longueur très respectable. Une toute petite touche de sucre résiduel compensée par une elle acidité, le rend facile à boire. Très versatile à table, il fera un compagnon convivial avec beaucoup de vos plats préférés. La rétro-olfaction nous donne à penser qu'il coûte plutôt 16-18$. Un vin de milieu de semaine parfait. Bravo!


dimanche 14 septembre 2014

Domaine La Moussière, Sancerre, Alphonse Mellot, Val de Loire, 2013, France


Cépage:   100% Sauvignon blanc
Code #:    33480
Prix:         29,25$
Servir:     11-12° Celsius

Extrait du site du producteur:

"Dès le XVI ème siècle, et très précisément en 1513, les archives locales mentionnent la famille MELLOT. Elle vivait déjà au rythme régulier de la vigne et du vin de qualité. Ils poursuivent leur patient labeur avec une compétence reconnue, puisque le roi Louis XIV, en 1698, choisit César MELLOT pour conseiller viticole.

La maison familiale poursuit son extension, de père en fils, l'aîné de chaque génération porte le prénom du fondateur. C'est ainsi qu'actuellement Alphonse MELLOT père et fils (respectivement 18ème et 19ème du nom) perpétuent cette vieille tradition viticole. "

Avec filet de saumon au persil et au citron
Je connais et bois de ce vin depuis plus de 25 ans car il est d'une fiabilité exemplaire. Je vous dirais que son prix n'a pas tant augmenté que cela au cours de ce quart de siècle. Les raisins qui servent à produire le Domaine La Moussière (autrefois nommé Domaine de La Moussière) proviennent d'un vignoble d'un seul tenant, d'une superficie de trente hectares.

Il est élaboré à l'aide des raisins de jeunes et vieilles vignes, dont l'âge varie de 4 à 40 ans. On en obtient un rendement de 53 hl/ha. La moitié de la récolte est élevé en cuves inox et l'autre moitié en barriques de chêne, neuves à 50%. Production annuelle: 240,000 bouteilles. Exporte sur les 5 continents.

Notes de dégustation:

On respire immédiatement les agrumes (citron) et les fleurs blanches lorsque les fragrances de ce vin à la robe jaune doré pâle aux légers reflets verts émanent du verre. De corps léger mais avec un milieu de bouche un peu gras, ce vin se démarque avant tout par sa finesse et sa finale très persistante. On ne sent pas vraiment la présence du bois et c'est tant mieux. Des plus agréable car frais et équilibré. Un vin gastronomique fait avant tout pour la table.



samedi 13 septembre 2014

Berthelot-Paradis Brut Rosé, Domaine du Ridge, Québec, Canada


Cépage:   100% Seyval noir
Code #:    Disp. au domaine
Prix:         29,00$
Servir:     8° Celsius


 Je suis heureux de constater que des vignerons réalisent de plus en  plus que notre climat est très propice à l'élaboration de la bulle. Notre climat frais produit facilement des raisins au goût légèrement acidulé, parfait pour la production de vins effervescents.

Cette catégorie de vins est d'ailleurs l'une des rares qui continue de croître mondialement. Il y a donc de la demande pour de bons vins mousseux, ici comme ailleurs. 

Ce vin effervescent fait selon la méthode traditionnelle de prise de mousse en bouteilles, est élaboré à 100% de Seyval noir par l’œnologue du domaine du Ridge, le français Vincent Charlon. Succès plus qu'honorable et prometteur pour les 7,000 bouteilles de ce premier millésime, réalisé sans utiliser aucun vin de réserve.


J'ai assisté le 11 septembre dernier au lancement officiel pour Montréal de ce vin au Marché de la Villette où plus de 75 personnes étaient venues faire sa découverte. Signalons que l'on espère que ce vin mousseux rosé sera disponible d'ici la fin de 2015 à la SAQ.

Notes de dégustation:

Un bon signe, plus j'en buvais et plus je l'appréciais! Son nez de petits rouges des champs est discret et fin. Sa rouge rouge rubis claire laissent paraître des bulles fines.  Avec à peine plus de 4 gr de sucre résiduel par litre, ce vin mousseux est définitivement sec et possède une structure droite, pour notre plus grand plaisir. Il importe de le servir suffisamment frais, autour de 8° Celsius, afin que  sa légère et mordante acidité se manifeste, apportant ainsi allant et fraîcheur à sa finale de grenadine. Je l'ai testé avec de la nourriture, soit des canapés de foie gras, de rillettes de canard, ainsi que des charcuteries et le vin a su délicieusement relever le défi. Espérons que le prix saura demeurer sage et surtout qu'il soit présent dès que possible sur les tablettes de quelques succursales de la Société des alcools du Québec.



vendredi 12 septembre 2014

Fondé en Afrique du Sud il y a plus de trois siècles et demi: Klein Constantia


Histoire

Il en a coulé de l'eau sous le pont depuis que les premières vignes ont été plantées vers 1652 après que  Jan van Riebeeck ait établi au Cap de Bonne-Espérance (Good Hope Cape) pour la Compagnie des Indes Orientales une station de ravitaillement pour permettre aux navires de la compagnie de s'approvisionner en eau et en nourriture.

Peinture de Charles Bell, 1850, South African Library
Vers 1676, la Hollande décida de stimuler l'agriculture de la région du Cap. Quelques milliers d'huguenots (protestants) français émigrèrent vers la fin du 17è siècle dans cette colonie hollandaise, suite à la révocation de l'édit de Nantes en 1685. C'est pourquoi de nos jours, on retrouve toujours plusieurs noms de lieux, de familles et de domaines à consonnance française. 

Le domaine se fait surtout connaître à travers le monde, surtout chez les aristocrates et les artistes, pour son vin liquoreux exceptionnel, produit avec des raisins de Muscat de Frontignan cueillis en surmaturation mais non botrytisés. Sa réputation surpasse alors les Sauternes et les Tokaiji de Hongrie. La production de ce vin légendaire fut interrompue pendant près de cent ans, comme nous le verrons à la fin de ce billet.

De nos jours

De nombreux propriétaires se succèdent en 2010, le domaine est acheté par l'américain Zdenek Bakala et l'européen Charles Harman. En 2011, Klein Constantia fusionne avec le vignoble Anwilka et s'ajoute deux nouveaux actionnaires, Bruno Prats (Château Cos d'Estournel) et Hubert de Boüard (Château Angélus).

Le domaine compte maintenant 150 hectares dont 90 sont plantés en vignes. 40% de la production est écoulée sur le marché domestique et 60% à l'exportation, soit 54 pays.

De la visite à Montréal

C'est lors du récent passage à Montréal de M. Hans Astrom, directeur commercial de Klein Constantia depuis 2011, en compagnie d'autres distingués chroniqueurs et sommeliers, que j'ai pu goûtés à six vins de ce producteur.

Bien que d'origine suédoise, nous avons la surprise de constater que M. Astrom s'exprime impeccablement dans la langue de Molière, celui-ci ayant épousé une Française. 

M. Astrom a été nommé "Meilleur sommelier de Suède" en 1986 et fut fort actif au sein au sein de l'association suédoise des sommeliers.

Les six vins de la dégustation

Voici un bref compte-rendu sur chacun des vins dégustés en présence de M. Astrom. Nous terminerons avec une description plus détaillée du joyau de la maison, le Vin de Constance.

 Klein Constantia, Brut, Méthode Cap Classique, 2011

Cépage:    100% Chardonnay
Code #:    non disponible
Prix:         25,00$
Servir:      8-10° Celsius

La méthode Cap Classique est ni plus ni moins que la méthode champenoise de prise de mousse en bouteilles. Bien que cela soit peu connu ici, on produit de bons vins mousseux en Afrique du Sud mais il y en a trop peu qui sont vendus au Québec.

Ce vin effervescent bénéficie d'un jolie présentation, ce qui ne gâte rien. Couleur jaune dorée assez soutenue. Au nez, il embaume les fleurs blanches, les agrumes, le miel et la crème pâtissière. Il a été élevé pour 50% en barriques, dont 1/3 de neuves. Son acidité suffisante ne font pas ressentir les 8,4 grammes de sucre au litre qu'il renferme. Taux d'alcool raisonnable à 12,2%. Très bon.


Sauvignon blanc, Klein Constantia, 2013

Cépage:   100% Sauvignon blanc
Code #:    non disponible
Prix:         19,95$
Servir:      10-12° Celsius

L'année 2013 a permis d'atteindre un plus haut degré de maturité phénolique avec le Sauvignon blanc. Ce cépage représente un important pourcentage de l'encépagement de ce domaine.

Vin à la robe jaune pâle avec de légers reflets verts. On reconnaît sans problème au nez les parfums si souvent présents avec ce cépage, soit les agrumes (citron, pamplemousse) et de bourgeons de buis. Un vin sec au fruité intense et à la bouche équilibrée, avec un peu de gras en milieu de bouche. À consommer préférablement avec de la nourriture.


 Metis, Sauvignon, Klein Constantia et Pascal Jolivet, 2013 

Cépage:   100% Sauvignon blanc
Code #:   Importation privée
Prix:         25,00$
Servir:     10-12° Celsius

Fruit d'une collaboration avec le vigneron bien connu, Pascal Jolivet, du Val de Loire, ce vin bénéficie de l'expertise de la part d'un maître incontesté du cépage Sauvignon blanc. Le but est de faire ressortir l'expression du terroir. L'étiquette représente une fleur hybride dont la moitié est composée de la Protea, une fleur sud-africaine, et l'autre moitié de l'iris française.

Ce millésime 2013 est le tout premier pour ce vin, lequel a été élaboré avec les raisins provenant d'une seule parcelle d'un peu plus de 1 hectare. Ce vin, qui a été élevé pendant 12 mois sur ses lies en cuves inox et par sa minéralité, a des airs de famille indéniables avec les vins de Sancerre. Levures indigènes, pas de bois, le terroir parle. Pari réussi. Mérite son prix.


Chardonnay, Klein Constantia, 2013 
Cépage:   100% Chardonnay 
Code #:    non disponible
Prix:         25,00$
Servir:      10-12° Celsius

Le but recherché ici est de produire un vin de Chardonnay axé sur le fruit tropical sans excès de bois. La moitié de la production est donc élevé en cuves et l'autre moitié en fûts de chêne neufs (légèrement chauffés) mais pour une période de 3-4 mois seulement. Ce nouveau produit a vu le jour en 2012.

Jolie couleur jaune doré pâle, on dénote dans le verre des arômes de fleurs, d'agrumes, de miel doux et de vanille. Délicieusement frais, la bouche est légèrement grasse et demeure délicate et parfaitement équilibrée, grâce à une acidité bien dosée. Bon produit qui mise sur l'élégance en tout premier lieu.


KC Rosé, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon, 2014

Cépages:   72% Cabernet France et 28% Cabernet Sauvignon
Code #:     non disponible
Prix:          17,95$
Servir:       10-12° Celsius

La gamme KC (pour Klein Constantia) représente les vins d'entrée de gamme de la maison. Les raisins servant à leur élaboration proviennent du domaine ainsi que de d'autres bons vignobles de la région du Cap. Les vendanges se faisant en début d'année dans l'hémisphère sud, ce vin représente le premier vin millésimé 2014 que j'ai bu à date cette année. Je l'ai essayé de nouveau à table avec un tataki de thon et l'accord était parfait. Espérons le voir arriver au Québec pour l'été prochain.

Couleur invitante rose saumoné, à peine plus foncé que les rosés de Provence, ce vin exhale les fruits rouges, la pêche blanche, avec une pointe de poivre blanc. Un rosé sec, à l'attaque fraîche  et à la structure est droite. Délicieuse et longue finale légèrement grasse. Miam!
  
Le 6è et dernier produit, le Vin de Constance, mérite que l'on raconte avant tout sa histoire, pour ne pas dire, sa légende.

L'incroyable renaissance d'un vin liquoreux mythique  

Austen, Dickens et Baudelaire, ont tous fait référence au vin de Constance dans leurs écrits. Ainsi, la célèbre écrivaine anglaise Jane Austen (1775-1817) disait à propos de ce vin qu'il était le meilleur remède pour les coeurs brisés. Aux 18è et 19è siècles, le vin de Constance était l'un des plus prestigieux au monde. Un affriolant Muscat dont raffolaient les riches et les puissants d'Europe, le plus célèbre étant Napoléon Bonaparte, jusqu'à ce que frappe le phylloxéra et que cesse sa production pendant près de cent ans!

Lorsque la famille Jooste, acheta la ferme en 1980, celle-ci était à l'abandon. Bien que les comptes-rendus de la colonie hollandaise aient offerts quelques détails, on recourut à des hypothèses éclairées pour déterminer les techniques de plantation et de vinification les plus appropriées pour ce vin et on utilisa le même cépage qu'autrefois, le Muscat de Frontignan.


Vin de Constance, Klein Constantia, Natural Sweet Wine, 2008

Cépage:    100% Muscat de Frontignan
Code #:    10999655
Prix:         65,25$ (500 ml)
Servir:      10-12° Celsius


Les efforts portent fruits; la première cuvée de ce vin de dessert mythique et légendaire est commercialisée de nouveau en 1986 dans sa petite bouteille trapue rapellant les vieux flacons des siècles passés. Tout comme jadis, c'est un vin riche (135 à 150g/l de sucre), d'une grande complexité aromatique avec une bouche épicée, onctueuse et longue, capable de tenir la route plus d'un demi-siècle, parfois plus. Une inespérée et bienvenue résurrection!

Le millésime 2008 de ce vin a été élevé dans des fûts de chêne français et hongrois de 500 litres, dont 60% de neufs, pendant plus de 4 1/2 ans.

Couleur jaune ambré foncée, un peu plus profonde que les millésimes antérieurs. Dès que les lèvres touchent à ce vin, on comprend pourquoi il fut si populaire il y a plus de siècles. Au nez, que du plaisir aussi, avec des notes de fruits confits, d'ananas, de marmelade, de citrouille et de cannelle. Malgré sa grande suavité, ce vin se boit bien car son incroyable acidité apporte tout l'équilibre souhaité. Sa finale mielleuse interminable vous ravira. À boire au moins une fois dans sa vie.


 
 Dernière heure! (13 septembre 2014)

M. Astrom vient de me faire parvenir une photo où l'on voit que le domaine vient tout juste de recevoir de nouvelles cuves en acier inoxydable. La preuve que même après plus de 300 ans, on peut toujours se renouveler. Les vins de cette maison n'en seront que meilleurs.

 

jeudi 11 septembre 2014

Les consommateurs de vin du Québec ont-ils des droits?


Note: Ce texte a aussi été publié le 11 septembre 2014 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Bien qu’en vertu du Code Civil la population du Québec bénéficie de plusieurs droits, ainsi que d’être protégée par diverses lois, cette bulle de protection serait-elle limitée lorsqu’il est question de notre consommation d’alcool et de vin?

Étant résolument du côté des consommateurs, j’ai trouvé intéressant d’analyser la limite de leurs droits actuels ainsi que leur écart avec ceux qu’ils devraient minimalement avoir, même dans un contexte où l’alcool relève entièrement d’un monopole d’état.

Les tribunaux? N’y compter pas!

Cette question est d'autant plus pertinente qu'un client montréalais, M. Jean-René Jasmin, avait demandé à la Cour Supérieure du Québec, en avril 2012, l'autorisation d'exercer un recours collectif contre la Société des Alcools du Québec. Celui-ci alléguait que la SAQ abusait de sa situation monopolistique et vendait ainsi ses produits au moins 30% trop cher. Il avançait ainsi la thèse que la SAQ « exploitait » ses clients, à l’encontre de la Loi de Protection du Consommateur.

Rappelons que le juge Sansfaçon a rejeté cette demande de recours collectif le 4 septembre 2013, car selon lui, le gouvernement savait ce qu’il faisait en créant un monopole qui n’aurait aucune concurrence à affronter : il en récolterait ainsi des profits de plus en plus juteux et c’est ce que la SAQ accomplit dans le cadre de son mandat.

La faute reviendrait donc aux politiciens! Car ce que le juge nous dit à mots couverts, c’est que la surexploitation est condamnable, sauf si c’est pour enrichir les coffres de l’État. D’un seul coup, le juge brisa l’illusion que les consommateurs d’alcool du Québec pouvaient au moins compter sur leur propre gouvernement pour la défense de leurs droits. Que les naïfs se le tiennent pour dit.

Nous savons, certes tous, que la magistrature est en principe indépendante du pouvoir politique et que son rôle est d’interpréter et de faire appliquer la loi. Mais même sans ingérence politique, on peut tout de même se demander si le juge n’a pas, du moins pendant quelques secondes dans ce cas-ci, été passablement préoccupé ou embarrassé par le fait que le gouvernement du Québec aurait peut être à  remettre des centaines de millions de dollars, si ce recours collectif au profit des consommateurs avait été accordé. 

Merci à Marie-Claude Journault pour cette illustration!
 Voir son site internet: mcjournault.com
Bien que, techniquement, l’Office de Protection du Consommateur possède un certain droit de regard sur les pratiques commerciales de la SAQ (mais non sur la manière de déterminer les prix), de mémoire d’homme, cet organisme d’état n’a jamais fait aucune intervention envers cette autre société d’état. Mais peut être aussi n’ont-ils jamais reçu de plaintes d’aucune sorte de la part des consommateurs. 

Une Régie du commerce gouvernemental, une solution?

Il est, je crois, important de rappeler que, contrairement à Hydro-Québec (un autre monopole d'état) dont  les augmentations tarifaires sont balisées, vérifiées et approuvées par la Régie de l'Énergie, la Société des alcools du Québec, elle,  n'est soumise à aucun mécanisme de contrôle par un organisme indépendant. Aucun.

Le chroniqueur du Journal de Montréal, Claude Langlois, dans un excellent article publié en mai 2012 avait d’ailleurs mentionné cette possibilité de créer un tel organisme indépendant pour au moins encadrer quelque peu la société d’état  à qui l’on permet depuis des décennies, de régner en roi et maître sur le royaume de la vente de l’alcool au Québec.

N’est-ce pas le poète satirique latin Juvénal qui, il y a près de deux mille ans, se demandait avec raison: « Qui surveillera les surveillants? » Bonne question.

L’ensemble des droits de la clientèle québécoise semble donc, pour le moment, se résumer à celui d’acheter obligatoirement dans un réseau entièrement contrôlé par l’État, un éventail de produits alcoolisés choisis par des fonctionnaires, à des prix de détail établis en fonction des rendements exigés par le gouvernement provincial. Un peu mince, ne trouvez-vous pas?

Pour un minimum de respect envers les consommateurs

Messieurs-dames du gouvernement, il serait sage de revoir bientôt les bases qui régissent tout commerce de détail, sous peine de voir bientôt votre vache à lait vous livrer du lait en poudre.

Car si nous devions dresser une courte liste des principaux droits "normaux et fondamentaux" dont les consommateurs de biens ou de services devraient  pouvoir raisonnablement bénéficier en ce début de XXI è siècle, même lorsqu’ils transigent avec un monopole, nous exigerions minimalement ceux-ci:

1. Le droit de bénéficier de prix raisonnables 

Lorsque  l'on bénéficie d'un monopole et qu'il n'existe aucun concurrent, il est difficile de s'auto-réglementer et à long terme, de résister à la tentation de vendre ses produits plus chers qu'ils ne le valent. La SAQ, de son propre chef, a décidé d’établir une marge bénéficiaire moyenne de 135% sur le prix coûtant de ses prix. De plus, cette taxe étant régressive, moins le produit coûte cher, plus le taux de la taxe est élevé. Pas étonnant qu’il n’y est presque plus de vins bon marché avec ces taux usuraires!

Marc-André Gagnon de vinquebec.com nous a récemment démontré, qu’à l’inverse de ce que la majorité des gens croit, nous habitons le pays qui paie parmi le plus cher au monde ses fournisseurs de vins. La présence des monopoles provinciaux ne serait pas étrangère à cette situation. On voudrait faire exprès pour que ça nous coûte cher que l’on ne ferait pas différemment.


Comment notre monopole peut-il être l’un des plus importants acheteurs de vin de la planète et réussir le tour de force de payer plus cher que la moyenne des autres pays? C’est peut-être pour cet incroyable exploit que notre gouvernement leur permet, contrairement à la plupart des autres fonctionnaires de l’État à qui l’on a retiré cet avantage, de toucher des primes « au rendement » plutôt substantielles.

Comme l’explique l’article de juin dernier publié par Le Soleil, le prix de vente étant calculé à partir du prix payé au fournisseur, la SAQ ne désirerait peut-être tout simplement pas faire profiter les consommateurs de son immense pouvoir d’achat en négociant des prix d’achat au plus bas. Avec un même chiffre d’affaires, ce noble objectif  entraînerait des profits moins élevés. Et puisque les primes en dépendent...  

À titre d’exemple, si après d’ardues négociations la SAQ achète un vin 4$ il sera grosso modo revendu 12$ aux consommateurs, rapportant ainsi 8$ en dividendes et en taxes diverses. Mais, si elle consent plutôt à payer ce même vin 6$, celui-ci vous sera alors revendu environ 18$, rapportant plutôt 12$, soit 4$ de plus en marge bénéficiaire et autres taxes!


2. Le droit de bénéficier d'une offre diversifiée et de qualité

Si l'importation privée a pris un tel essor depuis les dernières années, c'est que le monopole d'état s'est avéré incapable de sélectionner et d'offrir sur ses tablettes de nouveaux produits en quantité suffisante, permettant de répondre aux besoins des consommateurs de mieux en mieux informés et à ceux des restaurateurs désormais à la fine pointe des tendances en matière de vin.

Oui, le Mouton-Cadet et le Pisse-Dru sont des produits corrects et honnêtes qu'il fait bon boire à l'occasion mais il y en existe beaucoup d'autres sur la Planète Vin qui sont encore, malheureusement trop absents du Québec

Et que dire de la représentation quelque fois famélique de certains pays producteurs, tels la Grèce, l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne, l’Uruguay, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie? Pendant ce temps, le répertoire du monopole compte, toutes provenances confondues, plus de 240 vins monocépage de Cabernet Sauvignon et plus de 589 autres qui ont ce cépage dans leur assemblage, soit 829 vins au total! Si la modération a bien meilleur goût, j’ajouterais que la diversité y contribue également.

Et pour parler brièvement de la qualité des produits courants, disons que celle-ci n’est pas prête de s’améliorer, tant que le monopole utilisera sa grille-maison qui étrangement n’accorde que 10 points sur 100 au critère spécifique de la qualité et tant que l’on goûtera uniquement aux vins qui, lors d’une première étape, ont charmé les acheteurs du monopole par leur score élevé au niveau des critères économiques!


3. Le droit de bénéficier d'une information complète sur les vins

Beaucoup de bonnes choses ont été faites au cours des dernières années à cet égard, tel la mention des cépages et de leurs pourcentages sur les fiches-produits disponibles sur le site internet du monopole, une situation que je dénonçais depuis plusieurs années et qui est maintenant presque corrigée.  Il n’en demeure pas moins que la clientèle est encore privée d’informations essentielles qui lui permettraient d’acheter ses vins en toute connaissance de cause, surtout en magasins.

Le seul fait qu’il y ait de nombreux vins parmi les produits courants qui sont, tout comme les vins de dépanneurs, importés en vrac et embouteillés ici (j’en ai dénombré plus de 78 à date) et ce, sans aucune mention à cet égard sur les produits, ne respecte pas, selon moi, le droit fondamental des consommateurs de savoir exactement ce qu’ils achètent. Ce n’est pas seulement par ce qu’on dit que l’on peut induire les gens en erreur, mais aussi par ce que l’on cache. Seules les personnes qui ont intérêt à garder la clientèle dans l’ignorance approuveraient de telles méthodes qui frôlent la fausse représentation.

S'il existait (mais ce n’est pas le cas) une loi québécoise obligeant tous les détaillants (privés et d'état) à fournir aux consommateurs l'information de base sur les produits qu'ils vendent, incluant les boissons alcoolisées, nous pourrions enfin avoir accès à celle-ci, notamment au sujet du lieu d’embouteillage, du taux de sucre résiduel contenu dans les vins, ainsi que des additifs qu’ils contiennent. 

4. Le droit de ne pas être bernés par des promotions biaisées ou illusoires

Nous apprenions en avril 2012 par l’entremise d’un  article du journal La Presse que la SAQ aurait quelque peu tronqué la vérité en affirmant qu'elle n'avait pas  rémunéré le critique de vins influent, M. James Suckling,  pour que celui-ci déguste et note généreusement des vins dont la SAQ faisait par la suite la promotion.  À ma connaissance, notre monopole n’a pas répété la même erreur depuis, mais nous aurions intérêt à demeurer vigilants à l’avenir.

Dans ce même désir de contrôle de l’information transmise aux consommateurs, j’avais publié en septembre dernier un billet intitulé « Des chroniqueurs vin à indépendance variable » où je condamnais l’utilisation de chroniques complaisantes de personnes souvent à l’emploi du monopole et offertes gratuitement aux médias pour promouvoir certains produits sous la forme d’une information indépendante.

Et peut-on qualifier de promotions lorsque l’on nous offre des rabais de 1$, 1,50$ ou 2$ la bouteille sur certains produits proposés en circulaires? Le journal La Presse et plusieurs autres ont expliqué que puisque ce sont les fournisseurs qui financent ces rabais, ceux-ci haussent leur prix coûtant pour compenser, entraînant des prix de vente réguliers plus élevés. C’est lorsque vous achetez un vin à prix réduit, que vous vous trouvez à payer le prix auquel ce produit serait vendu sans ce stratagème (SAQ : des rabais qui gonflent les prix).

On peut fortement douter que ces pratiques de marketing seraient tolérées si elles émanaient d’une entreprise privée au lieu d’une société d’État, ou qu’elles auraient été autorisées si elles avaient dû être préalablement approuvées par un organisme indépendant, tel une fictive Régie du commerce gouvernemental, à laquelle je faisais allusion plus tôt.

Pourtant pas la mer à boire

Est-ce trop demander au gouvernement que de ne pas voir les clients captifs de son monopole uniquement que comme des contribuables que l’on peut prendre en otage? Les quatre requêtes ci-dessus sont-elles si révolutionnaires ou  exagérées? En tant que consommateurs vivant dans une société moderne et évoluée, ne mérite-t-on pas au moins ça? Pourquoi lorsque nous achetons du vin au Québec, devenons-nous subitement des consommateurs de « seconde zone »? Actuellement au Québec, nous sommes mieux servis, protégés et informés, lorsque nous achetons un grille-pain que lorsque nous achetons du vin. 

Les consommateurs de vin du Québec ont-ils des droits, demandais-je au début de ce billet? Oui, mais si peu. Mais le plus triste est qu’il n’y a  semble-t-il,  pas grand monde pour les défendre. C’est bien connu, l’union fait la force. Puisque le gouvernement du Québec n’a, jusqu’à maintenant, démontré aucun intérêt à cet égard, il serait peut être temps que les consommateurs commencent à se regrouper afin de mieux défendre leurs droits fondamentaux.