jeudi 2 mai 2013

Et si vous regardiez ailleurs quand vous achetez votre vin?


Note: Ce texte a aussi été publié le 2 mai 2013 dans le Huffington Post Québec (voir ici).

Et bien non, je ne vais pas vous recommander ouvertement d'aller faire vos emplettes en dehors de notre belle province! 

En fait, je vais donner un truc facile et simple qui vous permettra de choisir à 10 mètres à peine de distance de votre emplacement d'achat habituel, de merveilleux vins dont vous ignorez sans doute l'existence!

Sachez toutefois que si vous êtes du genre à entrer dans le magasin, choisir une bouteille de vin (sans doute toujours la même) pour en sortir l'esprit soulagé d'avoir complété la corvée d'achat du vin, ma suggestion ne vous sera d'aucune utilité.

Si vous êtes par contre une personne qui voudrait faire des achats de vins plus judicieux, tant au niveau de la qualité des produits que de leur prix, parce que vous aimez bien le vin et désirez en acheter tout en ayant l'impression d'en avoir pour votre argent, alors je vous encourage à poursuivre la lecture de ce billet.

Les deux catégories de vins de la SAQ

Pour bien comprendre ma proposition, il y a certaines choses que je dois tout d'abord vous expliquer. Dans tout le répertoire de vins de la Société des Alcools, il y a environ 8500 vins différents. Ce nombre se répartit comme suit: plus ou moins 1,000 produits courants (ou réguliers) et 7,500 produits dits de spécialité.

Les produits courants ou réguliers, comme le dit leur nom, sont disponibles à l'année et sont généralement placés bien en vue, à l'avant et au centre des magasins. Leurs prix oscillent entre 10$ et 30$, avec une forte prédominance pour le segment entre 16$ et 20$. Là où cela devient très intéressant, c'est que bien que ces 1000 produits ne représentent que 12% de tous les vins disponibles, ceux-ci génèrent près de 80% des ventes de vin des succursales!

La compétition entre les agences promotionnelles étant très forte pour avoir certains de leurs produits dans cette section, la SAQ est en mesure d'obtenir de leur part divers avantages, comme entre autres celui de s'engager à contribuer annuellement pour 120, 150, voire 200,000$ par produit à ses  différentes publicités et circulaires qu'elle publie. Quoi? Ne me dites pas que vous pensiez que tous ces beaux imprimés publicitaires en couleurs ainsi que les réductions de prix lorsqu'il y en a se faisaient aux frais de la SAQ? Désolé alors d'avoir brisé vos illusions.

Ce n'est pas un hasard si l'on vous dirige avant tout vers ces produits réguliers car ce sont les plus payants pour la Société des Alcools, autant en quantité qu'en rentabilité. Ce noyau de produits constitue la "vache à vin" de notre monopole d'état. Il y a donc de fortes chances pour que le consommateur auquel je faisais allusion au tout début, celui qui entre, qui choisit habituellement à peu près toujours les mêmes produits, et qui sort quatre minutes plus tard, s'approvisionne dans cette fameuse catégorie de produits réguliers.

Que peut-on faire alors si on ne veut pas avoir l'impression de se faire "traire" le portefeuille?  Je vais vous suggérer quelque chose qui risque d'en effrayer quelques-uns: faire ses achats dans la zone Cellier juste à côté, là où se trouvent les 7500 autres produits. 

Votre récompense pour avoir surmonter votre crainte de départ sera sans doute une amélioration de votre condition en tant que consommateur québécois de vin. Un beau risque, n'est-ce pas?

La zone des produits de spécialités

Démystifions tout d'abord la zone Cellier en vous dévoilant 3 bonnes raisons pour la fréquenter:

1)  Il est vrai que l'on y trouve des produits vendus parfois 30$, 40$ et plus MAIS il y a AUSSI beaucoup de produits en bas de 20$, voire même en deçà de 15$!! Ça commence à vous intéresser? Continuons.

2) N'ayez crainte, les 7500 produits n'y sont pas tous en même temps car il y a une rotation au cours de l'année; certains produits n'y sont souvent  que pour quelques jours à peine; retenez que vous avez ici un choix encore plus vaste que celui offert dans les produits réguliers.

3)  L'effort publicitaire demandé par la SAQ aux agences étant beaucoup plus faible pour ces produits, on a règle générale, plus de vin dans son verre avec ceux-ci; selon moi, un produit de spécialité de 14,95$ représente souvent un meilleur rapport qualité/prix qu'un produit régulier vendu 16,95$

Vous êtes sans doute encore quelque peu effrayé devant tant de choix et c'est tout à fait normal. Je vais donc vous laisser entre bonnes mains, celles des conseillers (et conseillères) en vin, ainsi que plusieurs des employés réguliers qui travaillent sur le plancher de vente.

Hommage aux conseillers (ères) en vin

Je ne les connais bien sûr pas tous individuellement mais je peux affirmer que dans toute l'organisation de la SAQ, ce sont surtout ces personnes qui  connaissent, aiment et respectent le plus le vin. Je sais reconnaître un ou une passionné(e) du vin qu'en vois un et j'en ai rencontré bien peu parmi ces conseillers qui ne rencontraient pas cette définition. Lorsque la passion existe, on ne peut que vouloir bien satisfaire ses clients et si cette passion du vin était présente de la même manière à tous les échelons de l'organigramme de ce monopole, les dérives et les stratégies de commercialisation inacceptables que je souligne à l'occasion n'existeraient probablement pas.


Merci à Marie-Claude Journault 
pour son illustration!
Adresse courriel:   joure20@hotmail.com

Les conseillers en vin sont donc vos futurs meilleurs nouveaux amis. Et jusqu'à preuve du contraire vous pouvez leur faire confiance. Ainsi récemment, prenant les intérêts de leur clientèle à coeur, plusieurs d'entre eux n'ont pas hésité à manifester leur désaccord face à la nouvelle politique de leur employeur visant à faire dépenser davantage les clients, leur représentante syndicale Katia Lelièvre l'ayant même dénoncé publiquement.

Il n'est cependant pas nécessaire de passer non plus 30 minutes avec les conseillers en vin. Si vous désirez tout apprendre sur le vin, inscrivez-vous plutôt à l'un des nombreux cours d'initiation disponibles sur le marché. Mais pour des conseils d'achats judicieux, vous parlerez aux bonnes personnes.

Une approche typique serait de les renseigner sur le plat avec lequel le vin que vous cherchez sera servi, le contexte du repas, ainsi que le prix approximatif que vous avez en tête. Et ne soyez pas gêné, vous seriez surpris des bons vins qu'ils se feront un plaisir de vous suggérer, même en bas de 15$.  Et leurs bons conseils sont gratuits. C'est bien mieux que d'acheter toujours le même vin, non?

Suggestions de vins de la semaine:

Afin de demeurer dans le même esprit que ce billet, je ne vous suggérerai uniquement des vins de spécialités. La plupart des gens ne connaissent pas ces petits trésors. Vérifiez toutefois à quelles succursales ceux-ci sont disponibles avant de vous déplacer.

Vin blanc

Basa, Rueda, Telmo Rodriguez, 2011, Espagne, 15,85$  (voir ici)

Vins rouges 

Vitiano rosso, Falesco, Ombrie, 2010, Italie, 16,40$  (voir ici) 

Scurati, Ceuso, Sicile, 2011, Italie, 18,15$  (voir ici)
 
Plusieurs centaines d'autres vins de spécialités se trouvent dans votre succursale  préférée et n'attendent que vous pour être découverts. N'oubliez pas que les conseillers en vins se feront un plaisir de vous guider dans vos choix.

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