vendredi 9 mai 2014

Osez choisir des vins pour sortir des sentiers battus


Note: Ce billet a aussi été publié le 8 mai 2014 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Afin de découvrir toute la variété que le vin a à nous offrir, il importe de sortir à l’occasion de sa zone de confort. Voici donc des vins délicieux mais différents que je vous suggère d’essayer prochainement.

Bien sûr le Cabernet Sauvignon, le Pinot Noir, le Chardonnay et le Sauvignon blanc donnent souvent de très bons résultats mais ce ne sont que quelques uns des 7,000 cépages qui existent dans le monde.

Pourquoi cueilleriez-vous toujours le même légume dans un jardin alors que des dizaines d’autres se trouvent juste à côté?

Je comprends qu’il peut être intimidant de goûter à quelque chose de nouveau. C’est pourquoi je vais vous présenter brièvement cette semaine quelques vins que vous n’avez peut être jamais entendu parler afin je l’espère, de vous inciter à les découvrir.

Vous vous rendrez ainsi compte que l’audace est souvent payante. Pour plus d’informations sur chacun de ces produits, vous n’avez qu’à cliquer sur leurs noms.

Et j’aimerais vous rappeler que ces vins qui sortent de l’ordinaire peuvent constituer des choix formidables qui surprendront les mamans dont c’est la fête dimanche prochain.

Les vins blancs

Laissez-moi tout d’abord vous emmener en Sicile, terre d’adoption du cépage Grecanico. Il tiendrait son nom du fait qu’il aurait été apporté par les Grecs en Sicile, il y a déjà plus de 3500 ans.

Ce cépage donne habituellement des vins d’une faible acidité avec une certaine impression de gras en bouche. Il est souvent utilisé en assemblage avec d’autres cépages mais pour se donner une idée claire de sa personnalité, rien de mieux qu’un vin élaboré uniquement avec celui-ci « in purezza » (en pureté), comme disent les Italiens.

J’ai trouvé un tel vin pour vous, le Grecanico, Terre di Gumara, Caruso e Minini, Sicile, 2012, Italie, 17,00$ qui vous surprendra par son originalité et sa petite amertume de noyau d’amande en finale. Avec celui-ci, on n’est vraiment plus sur le chemin principal mais bel et bien sur un chemin de traverse. 

De la Sicile, passons en Espagne, en Galice plus exactement, une région située au nord-ouest de ce pays, juste au-dessus du Portugal. Je vous propose le Godello de la maison Godeval, 2011, Espagne, 23,50$ 

Ce vin gastronomique vous dévoilera les belles qualités du cépage Godello qui devient de plus en plus populaire grâce à ses parfums de pêche et d’abricot, à sa structure droite ainsi que l’impression de salinité qu’il laisse en bouche. Pas donné mais il mérite son prix. Je préfère avoir une bouteille d’un tel vin que deux à 12$ d’un vin ennuyant.

Notre périple pour les vins blancs nous entraîne finalement en France, soit une appellation moins connue de la vallée du Rhône, les Costières-de-Nîmes, réputée surtout pour ses vins rouges. Et oui, on fait aussi du vin blanc là-bas et du bon bien souvent. 

Il faut donc que vous goûtiez au vin Les Galets dorés du Château Mourgres du Grès, 2012, France, 16,85$, élaboré avec du Grenache blanc (60%), de la Roussanne (20%) et du Vermentino (20%).

Étonnamment frais pour un vin blanc du sud de la France, c’est un vin wow! offert à prix très correct. Laissez tomber pour une fois les vins montrant des animaux sur l’étiquette et vendus parfois plus chers que celui-ci et délectez-vous de ce vin blanc des plus savoureux. 

Les vins rouges 

Bien que le cépage Monica ait été apporté en Sardaigne vers 1600 par les Espagnols, il n'y en a cependant presque plus de nos jours en Espagne. C’est par contre le deuxième cépage le plus planté en Sardaigne après le Cannonau (Grenache).

Il est  souvent assemblé avec d’autres cépages mais je vous ai trouvé un vin beau, bon et pas cher, qui a été conçu uniquement avec du Monica et qu’il vous faut découvrir. C'est le Monica di Sardegna, I Fiori, Pala, 2011, Italie, 15,80$

Vraiment charmeur, autant à l’olfactif qu’au gustatif, ce vin vous séduira avec ses notes de framboise, de cassis et sa finale très vaporeuse et sexy. À essayer sans faute, si ce n’est déjà fait.

Restons en Italie, mais allons vers le nord, dans la région du Piémont. J’admets que ma prochaine suggestion s’adresse davantage aux amateurs à la recherche des choses inusitées.

En effet, le prochain vin est élaboré avec un cépage nommé Albarossa (Aube rouge) qui a vu le jour en 1938 grâce au travail de M. Giovani Dalmasso en croisant les cépages Barbera et Nebbiolo, fort répandus au Piémont.

Vous en aurez un excellent aperçu avec le vin La Lus, Albarossa, Monferrato, Banfi,2010, Italie, 24,00$. Le nom du vin (la lus) signifie « la lumière ».  Il possède des arômes de mûre et de cerise noire ainsi qu’une belle souplesse, surtout si vous le servez un peu rafraîchi. Accompagnez-le de buccatini all' matriaciana. 

Mes deux prochaines suggestions vous feront découvrir le cépage Carmenère dont l’histoire est des plus intéressantes. Très répandu à Bordeaux au 17è siècle, ce cépage bordelais avec de nombreux autres a été sélectionné par certaines maisons chiliennes vers le milieu du 19è siècle lorsque la viticulture a pris son essor dans ce pays.

Suite à l’invasion du phylloxéra qui débarquait de l'Amérique et qui ravagea les vignobles européens vers la fin du 19è siècle, on décida à Bordeaux de ne pas le replanter et il en reste de nos jours très peu là-bas.

Entretemps au Chili, au fil du temps, on confondit de plus le Carmenère avec le Merlot, souvent complantés, au point d’oublier son existence. C’est seulement vers 1995 grâce à l’ampélographie que l’on put confirmer que de nombreuses vignes chiliennes que l’on croyait être du Merlot étaient en fait du Carmenère, un cépage oublié.

Voici deux vins abordables du Chili pour vous initier à celui-ci :
  



Ce cépage donne des vins à la couleur foncée, voire violacée. On y retrouve souvent d’agréables odeurs de fruits noirs, de mûre, de café et d’épices. Un gros steak avec ça? 

Terminons périple en Espagne, dans la région du Rioja plus exactement. Tout le monde connaît le cépage espagnol Tempranillo mais c’est le Graciano que je désire ici vous présenter. On l’utilise souvent en assemblage car on dit que ce cépage ajoute de la grâce au vin.

Pour voir de quel bois il se chauffe, il faut goûter au Graciano de la maison Ijalba, 2011, Espagne, 21,80$. Il a bénéficié d’un élevage de luxe, soit 12 mois en fûts de chêne français. Encore jeune, il est passablement épicé, mais sachez qu’il est apte à un vieillissement de quelques années.

Mais pour découvrir la quintessence du Graciano, c’est le haut de gamme prêt à boire de la même maison qui vous en donnera l’occasion de le faire, soit le Graciano, Ijalba Reserva, Seleccion Especial, Rioja, 2005, Espagne, 48,75$ pour ceux et celles qui peuvent se le permettre bien entendu. 

 
Nous avons eu l’occasion de goûter à ce dernier à l’automne 2013 lors de l’une des  soirées de dégustation du Club des Dégustateurs de Grands Vins et il remporta un vif succès.

Bonnes découvertes et bonnes dégustations!

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