jeudi 27 août 2015

Les vins d'Algérie de retour au Québec


Note: Ce texte a aussi été publié le 27 août 2015 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Bonne nouvelle. Alors qu'ils n'étaient plus disponibles depuis 2010, les sympathiques et délicieux vins algériens reviennent sur le marché québécois.

Mais avant de vous parler de ces vins proprement dit, il serait fort utile de brosser rapidement un tableau de la culture de la vigne dans ce pays d'Afrique du Nord. 

Histoire

La vigne est cultivée sur le territoire algérien depuis au moins 3 500 ans. Tour à tour, suite à diverses migrations ou occupations, Perses, Phéniciens, Grecs, Romains, Turcs Espagnols, Portugais et Français, s'y sont succédé. 

La période de l'occupation française débuta en 1830 par la prise d'Alger et se termina le 5 juillet 1962 alors que l'Algérie obtint son indépendance. 

Durant cette période, les Français développèrent massivement le vignoble algérien, l'ensemble des conditions favorisant la culture de la vigne s'y trouvant réunis, surtout à partir 1875 alors que le phylloxéra débutait ses ravages en France.  Ainsi, vers 1930, la production vinicole algérienne atteignit un sommet de plus 18 millions d'hectolitres de vin, soit 1 milliard 800 millions de litres, c'est-à-dire l'équivalent de 2 milliards 400 millions de bouteilles.


Si la France était alors le premier producteur mondial de vin en volume, l'Algérie détenait tout de même la quatrième place du classement. 

La très grande majorité du vin produit en Algérie, soit 98%, était alors exporté vers la France. C'est un secret de polichinelle qu'une grande partie du vin algérien réputé pour sa matière généreuse, servait alors au coupage de nombreux vins français, les rendant ainsi plus colorés et charnus. La règlementation à l'époque n'était vraisemblablement pas aussi stricte que de nos jours.

La qualité du vin algérien ne faisait aucun doute. Ainsi, lors du salon de l'agriculture de Paris en 1930, plusieurs jurés du Concours général agricole ne purent faire la différence entre des vins algériens et des crus de Bordeaux.

Époque moderne

Évidemment, avec l'indépendance de l'Algérie, celle-ci perdit son principal client et l'offre devint surabondante. On procéda alors à l'arrachage de la majorité des vignes afin de diversifier l'agriculture et nourrir la population.

Alors que l'on devait presque repartir à zéro, un organisme d'état nommé ONCV (Office National de Commercialisation des produits Vitivinicoles) fut créé. C'est aujourd'hui une entreprise vinicole qui bénéficie des installations et des techniques les plus modernes qui soit. Le contrôle de la qualité y est omniprésent. Elle s'occupe elle-même de toutes les étapes du processus d'élaboration de ses vins, soit la culture, la vinification, le conditionnement et la commercialisation.

La plupart des spécialistes travaillant à l'ONCV, agronomes, œnologues, techniciens de laboratoire,  bénéficient régulièrement de stages de perfectionnement à l'université de Bordeaux.

Avec ses vins d'appellation d'origine garantie, l'ONCV remplit les besoins de 65% du marché domestique, le restant étant réparti parmi les différents producteurs privés. Elle écoule ainsi localement 80% de sa production alors que 20% va à l'exportation. 

Et ce n'est que le début. Il faut savoir que malgré tous ces efforts, le vignoble algérien ne couvre maintenant que 20,000 hectares, lesquels produisent annuellement moins de 1 demi-million d'hectolitres. On est loin des 18 millions d'hectolitres de 1930.

Un plan de développement est présentement mis en œuvre afin d'agrandir le vignoble et d'augmenter la production. Tout est en place pour que les vins d'Algérie  soit de plus en plus présents sur la scène internationale.

La viticulture en Algérie

La plupart des zones viticoles se trouvent pour le moment au nord du pays, tout le long de la Méditerranée. Sur la carte ci-dessous, apparaît le noms des principales régions.


Héritage du temps colonial, la plupart des cépages qui y sont plantés sont français. L'expérience passée a démontré l'aptitude de ceux-ci à bien s'acclimater au terroir algérien. Les noms de ces cépages sont de plus très familiers aux amateurs de vin du monde entier. Les vins sont bien sûr teintés par le climat et le terroir de l'Algérie, c'est-à-dire légèrement et délicieusement différents.

Malgré le climat chaud et sec, on a développé une viticulture sans irrigation d'appoint. On procède toujours à l'éraflage des grappes avant la vinification et on utilise principalement les levures indigènes plutôt qu'industrielles. Tout ça pour vous dire que la  culture biologique y trouvera là certainement un terreau fertile.

Et si on parlait des vins?

Je vous livrerai un peu plus tard la manière de procéder pour vous les procurer. Nul doute qu'à la lecture des descriptions qui suivent, nombreux seront ceux et celles qui voudront y tremper leurs lèvres, surtout que les prix sont très avantageux.

Les vins d'Algérie que vous pourrez découvrir sont présentement au nombre de trois. Ils évoqueront peut être certains souvenirs aux personnes qui fréquentent les succursales de la Société des alcools du Québec depuis plusieurs années.


J'ai eu le privilège de goûter à ces vins une première fois au cours de l'été et je peux vous affirmer qu'ils conviennent tout à fait à la majorité des plats consommés en Amérique du Nord qui  s'agencent avec le vin rouge.

Ma seconde dégustation a été menée dans un restaurant d'Afrique du Nord situé dans le Vieux-Montréal, soit La Ménara (256 rue Saint-Paul est, Montréal). On se croirait dans une tente berbère au beau milieu du désert. Dépaysement garanti!


Certains diront qu'il s'agit d'un resto marocain, et c'est vrai. Mais plusieurs plats dont ceux que j'ai pris, sont identiques (ou presque) pour ces deux pays, voisins l'un de l'autre.

Voici les trois vins en question:

Côteaux de Mascara, ONCV, 2012, Algérie, 16,42$

Cépages:  Grenache, Carignan, Cinsault, Mourvèdre, Syrah et Cabernet Sauvignon
Alcool:      13,0%
Servir:      16° Celsius
Carafe:     10-20 min.

Ce vin est idéal pour apprivoiser en  douceur les vins d'Algérie. Il est accessible, tant au niveau du goût que du prix. Fait pour plaire, on goûte ici un vin légèrement fruité, rempli des fruits rouges et mûrs qui coule sur la langue et le palais. Il possède une jolie finale sur la violette. Difficile d'imaginer qu'on ne puisse pas aimer.

La culture de la vigne a toujours occupé une place importante dans cette région. Certains des vins que l'on y produisait obtenaient en 1858 leurs premières distinctions à l'Exposition de Paris. Les vignes poussent à une altitude 600 à 800 mètres sur des collines aux sols sablonneux et calcaires.

Accord mets/vin: couscous royal (agneau, mergez, poulet). Miam!


Château Tellagh, Medea, ONCV, 2012, Algérie, 17,12$

Cépages:  40% Grenache, 25% Cinsault,  15% Carignan, 10% Syrah et 10% Cabernet Sauvignon
Alcool:      13,0%
Servir:      16-17° Celsius
Carafe:     20 min.

Ce vin est des plus intéressants. Il est une demi-coche plus corsé que le précédant, sans toutefois aucune agressivité. Il dégage de jolis arômes de mûre, de framboise et de cassis. La texture est très souple, voire légèrement grasse. Finale belle et assez longue grâce à la rétro-olfaction. Le genre de vin caméléon qui s'adapte de lui-même au plat qu'il accompagne. Fascinant.

Les raisins qui ont servi à élaborer ce vin proviennent de vignes de la commune de Médéa qui poussent à plus de 900 mètres d'altitude sur des coteaux du plateau de Nador, dont les sols sont composés de grès et de calcaires. Et dire que ce vin ne coûte à peine que 17$.

Accord mets/vin: Poulet aux olives et au citron confit.


Cuvée du Président, ONCV, 2012, Algérie, 17,78$

Cépages: 38% Cabernet Sauvignon, 25% Merlot, 25% Syrah, et 12% Grenache, Cinsault,  Alicante
Alcool:      13,0%
Servir:      16-17° Celsius
Carafe:     20 min.

Ce vin s'adresse surtout aux palais qui apprécient les vins aux goûts évolués. Il développe des arômes tertiaires et subtils. À l'aveugle, on croirait avoir affaire à un vin de plus de 20$.

Ses parfums conjuguent ceux de la cerise rouge et de la prune, des épices douces, avec une pointe animale entremêlée de menthe. C'est un vin très suave et vaporeux dont le goût de prune à l'eau-de-vie reflète bien son évolution.

Ce vin qui a été élevé en fûts de chêne, est un assemblage des meilleures parcelles des régions de Mascara, Dahra, Médéa et Tlemcen. Un vin pour connaisseur.

Accord mets/vin: Tajine d'agneau aux pruneaux.

Comment se les procurer?

Pour des raisons indépendantes de la volonté de notre monopole, je vous disais plus tôt que les vins d'Algérie sont disparus du Québec il y a environ 5 ans.

Leur récent retour se fait pour le moment uniquement par l'entremise de l'agence de monsieur Farid Salem qui a les fait venir par voie d'importation privée. Voici comment entrer en contact avec lui:

Par courriel:  info@vinalgeriequebec.com
Par téléphone:  (514) 262-5513
Comme pour tous les vins d'importation privée, il faut commander à la caisse. On peut surmonter facilement ce problème en formant un groupe de 2, 3, ou 4 personnes qui se partageront la commande. Essayer les 3 vins et identifiez vos préférés!

Compte tenu des prix raisonnables de ces vins, ceux-ci seront de très bons candidats pour les propriétaires de restaurant qui désirent mettre une touche différente d'exotisme sur leur carte des vins. Encore une fois, ce sont des cépages connus et ils vont bien avec une foule de plats. Qu'attendez-vous pour les essayer?


2 commentaires:

  1. je suis moi meme algerien je connaît tres bien les vins dont vous parler et je vous conseil vivement le Château Tellagh, Medea vous serez agréablement surpris

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  2. KOUTOUBIA aussi Appelation d'Origine Garantie Coteaux de Mascara
    Cépages : Grenache - Cinsault
    Médaille d'Or au Concours Mondial de Bruxelles 2015

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