lundi 22 février 2016

Cépages méconnus - La Négrette

 
Source: www.lefigaro.fr
Ce cépage serait apparu au 12è siècle sous le nom de «Mavro» (noir en grec) rapportée de Chypre par les Chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Exigeante, la Négrette ne s’est bien acclimatée que dans les terroir de Fronton et de Gaillac, dans la région du Sud-ouest de la France.

Lors de l'accession à l'AOC, seule Fronton la garde parmi ses cépages reconnus, preuve que sa culture avait été délaissée à Gaillac au cours du XXe siècle.

Selon le site www.vins-de-fronton.com "La Négrette a sans doute été abandonnée ailleurs à cause de son caractère particulièrement capricieux. Il a fallu l’entêtement et l’opiniâtreté des vignerons du Frontonnais pour faire valoir les qualités de ce raisin qui s’exprime avec aisance dans leur terroir."

En effet, la présence de fer et de quartz dans ce sol pauvre et graveleux permet à la Négrette d’exprimer son caractère très spécial, aux arômes de violette et de fruits noirs (mûre-cerise-cassis).

Mais qu'est-ce que ça goûte me demanderez-vous?

Pour le savoir, il faut évidemment avoir la possibilité de mettre la main sur une bouteille de vin élaboré exclusivement avec de la Négrette. Or, ce cépage est surtout utilisé en assemblage avec d'autres, de la Syrah et du Cabernet Sauvignon entre autres. Et il n'y en a aucun de disponible au Québec. Merde!

Le 1ier décembre 2015, j'ai écrit un compte-rendu sur le vin rosé du Château Bellevue Laforêt qui est élaboré avec 60% de Négrette. Je soulignais que cette propriété, parmi les quatre vins rouges de son répertoire, avait un tel vin. J'ai alors écrit:

J'aimerais bien pouvoir tremper mes lèvres pour ma part, dans leur vin rouge Mavro, un monocépage de Négrette.
Demandez et vous recevrez, est-il écrit dans la Bible. Le propriétaire du Château Bellevue Laforêt, M. Philip Grant, par l'entremise de l'agence promotionnelle qui le représente au Québec, me fit parvenir un échantillon du dit vin....lequel se révéla être aussi divin. Merci M. Grant!

Je partage donc cette expérience unique avec vous aujourd'hui chers lecteurs et lectrices.


Mavro, Château Bellevue Laforêt, Fronton, Sud-ouest, 2011, France

La fameuse bouteille dans la
froidure de l’hiver québécois
Cépage:    100% Négrette
Code #:    non disp.
Prix:          non disp. (voir note 1)
Alcool:     14% 
Sucre:      inconnu (voir note 2)
Servir:     16-17° Celsius 
Carafe:    20 min. 

(1) Vendu une dizaine d'euros en Europe, soit 16$ canadiens; s'il était vendu à la SAQ son prix serait autour de 25$

(2) fort probablement sec (moins de 4 gr/l)

Le Château Bellevue Laforêt est une exploitation  agricole de 112 hectares située sur la commune de Fronton, au nord de Toulouse, dans le Sud-ouest de la France. C'est la plus grande propriété privée d'un seul tenant de cette région.

Parfois, lorsque l'on boit un vin composé d'un seul cépage qui est habituellement associé à d'autres, on comprend pourquoi on l'utilise en assemblage, ses propriétés ne permettant pas d'en faire un vin équilibré.

Heureuse surprise avec la Négrette! Je la décrirais (maladroitement) comme majoritairement  apparenté à la Syrah, avec un peu de Cabernet Franc (du Val de Loire). Ce cépage est non seulement complet en lui-même mais se révèle d'une incroyable polyvalence à table. Des charcuteries jusqu'aux plats de bœuf, en passant par ceux de porc, de veau et d'agneau, semblent lui convenir tout à fait. Serait-ce le cépage rouge parfait? 

Selon le producteur, la Négrette est l'un des rares cépages révélant dans le vin des arômes identiques à ceux que l'on retrouve en croquant le raisin frais.

La cuvée Mavro du Château Bellevue Laforêt est le résultat d'une sélection parcellaire. Les raisins provenant de terres graveleuses et de terrasses dites boulbènes, sont vinifiés séparément et à des températures différentes. Il est assemblé après la fermentation malolactique et une micro-oxygénation, puis élevé 6 mois en cuves inox.

Cassoulet d'agneau, risotto de canard, saisie de bœuf
 
Notes de dégustation:

À voir la robe pourpre foncé de ce vin, on comprend d'où il tire son nom; on y découvre à l'olfactif d'envoûtants et complexes arômes de mûre, de cassis, de prune de cerise, entremêlés de violette et d'épices orientales; ce vin moyennement corsé se révèle frais et de bonne structure en bouche; ses tanins d'une extraordinaire souplesse glisse sur le palais et la langue en y laissant un goût légèrement réglissé, lequel est contre-balancé par une petite amertume de noyau de cerise en finale; quel vin original et délicieux; je serais prêt à en acheter une caisse!




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